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Ce que pensent  pratiquants  et  experts du patrimoine ivoirien

La Côte d’Ivoire bénéficie beaucoup d’atouts culturels et touristiques. Et le ministère œuvre pour que certains sites et patrimoines soient inscrits au patrimoine immatériel et mondial de l’Unesco. Ainsi, la danse Zaouli pratiquée au centre Ouest de la Côte d’Ivoire a été inscrite  patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco. Quelles sont les origines de cette danse et que  gagne-t-elle après son inscription au patrimoine immatériel de l’Unesco ? Décryptage.

L’information a été accueillie avec  joie mercredi dernier. Le Zaouli, danse au rythme traditionnel des communautés Gouro a été inscrit sur la liste prestigieuse du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco. Et ce, après l’inscription en 2008 du «Gbofè d’Afounkaha » (musiques des trompes traversières de la communauté Tagbana), qui a été proclamée chef-d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité en 2001,  du «Djéguélé (balafon pentatonique des Sénoufo)», en 2012 sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco et la ville de Grand-Bassam, inscrite sur la liste du patrimoine mondial matériel en 2012. L’information a été rendue publique mercredi, par Koné Bruno, porte-parole du gouvernement  à l’issue du Conseil  des ministres. Cela a été possible grâce au plan de sauvegarde et de valorisation de cette danse des communautés Gouro. Pour les experts, au-delà de l’aspect culturel, le Zaouli est un art associant le masque, le tissage (costume) et la musique. Cette danse est un élément essentiel du patrimoine culturel de la Côte d’Ivoire et une «preuve du constant mouvement des héritages et de leurs redéfinitions perpétuelles».

Les retombées d’une inscription tant attendue

Sauvegarder ce patrimoine culturel qu’est le Zaouli relève d’une importance «cruciale tant sociale qu’économique». Parce qu’il est considéré « comme une ressource de développement territorial» et conduire vers le tourisme. Lors de la mission qu’a effectuée (Oipc) dans les régions où on pratique le Zaouli, Aka Konin, directeur de  l’Oipc  a soutenu  «la mise en valeur touristique des éléments patrimoniaux labellisés Unesco est donc une source de recettes financières multiples pour l’Etat de Côte d’Ivoire». ’’Oipc et son directeur Aka Konin justifient l’inscription du Zaouli par «le besoin de continuité culturelle qui permet à nos sociétés de réaffirmer leur identité nationale et régionale». Il y a, précise l’Oipc, de multiples retombées de l’inscription d’un élément sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Outre le prestige que cela revêt, être classée patrimoine culturel immatériel de l’humanité permet une meilleure prise de conscience des communautés, des individus et des gouvernements pour la sauvegarde et la valorisation de ce patrimoine. Plus qu’une danse de réjouissance, le Zaouli qui séduit déjà par la beauté du masque va voir sa renommée augmenter et susciter la curiosité et l’attrait des touristes vers les foyers de pratique de la danse. Aussi l’inscription de ce patrimoine pourra-t-elle contribuer au développement économique local à travers la création d’activités génératrices de revenus et la création d’entreprises avec pour effet la réduction du chômage. Houé Bi joachain, promoteur de cette danse à Manfla, village situé dans le département de Zuénoula que nous avons joint hier par téléphone s’est réjouie de cette inscription tant attendue. A l’en croire, cette inscription du Zaouli au patrimoine immatériel  de l’Unesco fera que les touristes chercheront à visiter les régions dans lesquelles l’on pratique cette danse. « Je suis très content parce grâce à cette inscription, nos troupes de danses seront plus vues et nos régions seront visitées par tous ceux qui veulent mieux connaître les origines de cette danse », fait-il savoir.

Les origines du Zaouli

Créée dans les 1950, la danse Zaouli est devenue populaire en pays Gouro. Selon l’histoire, c’est Djela, le masque du village de Zrabi Sehifla, qui a inspiré le Zaouli, par définition, la fille de Djéla. Zaouli, masque aux traits fins rend hommage à la beauté féminine et s’étend à plusieurs villages du pays Gouro. Selon les villages, il est surmonté principalement d’oiseaux, de cornes de bélier mais également d’un serpent et de personnages. Porté par un homme couvert d’un pagne tissé de la région, de raphia, le danseur qui tient une queue de bœuf, sort à l’occasion des funérailles et des fêtes. Le zaouli est inspiré par deux masques : le Blou et le Djela. La pratique associe la sculpture, le tissage, la musique et la danse. Le zaouli est porteur de l'identité culturelle de ses détenteurs, et encourage la cohésion sociale et la préservation de l'environnement. La transmission se déroule dans le cadre de représentations musicales et de sessions d'apprentissage. La viabilité de la pratique est assurée, par exemple, grâce à l'organisation, par les communautés elles-mêmes, de représentations régulières et grâce à des festivals et des concours de danse entre villages. Au plan purement artistique, le Zaouli se distingue par la finesse des traits du masque, la beauté de la danse et sa grâce qui en font un spectacle fort apprécié dans les manifestations publiques. Adoptée par tous les villages Gouro, cette danse a accrue sa notoriété et sa pratique s'est étendue bien au-delà de la région du centre-ouest de la Côte d'Ivoire. Recevant ses invités et homologues Présidents, Félix Houphouët-Boigny passait le plus de temps comparé à d’autres rythmes musicaux, à apprécier la chorégraphie et l’esthétique du Zaouli qui séduit son public.