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ALLIÉ OBJECTIF. Pour l'opinion internationale, Alassane Ouattara a eu la main sur le coeur: "L'élection présidentielle de 2025 sera transparente et apaisée".

Mais l'État a choisi de tout verrouiller, ne laissant aucune issue à l'apaisement alors que le parti au pouvoir, affichant son embonpoint politique, se voit déjà vainqueur par "un coup k.o." le 25 octobre 2025.

L'État n'entend rien concéder dans le sens de la crédibilité et l'équité du scrutin: non à la reforme d'une CEI aux ordres, non au dialogue politique. A fortiori, les principaux leaders de l'opposition sont exclus de la compétition électorale, à l'effet de retarder une éventuelle possibilité plausible d'alternance et monopoliser le pouvoir d'État.

Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé et Soro Kigbafori Guillaume sont rayés de la liste électorale. Thiam Cheick Tidjane se trouve, à son tour, placé sous la menace d'une radiation de la liste électorale provisoire, qui sera publiée le 17 mars 2025, en raison de sa nationalité française pour laquelle il a engagé, depuis février 2025, une procédure de renonciation.

Tout semble en marche pour orchestrer un passage en force. Et la candidature, en réalité, unique du porte-étendard du RHDP, sera alors maquillée par des candidats-alibis comme en 2015 et 2020.

L'atmosphère politique est, par conséquent, électrique. Car, l'organe électoral a réalisé l'unanimité contre lui. La CEI se présente désormais, non comme partenaire, mais adversaire des partis de l'opposition dont il rejette, à l'instar de l'État, toutes les revendications.

C'est un secret de polichinelle. La CEI se découvre un allié objectif du pouvoir en place: elle est juge et partie. Et elle n'hésite pas à manipuler, avant le comptage des voix électorales, les résolutions des ateliers de travail pour s'inscrire dans le faux.

En effet, contrairement à 2010 (1er au 31 août), 2015 (25 juin au 24 juillet) et 2020 (10 au 24 juin), la CEI refuse, en 2025, la routine de la révision de la liste électorale (RLE) avant la présidentielle, uniquement selon le diktat du régime en place.

Or, elle a convenu, en 2023 avec les partenaires, que cette opération ait bel et bien lieu "en année électorale", c'est-à-dire en 2025. Circonstance aggravante, l'ordonnance portant Code électoral n'a subi aucun amendement.

Et si, malgré le budget de 27 milliards 588 millions de nos francs votés pour l'opération, la CEI viole allègrement la disposition sur la RLE annuelle, son président se fonde sur d'autres dispositions de cette même ordonnance pour revendiquer, tout feu tout flamme, l'élimination d'électeurs comme Gbagbo.

Ainsi, les principes démocratiques, bafoués selon les humeurs des puissants du moment, sont à géométrie variable. Et victime de dérives autoritaires, qui mettent le pays au bord de la déflagration politico-sociale, la Côte d'Ivoire devient d'autant la jungle que toutes ses institutions, transformées en godillots pour la pérennité du régime en place, ont démissionné. Et redoutant le chaos, le pays est K.O debout.

Une contribution de F. M. Bally