Accord militaire entre Paris et Conakry : Incompréhension et indignation à Bamako
Le colonel Assimi Goïta s’est fait une réputation de président hostile à la politique française en Afrique, surtout de la politique sécuritaire de la France qui « a montré ses limites » dans la lutte contre le terrorisme au Mali. La nouvelle d’un récent accord militaire entre la France et le pouvoir du colonel Mamady Doumbouya soulève des interrogations à Bamako.
Le colonel Mamady Doumbouya est-il un cheval de Troie au palais de Koulouba ? C’est la question que se posent beaucoup de sympathisants de la transition au Mali après la publication d’un article d’Africa intelligence intitulé : « Le discret appui militaire français à Conakry pour protéger sa frontière avec le Mali ». Autre information alarmante du journal français, la formation des soldats guinéens dans le cadre de cet accord est sous le commandement du général Etienne du Peyroux, ancien Commandant de la force Barkhane au Mali.
Ces informations ne sont pas passées inaperçues à Bamako. Surtout que le 22 septembre dernier, à l’occasion de la fête de l’indépendance du Mali, le Colonel Assimi Goïta a envoyé son avion présidentiel chercher son « ami » le président guinéen et sa délégation à Conakry. A Koulouba, le Colonel Mamady Doumbouya sera élevé à la dignité du Grand-Croix de l’ordre national du Mali à titre étranger. Pour mieux matérialiser, Bamako s’est même « désolidarisée » des sanctions de la CEDEAO contre la Guinée. Cette organisation « sous influence » de la France.
Réactions…
« Quoi de surprenant dans cette affaire, Doumbouya c’est la France », s’indigne un internaute malien. « Vous allez finir par comprendre les choses », déclare un autre qui laisse sous-entendre le double-jeu de l’homme fort de Conakry. Si à Bamako, cette nouvelle n’est guère réjouissante, c’est parce que le cas Embalo est encore dans les mémoires. Au début de la transition malienne, le président Bissau guinéen s’était montré « ami » avec le président Assimi Goïta, avant de devenir le « bon petit » du président ivoirien Alassane Ouattara.
La demande de coopération de Conakry auprès des autorités françaises remonte à juin 2022 au cours du salon Eurosatory. La rencontre ce jour-là, entre le ministre guinéen de la Défense, Aboubacar Sidiki Camara, dit « Idi Amin », et le chef d’état-major français des armées, Thierry Burkhard, avait fait l’objet de rumeurs faisant état d’un accord entre les deux pays pour l’installation des bases françaises en Guinée. Cette information avait été démentie par les autorités guinéennes. En vertu de l’adage « l’ami de ton ennemi est ton ennemi », ce rapprochement Paris-Conakry suscite incompréhension chez certains Bamakois.
A.K.
Source: maliweb.net