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Les ennuis du candidat de la droite à la présidentielle française d’avril prochain, sont loin de connaître leur fin. Selon Le Canard Enchaîné, François Fillon a obtenu en 2013 de l'homme d'affaires Marc Ladreit de Lacharrière un prêt de 50 000 euros, sans intérêts et non déclaré à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP). M. Ladreit de Lacharrière a confirmé avoir accordé ce prêt, sans intérêts, ajoutant qu'il avait été remboursé. « L'oubli » de déclaration de ce prêt « pourrait coûter cher au candidat à la présidentielle », ajoute l'hebdomadaire. Selon le Code général des impôts, tout prêt supérieur à 760 euros doit être déclaré par l'emprunteur.

Dans son édition de mercredi, Le Canard Enchaîné révèle que les juges chargés de l'enquête visant François Fillon sont sur la piste d'un prêt non déclaré de 50 000 euros accordé en 2013 au candidat de la droite par son ami Marc Ladreit de Lacharrière, propriétaire de La Revue des deux mondes.

Selon l'hebdomadaire, François Fillon n'a pas déclaré ce prêt sans intérêts ni la date limite de remboursement dans sa déclaration de patrimoine déposée à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP).

Son avocat, Me Antonin Lévy, a confirmé sur BFM TV l'existence de ce prêt qu'il a, dit-il, « oublié » de déclarer. « Il s'agit d'un oubli dans sa déclaration », a-t-il dit.
« C'est un prêt qui a été intégralement remboursé (...) Il n'y a aucun sujet », a-t-il ajouté, précisant que François Fillon en avait « spontanément » parlé aux enquêteurs.

L'homme d'affaires Marc Ladreit de Lacharrière confirme de son côté avoir accordé ce prêt, selon une déclaration de son avocat, Me Emmanuel Brochier, à l'AFP. « Ce prêt a existé et il a été remboursé. C'est un non-événement », a déclaré l'avocat du PDG de Fimalac, proche du candidat de la droite à la présidentielle. L'avocat n'a pas précisé les raisons et la date de ce prêt, qui remonte à 2013, selon Le Canard Enchaîné.

Manquement aux obligations déclaratives ?

Visiblement, l’entrepreneur Marc Ladreit de Lacharrière a donc su se montrer très généreux avec François et Pénélope Fillon. En 2013 déjà, il rémunérait 100 000 euros Pénélope Fillon pour une collaboration très limitée à La Revue des deux mondes. Cette nouvelle révélation, pointe Le Canard Enchaîné, vient donc nourrir les soupçons des juges d’instruction. Les magistrats s’interrogent : l’attribution par le député Fillon à l’homme d’affaires Marc Ladreit de Lacharrière de la Grand-croix de la Légion d’honneur ne relève-t-elle pas du trafic d’influence ?

Mais surtout, cet « oubli » de François Fillon est problématique puisque l’information judiciaire vise, entre autres, des manquements de déclaration de l’élu. Or, lorsque le Parquet national financier (PNF) a ouvert une information judiciaire visant François Fillon, il l'a ouverte pour détournements de fonds publics, abus de biens sociaux et recel, trafic d'influence, mais aussi pour manquement aux obligations déclaratives. Et d'après Le Canard Enchaîné, c'est ce prêt non déclaré qui est visé par ce dernier délit.

L'hebdomadaire ajoute que les enquêteurs ont entrepris de dresser la liste de tous les clients de la société de conseil de François Fillon, et qu'ils le soupçonnent d'avoir sous-estimé sa demeure dans la Sarthe. Loin de s’estomper, l’affaire Fillon s’élargit donc aujourd’hui. De quoi très sérieusement inquiéter le candidat de la droite, convoqué la semaine prochaine dans le bureau du juge d’instruction.

A.K. avec rfi