Côte d’Ivoire / logements sociaux / Yao Sény Jean-Jacques, Dg de HFHI : « Le déficit national de logements est évalué entre 400 000 et 600 000 »
A l’occasion de la célébration de la 31ème édition de la Journée mondiale de l’Habitat dans le monde, autour du thème « le logement d’abord », Yao Sény Jean-Jacques, directeur national de l’Ong internationale Habitat for Humanity Côte d’Ivoire s’est prêté à nos questions relatives aux objectifs et enjeux stratégiques autour de la problématique du logement dans le monde en général et en particulier Côte d’Ivoire.
Présentez-nous l’Ong internationale Habitat for Humanity Côte d’Ivoire ?
Je voudrais vous dire merci pour l’opportunité que votre rédaction me donne de parler de l’organisation que je dirige. Notons que Habitat for Humanity International (HFHI) est une organisation non gouvernementale, à but non lucratif, sans discrimination raciale, religieuse, politique, ethnique, créée en 1976 aux Etats-Unis par un couple, Millard & Linda Fuller, dévoué au service des couches vulnérables. La mission essentielle de Habitat forHumanity est de construire des logements sociaux à moindres coûts pour les familles à revenus modestes et les personnes défavorisées. Elle est présente En Côte d’Ivoire depuis 1999 où nous avons un accord d’établissement avec le gouvernement Ivoirien. En plus du logement, nous contribuons efficacement à l’amélioration des conditions de vie des groupes vulnérables, c’est-à-dire les handicapés, les orphelins et enfants vulnérables, les veuves et les jeunes à risques.
Pouvez-vous nous décrire vos domaines d’intervention ?
Nos domaines d’interventions s’articulent autour de plusieurs programmes, notamment le programme de logements sociaux pour les familles à revenus modestes, le programme de logements sociaux pour les groupes vulnérables, le programme eau, hygiène et assainissement, et le programme de plaidoyer. Ces différents programmes regroupent en leurs seins plusieurs projets. Tout d’abord le programme de logements sociaux est un programme destiné aux personnes à revenu modeste. Il s’agit des salariés du privé, des fonctionnaires, des agents de l’Etat, les planteurs, les commerçants etc. Grâce à ce programme, les populations rurales telles que les planteurs, les paysans et les petits commerçants ont bénéficié de logements sociaux à bas-prix. En somme, je peux affirmer que ce programme a permis de loger plus de 10.000 personnes.
Quel est votre message cette journée mondiale de l’Habitat ?
Je rappelle pour dire que la Journée mondiale de l’Habitat est un évènement institué depuis 1986 par les Nations Unies et qu’elle est célébrée chaque 1er lundi du mois d’Octobre. L’objectif de cette journée est de trouver des solutions durables aux problèmes de logements et de l’environnementqui sont au centre de tous les enjeux socio-politiques des Etats et Gouvernements dans le monde.Cette année, l’ONU met l’accent sur l’importance du droit au logement pour une meilleure qualité de vie. Car, ne l’oublions pas, le logement est un droit fondamental et universel. C’est pourquoi, il faut le placer au cœur de nos politiques. Ce droit fait partie du droit de chacun à bénéficier d’un niveau de vie décent et d’un environnement sain. Cependant, pour qu’un logement soit considéré comme complet, il faut prendre en compte plusieurs facteurs, notamment l’emplacement, l’accès des résidents aux services de base, tels que l’eau potable, l’assainissement et bien d’autres aspects importants pour l’être humain. Pour cette 8ème édition que nous organisons cette année, l’accent est mis sur le plaidoyer pour l’accès au titre foncier et le droit au logement pour tous. C’est donc une lucarne pour nous d’interpeller les pouvoirs publics, les médias et la société civile à agir de concert pour une véritable prise de conscience face aux problèmes fonciers que nos communautés rurales subissent. Habitat for Humanity Côte d’Ivoire entreprend actuellement une étude sur la problématique du foncier et du logement dans toutes les régions du pays afin de recueillir des données et des informations fiables sur les causes réelles de cette problématique si importante. Il s’agira pour Habitat for Humanity Côte d’Ivoire, à la fin de cette étude, de proposer des solutions et recommandations à notre ministère de tutelle pour renforcer et améliorer la politique du foncier en vue de favoriser l’accès au logement pour les défavorisés.
Pouvez-vous nous dépeindre la situation du logement en Côte d’Ivoire ?
La demande de logements en Côte d’Ivoire est extrêmement forte. Cette situation est essentiellement due à la poussée démographique de la population ivoirienne, à l’urbanisation galopante et à l’immigration des populations des pays limitrophes. Selon des études, le déficit national est évalué entre 400 000 et 600 000 logements. La demande nationale quant à elle s’élève à environ 40 000 logements par an. Vu ces chiffres et au regard de ce qui se passe sur le terrain, on peut avec aisance affirmer que la demande est largement supérieure à l’offre parce que les besoins ne sont pas couverts. En plus de ce constat, la part belle est faite aux logements de moyen standing et de haut standing parce que plus chers, donc mieux rentables pour les promoteurs immobiliers. A cela s’ajoute aussi le réel problème de l’accès au financement des logements par les banques.
Qu’avez-vous à proposer aux Ivoiriens, surtout pour les ménages à faible revenu ?
Avant de vous décrire notre produit qui est le logement social à moindre coût en faveur des populations à revenu modeste, permettez-moi de vous rappeler nos critères de sélection. Pour souscrire au programme de logements sociaux de Habitat for Humanity international Côte d’Ivoire, il faut être dans le besoin en logement, appartenir à un groupe constitué d’intérêt commun ou groupe d’épargne. A cela s’ajoute l’acceptation des principes de Habitat for Humanity basés sur le refus des discriminations raciales, politiques, ethniques, religieuses. Ensuite, il faut disposer d’un terrain loti ou d’une plateforme viabilisée et avoir un revenu régulier ou un sponsor. HFHCI construit uniquement des logements sociaux, notamment des villas de 2, 3 et 4 pièces, dont les surfaces utiles varient de 50m2 à 95m2. Les plus grandes surfaces sont généralement destinées aux familles nombreuses. Les coûts varient entre 5.000.000 FCFA et 9.500.000 FCFA avec toutes les commodités d’aisance et de sécurité, notamment l’isolation thermique et phonique, l’électricité, les sanitaires. J’insiste pour dire que la livraison de nos logements s’effectue dans un délai maximum de 6 mois.
Entretien réalisé par R. Konan