Côte d’Ivoire / Inexistence d’infrastructures routières à Man dans la région du Tonkpi : Des populations réclament la démission du premier vice-président
Les populations des villages de Mélapleu, Bonta, Kiélé et Guégouin vivent un véritable calvaire depuis plusieurs semaines. En plus de la route qui est dans un état piteux, les deux ponts sur les rivières Koh à quelques 200 mètres de la route menant à Biankouma et Bêh à l’entrée du village de Bonta, ont cédé après la véritable première grande pluie. Qui a arrosé la région du Tonkpi dans la nuit du 19 au 20 août dernier. Une route sur laquelle semble-t-il, le conseil régional du Tonkpi dirigé par WoÏ Méla Gaston a entrepris des travaux de reprofilage et de traitement de points critiques. Cette situation inattendue a mis toutes les populations des villages cités plus haut hors d’elles.
Au mois de mars dernier, le premier vice-président du conseil régional chargé du département de Man, Alain Seu Tia inscrit la route partant de Biankouma à Kassiapleu longue de 68 kilomètres au programme des travaux à exécuter pour 2016. Un opérateur est trouvé. De vieilles machines se mettent sur la route. Les populations, au vu de ces engins exultent de joie. Cette joie sera de courte durée. Les bulldozers font un dégagement jusqu’à Kassiapleu. Tous les points critiques à traiter restent intacts au grand dam des populations. « Nous avons poussé un ouf de soulagement quand nous avons vu les machines sur cette route qui est capitale pour la transaction entre une dizaine de villages. Nous avons pensé que nos souffrances prendraient ainsi fin. Que non ! Les engins ont fait un seul passage sur la route. Le pont de Bonta même a été endommagé lors de ces travaux. Alors que Seu Tia nous avait donné l’assurance que tout sera fait avant la saison des pluies. Les travaux lancés par le conseil régional devaient finir en 4 mois. Mais grande a été notre surprise de voir les machines partir laissant la route comme si c’étaient des exploitants forestiers qui cherchaient à se frayer un chemin. Jamais un seul point critique n’a été traité », raconte un habitant de Mélapleu. A son tour, Ambroise Gué est sans pitié pour Alain Seu Tia. « Seu Tia se dit ingénieur des ponts et chaussées. Il est celui-là même qui représente les populations de ce département au conseil régional. Je me demande bien s’il voit les souffrances de nos mamans. Il a engagé des travaux que les gens n’ont jamais terminés. Et il se promène partout pour raconter qu’ils ont réhabilité la route de kiélé en sortant à Kassiapleu. J’ai honte quand des élus, des cadres qui ont pour rôle d’aider les parents se transforment en tueurs de ceux-ci. C’est bien dommage et je pense que Seu Tia doit démissionner de ce poste pour non rendement et surtout pour avoir menti au peuple », fustige-t-il. La grogne des populations se justifie en voyant les efforts que fournissent les pauvres paysannes pour avoir de quoi nourrir et scolariser leurs enfants à quelques semaines de la rentrée scolaire. « Nous ramassons les bagages sur des dizaines de kilomètres dans les champs jusqu’au village. Après cette étape, nous chargeons encore sur deux à trois kilomètres pour enfin prendre un véhicule pour Man. Nous tombons régulièrement malades. Mais depuis une semaine la situation est devenue grave. En plus de transporter les bagages sur de longues distances, nous sommes obligées de payer cher le transport. Avant pour un sac, nous déboursions la somme de 1500f Cfa mais depuis que les ponts sont coupés, nous payons 2000f Cfa par sac. Et avec toutes ces dépenses, c’est tard que nous arrivons au marché de Man et c’est à des prix très bas que nous vendons nos productions. C’est difficile », témoigne dame Philomène.
Des marchés passés par complaisance ?
Quand on prend la route de Biakalé en passant par Kassiapleu, c’est un autre visage de la honteuse pratique du conseil régional. De gros trous sont visibles tout le long de la route. Aucun passage busé n’existe sur cette route parsemée de bas-fond et de petites rivières. Conséquences, la route est coupée à chaque tombée de la pluie. Des véhicules de transport sont parfois contraints de rester en même temps que les commerçants dans le village pour n’en ressortir que le lendemain, une fois que le niveau de l’eau aura baissé avec beaucoup de perte matérielle et financière. Selon certaines indiscrétions les marchés sont passés avec complaisance. L’opérateur choisi pour la réhabilitation de cette route stratégique dans le développement des villages cités, n’est plus jamais revenu et personne n’a daigné lui demander le moindre compte. « La route qui mène au village est impraticable comme vous le constatez. De gros trous sont partout sur la route. Les voitures qui autrefois venaient chaque jour ne viennent que les samedis, le jour de marché mais dans des conditions extrêmement difficiles. Quand il pleut les chauffeurs de peur d’endommager les véhicules dorment ici au village avec les commerçants. Parfois le tronçon est carrément coupé par l’eau et personne n’ose traverser pour ne pas se retrouver noyer et quatre pieds sous terre après », martèle Dan Anderson. La route entre Biakalé sur le même tronçon réhabilité par le conseil régional n’existe pas. Même à vélo, il est impossible de prendre cette route. « Prenez la route entre Kiélé, village natal de Seu Tia Alain et Biakalé. C’est tout simplement honteux et révoltant à la fois. Quand ceux qui ont la destinée de cette région en main soutiennent dans leur bilan que la route est faite. Je vous mets au défi, prenez un vélo et partez pour Kiélé. Vous allez charger le vélo parce qu’il n’y a pas de route. Nous nous demandons souvent si nous-mêmes nous existons à leurs yeux », se plaint un jeune sous le couvert de l’anonymat. A kiélé, les populations sont sans voix. « Nous avons honte. Une fois, nous avons envoyé l’un de nos enfants décédé à Man. Nous avons pratiquement pris le cercueil sur la tête, tellement la route est impraticable. Seu Tia Alain qui se trouve être premier vice-président du conseil régional est de ce village. Comment dans la maison d’un menuisier, on ne peut pas avoir un tabouret. Les deux ponts qui sont sur la route sont gâtés. Les coins qui devaient être busés sont restés sans traitement. Une petite pluie et voici les dégâts. Nos femmes ramassent les bagages sur au moins 4 kilomètres. Ce sont des choses qui ne doivent plus exister de nos jours. Mais hélas ! », déplore Monsia Aimé. La saison des pluies n’est qu’entamée. De nombreuses grosses pluies sont prévues dans les mois de septembre et octobre. En attendant, les populations appellent le conseil régional à rectifier le tir en terminant les travaux de réhabilitation de la route qui part de la voie bitumée menant à Biankouma jusqu’à Kassiapleu. Nous y reviendrons dans les prochains jours.
J.O.D