cote-divoire-scolarisation-des-enfants-lutte-contre-les-grossesses-precoces-prise-en-charge-de-desherites-le-pere-basile-diane-sur-tous-les-fronts.jpg

Tous ceux qui n'ont pas encore compris et digéré l'affectation de Père Diané dans ce "trou" d'Adjahui comme aiment à le dire ses amis, peuvent se raviser. Père Basile Diané, journaliste écrivain a pleinement épousé sa posture de prêtre humanitaire, proche de ses paroissiens et présent dans leur quotidien.

Ce week-end pastoral a été particulière chargé pour ce prêtre que la bonne humeur ne quitte jamais malgré les conditions de travail délétères. Dans cette paroisse aux encablures de l'aéroport international Félix Houphouët-Boigny, marquée par une pauvreté ahurissante et révoltante, Père Basile Diané va au contact de son peuple pour parler, motiver et sensibiliser les fidèles.

Ce week-end encore rebelote, entre deux ou trois messes qu'il enchaîne, ce prêtre catholique aux positions sociales souvent tranchées, enchaîne les coups de fil pour régler de multiples problèmes tous azimuts. Il cherche à toucher des amis pour solliciter de l'aide pour de nombreux cas sociaux, aide financièrement à envoyer des démunis à l'hôpital, donne l'ordre pour inscrire de force  à l'école des enfants aux parents démissionnaires ou décédés.

Quand on lui demande d'où il tire toute cette énergie, il explique avec passion sa vision, ses projets et son combat.

« Franchement, je fais dans cette zone que je couvre (la paroisse Notre Dame de la compassion d'Adjahui Coube couvre 4 chapelles), l'expérience terrible de la misère humaine, de la fragilité humaine et de la précarité en plein cœur d'Abidjan. On pense que la pauvreté est forcément dans les villages. Que nenni! Il y a la vraie misère à  Abidjan et les nombreux déguerpissements pas bien menés, ont aggravé la situation de détresse de tant de familles. Franchement, je revendique une dotation du ministère de la Solidarité (il éclate de rires) car je suis devenu plus qu'un centre social. Plus sérieux, je fais la ronde des chapelles pour obliger tous les enfants à aller à l'école. On a une école primaire d'urgence dans la cour et c'est chaque jour que j'y mets systématiquement tous les enfants qui y flânent. Vous n'avez pas idée des enfants qui ne vont pas à l'école voire qui n’ont pas d’extrait d’acte de naissance. Quelle que soit la situation, je refuse qu'il y ait un seul enfant qui ne soit pas scolarisé dans mon périmètre paroissial. C'est choquant de voir tant d'enfants laissés pour compte. J'essaie  en plus car j'estime que c'est un besoin primaire essentiel de me battre pour qu'il y ait au moins deux fois par semaine un repas par ménage avec l'aide d'une célèbre restauratrice et des amis qui se relaient pour me soutenir. J'essaie en plus de sensibiliser les jeunes filles comme vous l'avez entendu à privilégier leurs études et à quitter la dérive des grossesses. J'essaie de les motiver à travailler, idem pour tous les paroissiens. Je les encourage à se relever, à croire en leurs capacités. J'ai fait venir une structure de micro-finance pour les aider à monter de petites demandes de crédit et obtenir des financements », confie le prête.

Les quelques paroissiens rencontrés témoignent du feu des actions de celui dont les promotionnaires ont baptisé "le volcan" à cause du fourmillement ininterrompu de ses idees.

« On est en mouvement ici. Il ne joue pas avec son affaire de messe, de mariage et de communion surtout pour ceux qui ont duré avec la femme. On a tous chaud ici », confient-ils avec sourire.

En tout cas Adjahui est un bel exemple d'une pastorale humaine, sociale et humanitaire surtout quand on voit tous ces enfants et leurs parents qui mangent au restaurant du cœur compassion comme aime à le désigner l'espace de partage du repas aux paroissiens.

Un appel à lancer, Père Basile Diané le saisit au bond.

« Vous-mêmes vous voyez ce qui se passe. Chacun de nous a un parent dans cette zone sinistrée et précaire. Je voudrais franchement et véritablement que des mécènes, que des hommes de bonne volonté m'appuient dans ce noble combat de lutte contre la pauvreté et de restauration de la dignité de ces frères et sœurs rendus vulnérables par des concours de nombreuses circonstances malheureuses. On ne peut pas rester insensibles et ne pas faire quelque chose et se contenter de dire que des messes. Il y a matière à agir socialement et humanitairement », a lancé le  père promoteur de l'Ong Boukami.

La paroisse catholique Notre Dame de la Compassion d'Adjahui Coubé est située dans le diocèse de Grand-Bassam.

Une correspondance de C.T