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Une opération de déguerpissement de commerçantes du marché de vivriers de l’espace Gbeba d’Adjamé fait ressortir le bicéphalisme qui a cours dans la gestion du site. 

Le jeudi 26 janvier 2023, des agents de la police municipale exécutant un ordre de leur hiérarchie, ont procédé au déguerpissement des commerçants installés sur le site baptisé marché de vivriers de l’espace Gbegba. Plusieurs coopératives sont victimes de cette opération. Il y a même un commerçant qui occupe le site depuis 2009, soit quatorze ans. Les présidentes de ces coopératives soutiennent exercer en toute légalité. Elles précisent disposer de tous les agréments exigés dans le cadre de leurs activités par le ministère de l’Agriculture, à travers le Firca. Mieux, font-elles remarquer, la mairie leur a donné sa caution pour leur installation. D’où vient donc qu’elles soient déguerpies sans ménagement, comme elles l’ont signifié ?

« Nous n’avons pas été prévenues encore moins associées pour l’exécution de cette opération », déplorent les responsables de coopératives impactées par le déguerpissement.

« Il nous a été demandé de créer des palettes, de construire des toilettes, des dortoirs, de grands entrepôts pour la conservation de nos produits. Tout ceci a été fait. Tous les samedis, nous levons une cotisons pour des opérations de salubrité et d’assainissement », relèvent les commerçantes encore sous le choc. Elles ne souhaitent que retrouver leur site pour vaquer à leurs activités.

« Nous ne voulons que nos espaces pour répondre favorablement à la mission qui nous a été confiée par le Président Alassane Ouattara, le Premier ministre Jérôme Patrick Achi et le ministre en charge du commerce, Souleymane Diarrassouba. Celle de fournir les marchés de denrées alimentaires », soulignent-elles.

Du côté de la mairie, le dossier relatif à ce déguerpissement est suivi par le conseiller technique du maire de la commune d’Adjamé, Ouattara Basile. Joint par téléphone, il a indiqué que cette opération s’inscrit dans la volonté du maire d’assainir ce milieu. Il a toutefois précisé qu’il ne s’agit pas d’un déguerpissement comme le font croire les occupants de ce site.

« C’est une mise en forme. Les personnes qui étaient installées sur le site retrouveront leurs places quand les travaux seront achevés », a fait remarquer Ouattara Basile. Relevant que le maire Soumahoro Farikou a une vision qu’il entend imprimer à cette ancienne gare.

Il s’agit de créer les conditions pour que tous les acteurs qui s’y trouvent exercent dans un cadre où la sécurité est assurée, l’hygiène au rendez-vous et les tracasseries jugulées. « Si vous n’avez pas connu le site du marché de vivriers, allez-y faire un tour vous verrez que les conditions hygiéniques ne sont pas réunies », a invité le conseiller technique en charge du dossier. Et, a-t-il fait savoir, pour donner une allure à l’espace Gbeba, le maire y a ouvert des voies permettant de rendre facile l’accès et procéder au suivi de toutes les activités qui y ont cours.

« La mairie d’Adjamé n’ambitionne que de mettre de l’ordre sur cet espace partagé par des transporteurs et des commerçants. Une fois l’opération terminée, elles pourront retrouver leur site. Nous allons d’ailleurs à cet effet convoquer une grande rencontre avec toutes les parties prenantes pour régulariser désormais ce site qui sera gérer par la Mairie », a confié Ouattara Basile, le vendredi 27 janvier 2023. Cette nouvelle disposition mettra fin à tout bicéphalisme observé dans la gestion de ce site.

En effet, alors que des commerçants ou transporteurs titulaires d’une autorisation d’occupation d’une parcelle sur le site, délivrée par la mairie, doivent s’acquitter de la taxe municipale, il leur revient également de payer une autre taxe au coût plus élevé à la coordination des gares routières, désignée comme étant le gérant attitré de cet espace qui est pourtant la propriété de l’Eglise méthodiste unie de Côte d’Ivoire.

Le récit des commerçantes atteste que dans le cadre de sa gestion, l’espace Gbeba est tiraillé entre la mairie et la coordination des gares routières. Quand les deux parties ne font pas souvent preuve de complicité.

« Sur le site qui nous été attribué suite à des demandes formulées à la mairie d’Adjamé, nous n’avons aucun souci avec la coordination des gares routières à qui, il a été demandé de verser de l’argent chaque fin de mois. Ainsi, pour les déchargements de tous les véhicules provenant de l’intérieur du pays, nous payons 5000 F CFA par camion et pour ceux en provenance de la sous-région 30.000 F CFA, depuis quelques jours. Ces véhicules en provenance du Niger, du Burkina Faso, du Nigéria transportant généralement des oignons s’acquittaient au début de la somme de 10.000 F CFA pour tout déchargement. Ce montant est passé à 75.000 F CFA. Ce montant a été revu à la baisse à 40. 000 F CFA après négociation entre les commerçants de la filière oignon et la coordination des gares routières, avant de passer, depuis quelques jours à 30.000 F CFA. D’ailleurs, ces différents montants, considérés comme des taxes à payer n’ont jamais constitué de souci pour nous. Nous ne comprenons pas pourquoi on nous chasse comme ça », ont relaté les victimes.

S.B.