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Les bruits dans le secteur du café et du cacao ont refait surface, la semaine dernière.  Des producteurs ont menacé de faire une grève si leurs revendications ne sont pas prises en compte par le ministère de l’Agriculture et le Conseil du café-cacao.  Ils réclament 17 milliards Fcfa des bailleurs de fonds, destinés au secteur, pour faire face aux difficultés liées à la Covid 19.  

Les 17 milliards en litige font partie des 131 milliards fcfa que l’Etat ivoirien a déboursés afin de soutenir tous les secteurs agricoles face aux conséquences graves de la maladie à Coronavirus. La première année, la Côte d’Ivoire qui a vendu ses produits par anticipation, n’a pas été impactée par la Covid 19, en 2019. L’année 2020, la Côte d’Ivoire a été impacté à l’instar du monde entier. Le secteur du café et cacao a été donc fortement touché, au plan local et international. Le gouvernement, face à la gravité de l’impact de la maladie, a décidé de soutenir le secteur agricole. 17 milliards fcfa, c’est la cagnotte destinée au monde du café et cacao. L’intermédiaire entre les producteurs et l’Etat, étant le Conseil du café-cacao, le ministre Kobenan Adjoumani selon nos informateurs, a donné les 17 milliards sur facture à l’autorité de régulation. Pour la meilleure orientation de ces fonds, il a été demandé aux producteurs de faire des propositions. Le schéma de certains producteurs a consisté à se partager cet argent. Ainsi, sont créés un collectif des producteurs et un comité de sages. Mais vont naître des incompréhensions entre deux clans de producteurs.  Le premier clan souhaite que cet argent leur soit partagé en numéraire. Le second préconise la création des infrastructures dans le secteur. Pour ces derniers, la Banque mondiale n’apprécierait jamais que cet argent soit empoché.  « On a quelle qualité pour partager 17 milliards Fcfa ? », s’est interrogé, Maurice Sawadogo, exploitant agricole dans le département d’Abengourou. « Alors que les bailleurs de fonds ont demandé qu’on fasse un appui en nature.  Les autres ont créé un comité qui voulait s’approprier cette somme pour la partager. Mais, en réalité, quel support que le comité a, par rapport à plus d’un million de producteurs, plus 3000 coopératives et des milliers d’associations pour pouvoir faire le partage ? C’est dans ces circonstances que nous nous sommes retrouvés à la Rose blanche, pour dire que le Dg du Conseil du café-cacao a pris l’argent qu’il ne veut pas le remettre aux producteurs. Mais le directeur général du Conseil du café-cacao reçoit des ordres. Et c’est sur ces ordres qu’il agit. Surtout que nous-mêmes, on n’est pas sérieux. Dans un récent passé, nous avons endeuillé la filière. Ce sont des milliards que nous avons dilapidés », fera remarquer le producteur Sawadogo, administrateur au Firca. Pour mettre à nu la mauvaise gestion des producteurs, il a révélé que récemment, le directeur général du Conseil du café-cacao, Koné Yves Brahima, a remis de l’argent à certains producteurs qui était destiné au recensement des paysans. Certains auraient disparu avec cet argent. Avec toutes ces mauvaises expériences, le directeur général n’est pas prêt à se rendre coupable de détournements, surtout que des audits emportent des Dg dans ce pays.  « Je crois que l’heure n’est pas à s’étaler dans les journaux. On encourage le Ccc à utiliser toutes les stratégies pour que le dernier planteur qui ne peut pas sortir son cacao ait les moyens pour le faire. Si on donne un véhicule à une coopérative et qu’il va en brousse pour faire sortir un kilogramme de cacao pour venir vers la ville, le paysan aura bénéficié de la Covid 19. L’argent du bailleur, l’argent du citoyen du monde, n’est pas donné pour que les gens le mettent dans leur poche », fera-t-il remarquer. « Dans les secteurs du coton, du palmier à huile, l’anacarde, aucun producteur n’a eu de l’argent liquide. Pourquoi c’est le secteur du cacao qui le réclame comme d’habitude ? », s’interroge-t-il.

 

Distribuer de l’argent liquide n’est plus dans l’esprit du gouvernement d’Alassane Ouattara.

Le Premier ministre, Patrick Achi a demandé aux producteurs de travailler, de réfléchir pour rendre efficaces les différents secteurs. Les résultats sont attendus en septembre prochain. C’est cela, la préoccupation du gouvernement du Président Alassane Ouattara. Les 17 milliards fcfa doivent servir à appuyer les organisations des producteurs. Les produits phytosanitaires ne suffisent pas. Il faut en acheter davantage. Pour que tout le monde puisse en avoir. Dans un contexte de changement climatique où les insectes et les maladies sont en train de s’attaquer au cacao, la nécessité de prévoir des solutions efficaces urge. Il faut acheter des véhicules de ramassage pour  tirer le cacao vers la ville. Avec le reprofilage des routes bien évidemment. Le Conseil café-cacao est outillé dans ce genre d’actions. En tant qu’organisation agricole, ce n’est pas du ressort des producteurs de distribuer de l’argent selon lui. Pour le Réseau des journalistes spécialistes en café-cacao, certes les temps sont difficiles mais il n’est pas élégant de se partager de l’argent. Cette époque est révolue et fait place à celle de création d’infrastructures qui améliorent les conditions de vie et de travail des paysans.

A.   Kodjané