Côte d'Ivoire : Nous venons de toucher le fond
DANS TOUS SES ÉTATS. Les Ivoiriens ont raison de déclarer que leur pays n'a plus de freins.
Boniface Ouraga Obou, en personne, ne craint pas de descendre dans l'arène politique. S'affranchissant du silence opportun et de tout devoir de réserve, il est devenu militant et partisan.
En effet, Ouraga Obou est une pièce maîtresse du dispositif constitutionnel actuel. C'est lui qui a dirigé le comité dit d'experts ayant rédigé le projet de la Constitution de novembre 2016, qui continue de faire des vagues. Et il se montrait catégorique, pour battre en brèche les « procès en sorcellerie » de tous ceux qui accusaient Alassane Ouattara de vouloir briguer un troisième mandat.
« Je puis vous assurer que le président Ouattara ne briguera pas un autre mandat », soutenait-il (Cf. Fraternité Matin n°15.550 du 10 octobre 2016). Et pourquoi !? « Il y a la continuité législative dont il est question dans l'article 183 de la Constitution. Et suivant cette continuité, le président de la République, qui est à son deuxième mandat, ne peut pas briguer un autre en 2020 dès lors que la Loi fondamentale lui en interdit ».
Ouraga Obou avait les mêmes éléments de langage que Cissé Ibrahim dit Bacongo, un membre du comité des experts qui était sur tous les plateaux de télévision.
Mais comme dans les films à rebondissements, la messe était loin d'être dite. Les eaux, les enjeux et les devoirs qui transcendent tout, ont emporté toutes les certitudes.
Et voilà que le constitutionnaliste en béton se découvre un juriste en papier. Et l'homme de droit ne se trouve plus en train d'être droit. Le jeudi 4 septembre 2025, dans son village de Djédjédigbeupa (sous-préfecture de Dahiépa-Kéhi, département de Gagnoa), Ouraga Obou s'est lancé dans la campagne électorale en faveur du quatrième mandat d'Alassane Ouattara.
La continuité législative de l'article 183 de la Constitution a disparu depuis le passage en force de 2020. Et le droit se retrouve dans tous ses états avec des hommes de droit, qui ont perdu leur science.
A cet effet, Ouraga Obou se trouve sur la même longueur d'onde que Bacongo. Celui-ci a battu sa coulpe. « Oui, j'ai déclaré que la nouvelle Constitution empêche le président Ouattara d'être candidat en 2020 ; mais c'était mon interprétation à moi et c'était d'ailleurs l'interprétation de tous les membres du comité d'experts. Mais Ouattara connaît le droit plus que nous tous réunis. De ce fait, son interprétation à lui est la plus pertinente ». Point final.
Et c'est le chef de l'État qui a frappé dans le mille en soutenant, au début de son premier mandat, que son pays allait étonner le monde. Et c'est l'ébahissement.
Une contribution de F. M. Bally