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Les mauvaises nouvelles se suivent et se ressemblent. Le jeudi 8 juin 2023, l'État de Côte d'Ivoire a annoncé l'ajustement tarifaire de l'électricité de 10 à 15% pour 11% des consommateurs, à compter du 1er juillet.

Cette augmentation du coût de l'énergie est dite sociale pour faire passer la pilule. Elle épargne, officiellement, 89% des consommateurs; mais c'est un cadeau empoisonné.

En effet, tout le monde va trinquer. Sont touchés par cette hausse les commerçants, les sociétés et les entreprises. Et cette opération, dans laquelle l'État espère engranger 76 milliards de FCFA, va impacter toutes les activités socio-économiques.

Les sociétés concernées vont naturellement répercuter cet ajustement tarifaire sur leurs productions. Et tous les habitants du pays subiront le renchérissement, à la chaîne, des prix des produits à la consommation.

Au même moment, l'État se prépare à perdre un joyau de son patrimoine: l'hôtel particulier au 11 rue Masseran, à Paris, acquis en 1978 par Félix Houphouët-Boigny (Cf. Africa Intelligence du 8 juin 2023). Les autorités le mettent en vente au prix de départ de 150 millions d'euros, soit 98.393.550.000FCFA (un euro = 655.957FCFA).

Confrontée à de graves déficits budgétaires et un endettement qui explose, la Côte d'Ivoire est à la croisée des chemins, pour des choix douloureux. En avril, elle a donc contracté, pour 40 mois, un prêt de 3.5 milliards de dollars (un dollar = 500FCFA), auprès du FMI au titre du programme d'aide et de réforme économique.

Soumaïla Brédoumy, porte-parole, n'a pas tourné autour du pot, le 22 mai 2023. Pour lui, « le FMI est venu nous mettre sous ajustement structurel ». La première condition de ce programme, l'augmentation du coût de l'énergie, vient d'être actée.

En 1990 et sous le pouvoir de Félix Houphouët-Boigny, le pays a été placé sous ajustement à cause de la sévère crise économique due à la détérioration des termes de l'échange. C'est le DGA du Fonds, Alassane Ouattara qui, bombardé Premier ministre, a été dépêché à son chevet pour redresser l'économie à travers le Programme d'ajustement structurel (PAS).

Ironie du sort. En 2023, le redressement de l'économie ivoirienne est à l'ordre du jour alors que l'ex-DGA du FMI est présenté avoir réalisé pareille performance dans plus de cent pays du monde. Mieux, il est à la tête d'un pays qui a obtenu, à sa prise du pouvoir en 2011, le programme Pays pauvre très endetté (PPTE) et l'apurement de sa dette.

Mais, patatras! Le cycle accéléré d'endettement est un boomerang et la Côte d'Ivoire se retrouve à la case ajustement. Covid-19 et guerre en Ukraine ont sans doute joué un rôle, mais c'est surtout la mauvaise gouvernance, le catalyseur.

F. M. Bally

 

Photo : Kristalina Georgieva, DG du FMI, et Alassane Ouattara, le 16 février 2022 à Bruxelles.