Quand le Sénégal force notre admiration
Le Sénégal vient d'écrire l'une des plus belles pages de son histoire. En effet, la brillante élection, sans heurts, de Bassirou Diomaye Faye comme président de la République, avec 54,28% des voix, est inédite.
L'élection de ce jeune homme de 44 ans, plus jeune président depuis les indépendances, illustre inconnu il y a peu, a créé un séisme de très grande magnitude dans le paysage politique sénégalais. Le Sénégal, coutumier de l'alternance politique en douceur, vit cette fois une révolution. C'est plutôt une véritable alternative démocratique qu'il s'est offerte. Le peuple à travers Bassirou a clairement fait le choix de la rupture.
Qui l'eût cru ? Qui aurait pu imaginer que l'éphémère Secrétaire général du PASTEF ( Patriotes Africains du Sénégal Pour le Travail, l'Éthique et la Fraternité ), sortant tout droit des geôles du pouvoir de Macky Sall, serait devenu le cinquième président du Sénégal? Succédant ainsi à son bourreau ?
Après onze mois de détention arbitraire, à l'instar de son mentor Ousmane Sonko, condamné lui, à deux ans de prison ferme.
Le Pastef, parti fondé par Ousmane Sonko en 2014, était pour ainsi dire, décapité. Et Macky qui, espérant l'avoir vaincu par des artifices juridiques d'une justice instrumentalisée, s'est heurté à la volonté du peuple sénégalais souverain. Décidé à faire respecter sa constitution. Et cette fois-ci, il a dit non à l'hégémonie d'un pouvoir clanique aux abois.
Ainsi, Ousmane Sonko, frappera un coup stratégique de génie en désignant son filleul comme candidat à sa place. Lui-même étant injustement frappé d'inéligibilité. Et il gagnera ce combat par procuration . Il n'y aura pas de politique de la chaise vide, comme pouvait l'espérer le pouvoir en déclin de Dakar.
Cet exploit électoral d'un opposant contre un pouvoir sortant, est assez inédit pour être souligné. Diomaye comme l'appellent affectueusement ses partisans, se retrouve porté en triomphe par un peuple debout, comme un seul homme, et déterminé à en finir avec une dérive despotique à la tête du pays. Il a dit NON, à la forfaiture.Non à la "monarchie-républicaine", ces pouvoirs hyper-présidentialistes qui pensent qu'ils ont le droit de vie ou de mort sur leurs concitoyens, juste parce qu'ils sont aux affaires.
Par cette élection, le peuple sénégalais a exprimé et réaffirmé son désir de préserver ses acquis démocratiques et sanctionner la boulimie du pouvoir des politiciens aux égos surdimensionnés. Ces pervers narcissiques qui ne reculent devant rien pour assouvir leur soif effrénée du pouvoir.
Le Sénégal, seul pays de l'Afrique de l'ouest à n'avoir jamais connu de coups d'état ni de rébellion. Un îlot de stabilité politique et de paix, qui a cependant vécu une crise très grave ayant engendré une trentaine de morts. Et ce, du fait des répressions des manifestations de protestation contre les velléités de Macky Sall de tripatouiller la constitution, en vue de se maintenir au pouvoir.
L'ascension de Bassirou Diomaye Faye à la présidence de République témoigne de la volonté de rupture du peuple sénégalais et marque le début d'une ère nouvelle.
Il est ainsi le garant d'un changement systémique et une nouvelle approche de la gouvernance basée sur l'éthique, la probité et l'intégrité, dans la gestion de la chose publique au service du peuple.
Privilégier l'intérêt national plutôt que ceux des lobbies politiques et économiques. Rompre avec l'opacité ambiante dans la gestion des affaires publiques, engager des réformes en toute transparence pour redynamiser les mécanismes de gouvernance et promouvoir la bonne gouvernance et ainsi que la réforme des institutions de la nation . Voici sa vision.
Les leaders des Etats africains, par cette élection, doivent comprendre que des élections apaisées, crédibles qui ne sont remises en cause par personne, sont possibles. Les élections crisogènes qui portent ontologiquement des conditions endogènes des conflits à chaque scrutin présidentiel, ne sont point des fatalités.
Des institutions électorales et judiciaires crédibles capables d'arbitrer en toute indépendance les joutes électorales sont possibles. Et ces crises endémiques, avec leurs corollaires de morts, telles des pandémies, ne sont pas inévitables. Pour peu que les gouvernants sachent et admettent que le mensonge et la mauvaise foi, le déni des droits fondamentaux et la manipulation de la loi fondamentale ne sont pas des méthodes de gouvernance. Car on gouverne POUR et non CONTRE le peuple.
Le Sénégal montre la voie aux pays africains et notamment aux démocraties nominales. Lorsque vous refusez l'alternance démocratique à votre peuple, en usant et abusant de la force, il finira tôt ou tard par vous imposer une alternative. Et ce sera une révolution.
Bravo au peuple sénégalais!
Félicitations au président Bassirou Diomaye Faye.
Julien Kouassi