Yamoussoukro / Ange Kessi surprend deux éléments des Fds en plein racket et les convoque au tribunal militaire
Le racket sur les routes ivoiriennes a vraiment la peau dure. Le Contre-amiral Ange Kessi, en mission à l’intérieur du pays, va en faire les frais. Lui qui a fait de la lutte contre cette mauvaise pratique des hommes en armes, son cheval de bataille.
En mission à Yamoussoukro, le jeudi 28 mai 2020, le commissaire du gouvernement s'est donné le temps de faire le tour de certaines unités notamment la brigade routière et le commissariat du 1er arrondissement de la capitale politique, apprend un témoin.
Le mode opératoire reste pour le moment similaire aux visites déjà effectuées dans le district d'Abidjan c'est-à-dire mener des actions anti racket sur les corridors légaux, démanteler les barrages fictifs, lutter contre les violations flagrantes des droits de l'homme, s'assurer de la gratuité des dépôts et retraits de plaintes des usagers.
Après la visite de ces deux unités, le chef du Parquet militaire s'est transporté à Zatta, une petite localité située à quelques kilomètres, à l'entrée sud de la cité du lac aux caïmans, un endroit devenu tristement célèbre pour les formes d'exactions qui s'y sont perpétrées, particulièrement le racket. Il faut payer pour passer comme ils le disent.
Ange Kessi, en militaire averti s'est camouflé dans un véhicule banalisé, voulant se rendre compte du comportement des éléments commis aux contrôles des véhicules et des usagers de cette route.
Après avoir fait arrêter la voiture du "visiteur du jour" qui n'est autre que le garant de l'impunité au sein de l'armée ivoirienne, le gendarme prend les pièces et repart se mettre à l'abri dans sa guérite sans adresser un mot au Commissaire du gouvernement. Il a été très difficile pour ce gendarme de le reconnaître vu qu'il portait un cache-nez (mesures barrières contre la Covid-19).
Le Contre-amiral reste dans sa voiture et attend. Un peu plus tard, un policier vient vers lui et lui intime l'ordre de quitter son emplacement sous le fallacieux prétexte qu'il gêne la circulation. « Je ne gêne personne, je suis rangé sur le bas côté de la route. J'attendais qu'on me verbalise » a rétorqué respectueusement le commissaire du gouvernement.
Après avoir ôté son masque, il descend et se dirige vers le chef de poste. Au même moment, arrive son véhicule de commandement à bord duquel descend un greffier qui relève les noms des deux agents sur instruction du Contre-amiral. « Vous serez tous deux convoqués au tribunal militaire d'Abidjan une fois ma mission terminée », leur a signifié le procureur militaire.
A la guérite, Ange Kessi a pu constater que de nombreux autres usagers subissaient le même traitement que ces hommes en tenue lui ont infligés, certains ne portaient pas de masques malgré les recommandations du conseil national de sécurité.
Après avoir vérifié que ceux-ci n'ont commis aucune faute, le Commissaire du gouvernement les a invités à récupérer leurs pièces et à regagner leurs véhicules.
« Quittez dans ces vieilles habitudes de travail. Tournez le dos au racket s'il vous plaît. L'État vous paye déjà. Le racket tue l'économie et je suis convaincu que vous le savez », fulmine Ange Kessi aux policiers et gendarmes présents à ce poste regrettant certainement leurs actes.
C'est sur ce constat que le commissaire du gouvernement a mis fin à cette visite du corridor de Zatta qui n'a duré que deux heures, de 08h à 10h.
Mais avant de quitter les lieux, Ange Kessi a remis une somme symbolique au chef de poste pour l'achat de masques et pour le repas de midi.
Les deux éléments, gendarme et policier pris la main dans le sac, seront convoqués au tribunal militaire d’Abidjan (TMA) pour être entendus sur cette violation de consignes. Toute chose contraire aux procédures contrôles de véhicules en vigueur.
C.K. correspondance particulière