Côte d’Ivoire / Des mots pour dénoncer les maux de la société
Le 1er décembre dernier, une soirée a été dédiée au verbe, au mot pour dénoncer les maux de la société à la Rotonde des arts contemporains au Plateau. Organisée par le Collectif au nom du slam dans une ambiance où les mots étaient rois, il ne pouvait y avoir que de la joie. Le ton a été donné par Nouciboss avec son texte déclamé dans un lyrisme qui a fait frémir la salle. Il conclut que la femme n’est pas le sexe fort bien au contraire. Quand Kapegk, le champion national du slam prend le micro dans un détonnant mélange de rimes, c’est l’émotion dans la salle. Égrenant son texte évoquant la quête identitaire de l’homme noir, il a entraîné le public dans un voyage cadencé avec des mots poignants dénonçant le déni identitaire. Prenant à son tour la parole, l’Etudiant, a rendu hommage à la femme bafouée et humiliée qui n’a jamais renoncé à l’éducation de son enfant. Pour lui, avant la carte d’étudiant étais était un parchemin pour courtiser les jolies femmes. Mais de nos jours, quand tu l’as, tu es considéré comme un vaurien. Car aujourd’hui, seul l’argent est le maître et les biens matériels qui peuvent faire séduire une jolie fille. Poème-hommage déclamé avec beaucoup d’emphase a fait monter la fièvre dans la salle. Cette fièvre monta davantage avec le retour de Nouciboss. Dans le style nouchi (langage de la rue) il plongea le public dans l’univers du « Vié Môgô », personnage principal de son récit. Avec des mots, des tournures, des déclinaisons et des intonations dont lui seul a le secret. Il a su entraîner l’assistance dans les dédales de la rue. Le poète du ghetto venu tout droit d’Adjamé, commune aux milles bobos est venu en rajouter à cette ambiance » abobolaise » qui prévalait dans la salle. Transformée en véritable joute oratoire, cette soirée a pris fin sur une note musicale. Les trois stars de la soirée ont gratifié l’auditoire d’un très beau texte enrobé dans leur voix cristalline. Sûr que l’adrénaline était au rendez-vous à cette soirée où la parole a été célébrée.
R.K.