Bingerville / Suspension du chef de village de M’batto-Bouaké : Les populations assiègent la sous-préfecture
Les populations du M’batto-Bouaké ont assiégé, hier la Sous-préfecture de Bingerville pour réclamer la réhabilitation de leur chef suspendu.
Plusieurs dizaines de femmes en colère ont assiégé, hier la Sous-préfecture de Bingerville. Issues du peuple Ghwa, elles sont venues crier leur indignation face à une décision du Préfet d’Abidjan suspendant le chef du village M’batto-Bouaké de la Sous-préfecture de Bingerville dont elles sont originaires.
Alors qu’elles étaient repoussées par les détachements de gendarmes et de policiers venus sécuriser les lieux et qui leur demandent de rentrer, ces femmes mécontentes scandaient le nom du chef Edouard Anoman Badiglon avec, en main, des pancartes sur lesquelles il est inscrit « non au hold up contre le chef Anoman Badiglon Edouard ».
Le mardi 21 juillet 2020, une décision n°038/PA/CAB du Préfet suspendait Edouard Anoman Badiglon de ses responsabilités de chef du village de M’abtto-Bouaké. En le faisant, le Préfet s’est fondé sur un rapport du 13 juillet 2020 du Sous-préfet de Bingerville dont dépend le village. Celui-ci invoque une plainte contre le chef dans le cadre de sa gestion notamment pour vente illicite de terres et abus de biens sociaux. Le chef Edouard Anoman Badiglon de la génération ‘’Gnondo’’, nommé le 13 octobre 2016 par un arrêté n°0050/PA/CAB du Préfet d’alors est donc suspendu pour une période 6 mois, une décision qui prend effet à compter de sa date signature. Mais depuis sa suspension, le village est bloqué par les manifestations de protestation. Les populations sont le pied de guerre, toutes les activités sont bloquées, les lieux de culte fermés, la chefferie bloquée, tous les chantiers arrêtés. Les villageois ont même décrété un deuil à M’batto-Bouaké jusqu’à la réhabilitation d’Edouard Anoman Badiglon. Cela fait la deuxième fois qu’ils assiègent les locaux de la sous-préfecture de Bingerville après la manifestation de jeudi dernier. Les populations trouvent la décision de suspension injuste et la chefferie se dit indignée. D’après Bernard Oyoua, porte-parole de la chefferie, la tête couronnée n’a pas été entendue par le Sous-préfet avant son rapport et la décision de suspension du Préfet.
En effet, le mercredi 22 juillet 2020, le chef de M’batto-Bouaké et son bureau sont convoqués à la Sous-préfecture de Bingerville. Une fois devant l’autorité, Edouard Anoman Badiglon va dire sa part de vérité sur les accusations qui sont portées contre lui par ses adversaires. C’est après ses explications sur sa gestion avec les preuves des actes posés à l’appui que le Sous-préfet lui tend la décision de suspension qui date de la veille, c’est-à-dire le mardi 21 juillet 2020. Les notables se rendent alors compte que la décision de suspension avait été déjà prise avant même que le chef ne soit entendu. Les populations crient au complot. Elles dénoncent une injustice.
Dans la foulée, le chef actuel de la génération ‘’Gnondo’’ est désigné pour assurer l’intérim alors que selon la coutume des Ghwa, « on ne peut pas être en même temps chef de génération et chef de village », déplore le notable Gbehi N’douffou. D’autre part, selon les témoignages des populations qui manifestaient, hier dans les locaux de la Sous-préfecture de Bingerville, « le chef suspendu travaille bien ». « Nous disons non à l’injustice. Allez voir au village ce qu’il a réalisé en moins de cinq ans », invite Estelle Kouadio, manifestante. « Les chefs qui se sont succédé à la tête de notre village n’ont rien fait. Mais Edouard Anoman Badiglon a réalisé beaucoup de choses pour nous. On ne nous a pas donné de bonnes réponses. On nous demande rentrer et que le problème est en train d’être réglé en haut lieu. Nous allons manifester jusqu’à ce que notre chef soit réhabilité », prévient Emilie Mordi.
Elles citent plusieurs réalisations à l’actif du chef. Depuis sa nomination, Edouard Anoman Badiglon a fait construire « des écoles dont une maternelle, un foyer polyvalent, une maison digne de la chefferie, un centre de santé, une maternité, des logements pour infirmiers, sages-femmes et maîtresses, l’extension du réseau électrique avec des poteaux en béton. Ce qui suscite la jalousie de certaines personnes qui n’ont rien fait quand elles occupaient ce poste ». « Un tel chef mérite soutien et non une suspension », martèlent les populations. Le Sous-préfet, selon ses collaborateurs, n’était présent au moment où les populations manifestaient.
A.K.