Côte d’Ivoire / Election du président de la FIF : Comment le Conor-Fif a failli tout gacher
L'homme d'affaires Idriss Diallo, 60 ans, est le nouveau patron du football ivoirien. Il a été élu d'une courte tête devant Sory Diabaté, au second tour, le samedi 23 avril 2022 à Yamoussoukro lors d’une élection sous forte tension.
Yamoussoukro, capitale politique de la Côte d’Ivoire, située à 236 km d’Abidjan, au centre du pays, a retrouvé des airs de ville des grands évènements, les vendredi 23 avril et samedi 24 avril 2022. Un peu plus de 1000 agents des forces de défense et de sécurité ont été déployés pour assurer la sécurité de l’élection du président de la Fédération ivoirienne de football (Fif).
Un long cordon de sécurité entourant la Fondation Félix Houphouët-Boigny et l’Hôtel président. Des voitures de police et de gendarmerie aux gyrophares allumés bloquaient des rues au cœur de la capitale des Akouès. De quoi garantir un scrutin dans le calme et la quiétude malgré la montée de l’adrénaline au sein des différents états-majors des trois candidats, Yassine Idriss Diallo, Didier Drogba et Sory Diabaté.
Le Conor-Fif a failli tout gâter le vendredi, veille du scrutin
Jacqueline Mariam Dao Gabala, présidente du Comité de normalisation de la Fédération ivoirienne de football (Conor-Fif), et son équipe ont donné de la sueur froide aux Ivoiriens. Brandie comme une épée de Damoclès, l’enquête de moralité et d’intégrité de la Fédération de football association (Fifa), a failli gâcher le rendez-vous. En fin de soirée du vendredi 22 avril, veille du scrutin, les trois candidats sont convoqués par la commission électorale dirigée par Jacqueline Mariam Dao Gabala. Cette rencontre considérée au départ comme une réunion préparatoire de l’élection s’est muée à un instant de dévoilement de résultat de l’enquête de moralité ouverte. Le Conor-Fif avait pourtant indiqué que la Fifa, chargée de mener cette enquête, ne pourra livrer son verdict qu’après les élections. Cette volte-face ne manque pas de surprendre plus d’un. Ce changement d’avis va créer de grosses suspicions à l’Hôtel président où étaient réunis les trois candidats. Les suppositions vont aller bon train. Les unes décapantes que les autres. La tension monte et arrive à Abidjan jusqu’aux oreilles des autorités chargées de la sécurité des personnes et des biens. Les coups de fil pleuvent. Le préfet de Yamoussoukro, Brou Kouamé, le gouverneur du district autonome, Augustin Thiam, et le directeur de cabinet du ministre des Sports, François Allah Yao, sont à l’Hôtel président. Il n’est pas question que cette élection, quoique importante soit l’objet de trouble. Alors là, pas du tout. Pour finir, Dao Gabala abdique ! Ouf, les grosses gouttes peuvent s’estomper au sein des états-majors comme chez les candidats ayant déjà géré la Fif. Jacqueline Mariam Dao Gabala autorise les trois candidats à concourir. « Nous ne voulons nullement nous mêler de leur élection. Mais, nous tenons à la paix dans notre pays. C’est quand il y a la paix qu’on peut jouer au ballon », lâche une autorité sécuritaire. Le directeur de cabinet du ministre des Sports abonde dans le même sens : « On ne peut pas changer les règles du jeu au cours du jeu. Nous tenons à la paix ».
Vote sous haute surveillance policière
Armes au poing, les yeux rouges de sommeil, les forces de l’ordre et de sécurité qui étaient en faction à Yamoussoukro, ce week-end, n’ont pas badiné avec le boulot. Circulation en voiture et à moto interdite dans le périmètre du scrutin, à la Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix. Barrages bien visibles de forces de l'ordre, policiers et gendarmes, eux-mêmes presque plus nombreux que les électeurs. Il est 11 heures. Le vote débute par celui des commissions de conformité. Toutes les autres élections suivent. Les choses se déroulent bien jusqu’en début de soirée avec la victoire de Yassine Idriss Diallo. Pour la première fois, dans l’histoire de l’élection du président de la Fédération ivoirienne de football, les Ivoiriens de tous les bords se sont intéressés au scrutin. Avec leur niveau de passion. L’Etat quant à lui a tenu à assurer la sécurité autour de ce rendez-vous sportif tout en restant à l’écart du processus électoral.
L’enquête de moralité, une grosse énigme
L’enquête de moralité initiée par la Fédération internationale de football et association (Fifa), dans le cadre de l’élection du président de la Fif, est prestidigitatrice. Celle-ci ne peut donner des résultats probants en sept jours. La logique voudrait que les 20 personnalités sur chacune des listes de candidature puissent être objets de recherche d'éléments factuels de comportements. Les trois listes de candidatures présentent 60 noms à fouiner donc. Quel cabinet peut-il vérifier l'absence de comportement déviant en si peu de jours chez la moitié d’une centaine de personnes ? Finalement, le scrutin est allé à son terme avec l’élection de Yassine Idriss Diallo. Toutefois, selon des indiscrétions, cette histoire d’enquête de moralité n’a pas encore livré tous ses secrets.
Yapi C.