treichville-3-ans-apres-leffondrement-dun-immeuble-les-revelations-du-proprietaire-devant-le-pole-penal-economique-et-financier.png

Dans la nuit du samedi 26 au dimanche 27 février 2022, un immeuble R+6 en construction s'est effondré dans la commune de Treichville, dans les environs du Palais de la culture, précisément à l'avenue 3, rue 16. Des décombres de cet immeuble qui s'est renversé sur des habitations contiguës, les sapeurs-pompiers militaires ont retiré sept corps sans vie et 15 blessés. Environ trois ans après, le procès des mis en cause dans la survenue de ce drame a été ouvert au Pôle pénal économique et financier (Ppef).

Ce jeudi 30 janvier 2025, le propriétaire de l'immeuble, Bathily Sibi et l'architecte recruté par la société Ebageci, Cissé Abdoul Razak, ont comparu devant le tribunal. Les responsables de la société Ebageci, Karamoko Alassane et Karamoko Moussa, n'ont pu se présenter à l'audience. Leurs avocats sont venus donner les raisons de leur absence, indiquant que l'un est malade et l'autre se trouve à son chevet. La première personne appelée à la barre par le président du tribunal, le propriétaire.

Invité à expliquer les circonstances de l'effondrement de l'immeuble, Bathyli Sibi fait savoir qu'il est informé qu'une de ses connaissances, Doukouré Messamba, vend une concession située à Treichville. Après y avoir effectué une visite, il consent à l'acheter. Le coût fixé pour la vente est de 82 millions FCFA dont s'acquitte le nouvel acquéreur. Après quoi, il accorde un délai de 9 mois aux locataires pour partir des lieux.

Totalement rasés par la suite et prêts pour accueillir un immeuble R+4 d'abord, puis transformé en R+6. Bathily Sibi indique à la barre que les responsables de la société Ebageci ont dit avoir fait l'étude du sol et qu'il était possible de bâtir sur ce terrain un immeuble R+12. Pour cette étude ainsi que les démarches en vue d'aboutir à l'obtention de documents autorisant la construction, le propriétaire soutient avoir remis la somme de 14 millions FCFA aux entrepreneurs, Karamoko Alassane et Karamoko Moussa.

Pour ce qui est de la réalisation des travaux, fait-il remarquer, ce sont les sommes de 360 millions FCFA décaissés par le propriétaire pour la construction de l’immeuble à 4 étages et lorsqu’ils décident de passer à 6 étages, le coût total est de 480 millions FCFA. Entre temps, révèle le prévenu, les services du ministère de la Construction, précisément le chef d’antenne, Sanogo Adama, qui avait ordonné l’arrêt des travaux pour défaut de permis de construire, est revenu sur cette décision après avoir perçu la somme de 6 millions F CFA que lui aurait remis la société Ebageci.

« Karamoko Alassane et Karamoko Moussa ont dit que c’est la terre qui a relâché», a répondu Bathily Sibi à la question du président du tribunal lui demandant, selon lui, pourquoi l’immeuble s’est effondré.

Sylla Aboudramane est appelé à la barre en qualité de témoin. Un témoin qui soutient avoir demandé au conseil de Bathily de voir dans les dispositions du code pénal, s’il y a une loi qui permet que de sa qualité de témoin, il puisse aller en prison en lieu et place du propriétaire qui, pour lui, n’a rien fait qui justifie sa détention carcérale. Il en sait beaucoup, le témoin et il a été très prolixe. C’est lui qui a avisé son ami Bathily Sibi du désir des frères Karamoko de construire l’immeuble sous réserve de se faire rembourser, après les travaux.

Lorsque le propriétaire qui refuse de s'exposer aux contraintes de la dette choisit l'option de financer lui-même les travaux de construction, c'est Sylla Aboudramane qui réceptionne le total de 360 millions F CFA, coût de la réalisation de l'immeuble R+4, pour les remettre aux frères Karamoko. De même que c'est encore lui qui leur remet en plus 120 millions F CFA quand le propriétaire émet le vœu de voir l'immeuble être bâti jusqu'à six niveaux. Un total de 480 millions F CFA perçus par Sylla et remis aux destinataires. C'est en présence de ce témoin que s'est déroulée la rencontre au cours de laquelle le chef d'antenne de la construction a confirmé la décision d'arrêter les travaux pour faute de documents autorisant la construction de cet immeuble. Notamment, un permis de construire. Il précise cependant n'avoir pas été là lorsque les 6 millions ont été remis au chef d'antenne.

« C'est Karamoko Moussa qui nous a dit qu'il a donné les 6 millions au chef d'antenne », a fait savoir Sylla Aboudramane. Absents, les frères Karamoko accablés par le prévenu et le témoin n’ont pas pu donner leur version des faits. Le tribunal a prononcé le renvoi pour le 12 février 2025. Insistant sur la nécessité pour toutes les parties concernées de se présenter afin que ce procès livre son verdict, 3 ans après.

S.B.