Côte d’Ivoire / Des agents de l’OIPR et ceux du CCC se battent pour le cacao du Mont Péko
Le 28 octobre dernier pendant que toute la Côte d’Ivoire était focalisée à finir la campagne référendaire en beauté dans la sous-préfecture de Guinglo-Tawaké, le canon tonnait entre des agents de l’Office Ivoirien des Parcs et Réserves (OIPR) et ceux du Conseil Café-Cacao (CCC).
Des agents du Conseil Café-Cacao à Guinglo-tawaké, une sous-préfecture du département de Bangolo, ont subi des brimades et sévices corporelles de la part des agents de l’OIPR. Selon des témoins qui ont joint notre rédaction pour relater tout sur la mésaventure des hommes de Massandjé Touré Litsé, patronne du CCC, « cette bombe à retardement » a failli exploser à cause des agissements des agents de l’OIPR, structure en charge de la gestion administrative et sécuritaire des parcs et réserves en Côte d’Ivoire. Notre informateur explique ceci : « Depuis que le gouvernement a pris la décision d’expulser pour de bon les clandestins du parc du Mont Péko, les agents de l’OIPR soumettent les populations à des tracasseries. Ils rentrent dans les magasins des acheteurs pour enlever des sacs sous prétexte que le cacao qui y est gardé, proviendrait des plantations du mont péko. Les gens du Conseil café-cacao sont venus les voir et un des agents a été bastonné et menotté puis conduit dans le cantonnement des agents de l’OIPR », relate notre informateur. Le délégué régional du Conseil Café-Cacao, Zorro Bi, que nous avons eu au téléphone confirme les faits. « J’ai failli passer de vie à trépas. Je n’ai rien compris du comportement de nos amis de l’OIPR qui, armes au poing, nous ont humiliés. C’est une situation qui sera gérée par nos directions respectives. A dire vrai, c’était vraiment vilain à voir ce que nous avons subi, mon collaborateur et moi », précise Zorro Bi Irié Joseph. Qui dit s’en remettre à sa direction générale. Les révélations faites par une autre source donnent froid dans le dos. « Les agents de l’OIPR sont ici dans nos villages sur les routes en train de fouiller les véhicules pour prendre les sacs de cacao. Ils disent même qu’ils n’ont rien à cirer avec le Conseil du Café Cacao. Ils font la pluie et le beau temps ici. Devant nous, ils ont brisé les téléphones des agents du C.C.C. Ces agents de l’OIPR deviennent un pire cauchemar pour nous. Là où un directeur régional n’a pas été ménagé, ce ne sont pas les pauvres paysans qui seront épargnés », nous fait-elle savoir. Le sous-préfet de Bléniméouin, Désiré Tra Bi est arrivé à temps pour dissuader les uns et les autres à quitter leurs positions. Avec beaucoup de difficultés, l’autorité préfectorale arrive à aplanir les divergences. « Le sous-préfet de Bléniméouin, qui a été mandaté par sa hiérarchie a eu du mal à accéder au camp des agents de l’OIPR. Son véhicule a été pris à partie par des agents surexcités. D’autres avec des propos très peu catholiques parlaient au sous-préfet. « Si vous voulez appelez Ouattara (le président de la République), ce n’est pas notre problème. Le sous-préfet est descendu et a dit que s’ils le veulent qu’ils lui tirent dessus. Il est rentré dans le camp et avec son collègue qui est arrivé dare dare, ils ont pu calmer les esprits », nous confie-t-elle. Contacté, le chef de la circonscription administrative de Bléniméouin, nous a rassuré que tout est rentré dans l’ordre. Toutefois, il a précisé que « ce n’est pas dans ma circonscription que les faits se sont déroulés, le Préfet m’a envoyé en renfort car mon collègue de Guinglo-Tawaké était en déplacement mais nous nous sommes rejoints pour calmer les esprits ». Contactés, les responsables de l’OIPR de Duékoué, ont préféré comme à leurs habitudes, nous rappeler. Ce qui n’a jamais été fait. Selon une indiscrétion, c’est avec la complicité de certains caïds laissés par Amadé Ouérémi, que les agents de l’OIPR font sortir frauduleusement les bananes et le cacao des champs du mont Péko. Ce qui fait penser que l’homme est de retour des geôles. « C’est à croire qu’Amadè Ouérémi a réapparu. Les éléments de l’OIPR travaillent dans le ramassage du cacao et des bananes des planteurs clandestins avec des jeunes burkinabè et des jeunes Wê », dénonce-t-elle. Abandonnées après le déguerpissement, sans propriétaires et sans contrôle aucun, les plantations de cacao qui s’étendent à perte de vue sur une bonne partie du parc sont devenues une vache à lait pour ces agents de l’OIPR qui, en dehors de tout cadre de concertation, ne veulent pas se faire arracher le pain de la bouche par les hommes de Massandjé Touré Litsé.
J.O.D.