Côte d’Ivoire / L’UNJCI désagrégée : Un collectif de journalistes appelle à crédibiliser l’union
L’Union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire (UNJCI) est « malade ». Dans une longue déclaration publiée, ce mardi 31 janvier 2023, un collectif appelle à la restauration et la sauvegarde de l’union.
L’Union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire (Unjci) est malade. C’est même un truisme de le dire. Tant le mal est profond et ambiant.
Malade de sa désunion et de la désaffection de ses membres.
Malade de la liquidation de ses valeurs fondatrices sous l’autel des intérêts égoïstes et égocentriques.
Malade des pratiques mafieuses à visées électoralistes défiant l’éthique et la morale sociales.
Malade de l’exclusion, de la violence, du copinage, du manque de crédibilité de ses organes, des détournements des biens sociaux, de l’enrichissement personnel au détriment du bien-être collectif.
Malade de l’insuffisance et du manque de clarté de ses textes ainsi que leur application sélective.
Malade de l’illégitimité et de l’illégalité de ses dirigeants issus d’élections braquées.
Malade du manque de respect pour les devanciers réunis au sein du comité des sages, dépositaires de l’autorité morale et dont les recommandations avisées devraient être une boussole pour tous.
La désagrégation de l’Unjci aura atteint son point culminant lors du dernier congrès ordinaire, le 11eme du genre, tenu les 25 et 26 novembre 2022 à la Maison de la presse d’Abidjan. Cette tribune du congrès ordinaire qui autrefois offrait une belle occasion de retrouvailles confraternelles et de raffermissement des liens entre les membres de notre grande famille, s’est transformée en une arène de gladiateurs où la force des muscles a pris le dessus sur la confrontation des arguments.
Pour la première fois, des journalistes-congressistes ont été violentés par des forces de l’ordre et des loubards déployés au service d’un camp contre un autre. Pour la première fois, les travaux d’un congrès de l’Unjci se sont déroulés dans un tohu-bohu indescriptible indigne d’une assemblée de journalistes.
Résultats des courses, la liste conduite par Jean Claude Coulibaly qui s’est retrouvée seule en lice a été proclamée élue au terme d’un scrutin biaisé et boycotté par les partisans de Lance Touré. Ces derniers crient depuis lors à l’injustice, au braquage de l’élection et refusent de reconnaitre les résultats proclamés.
Les chiffres issus de ces assises boycottées par tous les officiels et autres personnalités invitées, mettent en évidence la profondeur du mal. Qu’on en juge. Sur 691 membres de l’Unjci inscrits sur la liste électorale, moins de la moitié a pris part au congrès. S’agissant de la présidence de l’Unjci, les résultats proclamés au terme de ce processus électoral houleux émaillé de violence et d’exclusion indiquent que le candidat unique déclaré élu a obtenu 310 voix sur 324 votants. En clair, plus de la moitié des membres de notre union n’a pas donné son onction au président déclaré élu. Pire, les candidats déclarés perdants pour les postes de président du congrès et président du conseil d’administration, ont tous rejeté ces résultats, dénonçant des fraudes et de graves irrégularités.
Le spectacle désolant affiché face à la nation lors de ce 11ème congrès de triste mémoire doit interpeller tous les journalistes soucieux de la préservation de l’idéal de cohésion et de confraternité qui fonde le socle de notre union commune. La situation est d’autant plus préoccupante qu’au sortir de ce calamiteux congrès, de nombreux journalistes ont décidé de boycotter les activités de l’Unjci, allongeant davantage la liste des membres qui ont pris leur distance d’avec l’Union depuis belle lurette pour des raisons diverses.
Conscient de la fragilité actuelle de l’Unjci, le président contesté a lui-même lancé un appel à conjurer le signe pernicieux de la division qui menace la survie de l’union. « Le 11ème congrès aura été le plus pénible que l’Union ait connu. Après celui de 2019 qui n’a pas été de tout repos, nous croyions avoir tourné la page des incompréhensions (…) La philosophie qui a présidé à la création de notre union étant de faire de l’Unjci un creuset de confraternité et de solidarité. Hélas, à l’occasion de ce congrès qui s’achève aujourd’hui, les démons de la division ont réapparu, plus déterminés que jamais. Or, il nous faut casser ce cycle pernicieux qui fragilise l’Unjci et menace sa survie », dixit Jean Claude Coulibaly, dans son discours qui a sanctionné les travaux de ce fameux 11ème congrès.
Finalement, tous les acteurs s’accordent pour dire qu’il faut sauver l’Unjci et cela passe par la mobilisation de tous. Nous pensons que le moyen le plus efficace et démocratique de sauvegarder notre union commune et restaurer ses valeurs originelles inculquées par ses membres fondateurs est d’aller à un congrès véritablement démocratique et inclusif. Ce congrès dépouillé de manœuvres exclusionnistes permettra d’élire dans la paix et la concorde un bureau exécutif et un conseil d’administration qui seront reconnus par tous et porteront fièrement la voix de l’union.
A cet effet, le collectif pour la restauration et la sauvegarde de l’Unjci appelle à une mobilisation générale et lance une pétition afin de recueillir l’adhésion des journalistes au projet de réhabilitation de l’Union à travers l’organisation d’un congrès extraordinaire placé sous le signe de l’unité et de la confraternité.
Se tenant à équidistance des différentes chapelles, le collectif invite les journalistes de tous bords à souscrire massivement à ce projet salvateur pour l’Unjci et qui bénéficie déjà d’un accueil très favorable.
Nous devons rétablir la crédibilité et la respectabilité de la principale organisation des journalistes pour en faire un vrai creuset de la solidarité et de la confraternité. Seule une Unjci forte parce que bénéficiant du soutien de tous ses membres, pourra relever les grands défis auxquels le monde de la presse est confronté.
Ensemble disons oui à une Unjci réunifiée, solidaire et confraternelle au service des journalistes en Côte d’Ivoire.
Fait à Abidjan le 31 janvier 2023
Le Collectif pour la Restauration et la Sauvegarde de l’Unjci
(Co-Sauv Unjci)
Le Porte-parole
Rodolphe Flaha
Journaliste Professionnel-Membre de l’Unjci
Responsable Editions Pays du Magazine International
Nouvel Afrique