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En Afrique, certains présidents confondent leur palais avec une maison de retraite. Paul Biya, par exemple, 43 ans de règne au Cameroun. Il a tellement duré que certains Camerounais se demandent si leur président n’est pas une légende urbaine, un hologramme projeté au 20h. Yoweri Museveni, lui, est arrivé au pouvoir en Ouganda alors que les téléphones portables n’existaient pas encore. Aujourd’hui, il envoie des selfies depuis son fauteuil présidentiel comme si de rien n’était.

Et que dire de Denis Sassou Nguesso, éternel revenant du Congo, qui a déjà fait plus de come-back qu’un chanteur de zouk. Ou encore Teodoro Obiang, Guinness des records de la longévité, plus de 45 ans au pouvoir : il a eu le temps de voir grandir, vieillir et mourir des générations entières. Quant à Faure Gnassingbé, au Togo, il continue la saga familiale : après son père, lui. Après lui… peut-être son fils ? La dynastie Eyadéma est en train de battre les records des pharaons. Et puis, bien sûr, Alassane Ouattara, qui avait juré de partir mais a fini par trouver que trois mandats, c’était mieux que deux. Comme un gamin qui ne veut pas lâcher son jouet.

Au milieu de ce musée des présidents fossilisés, Patrice Talon, président du Bénin, a lancé une bombe. Il a dit, calmement :

« Lorsqu’on a bien servi son pays, on n’a pas peur de partir. Je ne me reproche rien et pourquoi vais-je faire 20 ans au pouvoir ? L’alternance est dans la culture béninoise et ce n’est pas à moi de rompre ».

Traduction : « Les gars, le pouvoir ce n’est pas une transfusion sanguine, on peut survivre sans cela ».

Sacrilège ! Dans la tête des présidents à vie, quitter le pouvoir volontairement, c’est aussi fou que de rendre les clés d’une villa à Malibu pour aller vivre dans une case en banco.

Mais Talon prouve le contraire : on peut gouverner, travailler, et partir la tête haute. Pas besoin de s’accrocher comme une vieille ventouse. Pas besoin de réécrire la Constitution dix fois comme un devoir d’école mal fait. Pas besoin de coller son fauteuil avec de la super glue.

Pendant que Talon prépare sa sortie, certains s’accrochent encore au rideau. Biya refuse de lâcher la télécommande. Museveni préfère vieillir sur le trône que dans son jardin. Sassou jongle avec les mandats comme un joueur de cartes. Obiang, lui, donne l’impression d’attendre la fin des temps.

Messieurs les présidents éternels, regardez le Bénin : le pays ne s’est pas écroulé quand Talon a dit « je pars ». Personne n’est mort d’une crise de panique. Le soleil s’est levé, les enfants sont allés à l’école, et le futur a continué. Céder la place n’est pas un drame. C’est juste une preuve de bonne santé démocratique.

Alors, chers messieurs, prenez note : le pouvoir n’est pas un héritage familial, ni un matelas orthopédique pour vos vieux jours. Ce n’est pas non plus une pyramide funéraire où vous finirez embaumés. Le pouvoir est un service. Et quand le service est fini, on salue, on sort, et on laisse entrer la relève.

Patrice Talon descend du bus. Et vous, toujours collés au volant, jusqu’à ce que la nature vous arrache le permis ?

Avec guinee.info