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Depuis son indépendance, l'Etat de Côte d'Ivoire s'est engagé à l'amélioration de l’environnement économique des affaires, en insérant la profession d'agent d'affaires dans son système de fonctionnement. Une profession qui souffre de divers maux dont l'ignorance des justiciables. Pourtant la profession est encadrée et le nouveau syndicat est à pied d'œuvre pour donner à ses membres, une place plus méritoire et respectable comme en témoigne dans un entretien à son cabinet à San-Pedro quartier cité, Maître Coulibaly Banvala Daouda, agent d'affaires près le tribunal de première instance d'Abidjan, membre fondateur du Syndicat national des agents d'affaires judiciaires de Côte d'Ivoire (SYNAAJ-CI) né, il y a, à peine, trois ans. 

 

 

Comment se présente cette nouvelle corporation dont vous êtes le chef d'orchestre ? 

Pour tenter de nous faire entendre qu'est né le Syndicat national des agents d'affaires judiciaires de Côte d'Ivoire (SYNAAJ-CI) à Yamoussoukro. La naissance de notre syndicat est due au faite que la corporation elle-même n'a pas de statut véritable. Notamment au niveau du décret d'application qui ne nous permet pas d'exercer pleinement notre métier d'agent d'affaires car nous sommes confrontés à beaucoup de difficultés. Il y en a plusieurs. Cependant nous en choisirons une seule, la plus importante de notre point de vue d'où fécondent les autres difficultés. A ce jour, soit 60 ans depuis la prise du décret de 1963 et 48 ans depuis la loi de 1975. L'agent d'affaires n'a toujours pas son décret d'application. Par conséquence, il existe un vide juridique qui ne nous permet pas d'exercer pleinement notre belle et noble profession. Et suite à ces difficultés, il faut bien entendu avoir une plateforme qui nous permet de défendre nos intérêts et de protéger notre corporation. Le syndicat est créé pour faire la police aux nombreux problèmes confrontés qui ne cadrent plus avec les réalités. Vu que la situation syndicale en Côte d'Ivoire a beaucoup évolué, il nous fallait un peu d'attention vis-à-vis de nos gouvernants. 

 

Quelle est le rôle de l'agent d'affaires dans l'appareil judiciaire et dans la société ?

A cet effet, commençons par préciser que l'Agent d'affaires est une personne physique ou morale qui, sans un caractère public, se charge de gérer habituellement les affaires d'autrui, qu'elles soient litigieuses ou non litigieuses moyennant rétribution. Son rôle n'est pas de faire les affaires quand bien même, il est vrai que la dénomination prête à confusion. L'Agent d'affaires est un maillon essentiel de l'économie ivoirienne. Son rôle face à l'appareil judiciaire, administratif et social, est un rôle d'intermédiaire et de facilitateur. Les attributions de l'agent d'affaires sont le recouvrement de créances, la transaction, le courtage et l'administration d'immeuble ou de biens. Mais hélas, mal connu pour certains et méconnu de la population ivoirienne. Créant ainsi une confusion de rôle car il y a certaines de nos attributions qu'on trouve chez les commissaires de justice, autrefois appelé huissiers, les avocats que chez les agents immobiliers, entre autres le recouvrement de créances pour les uns, l'administration d'immeuble pour les autres. En principe, le recouvrement de créances doit être l'affaire exclusive de l'agent d'affaires. Si ce n'est pas le cas, pourquoi alors, l'Etat s'est-il donné la peine d'insérer cette vieille profession mondiale dans son système? Nous sommes tous du même père, le ministère de la Justice.

 

Comment comptez-vous organiser cette corporation dans cette dynamique d'émergence de la Côte d'Ivoire ?

Nous voulons donc contribuer à développer nos compétences et savoirs qui puissent répondre aux défis des agents d'affaires. La liberté ne signifie pas le chaos parce que l'unité du mouvement syndical est indispensable. Il y a donc une nécessité de resserrer les rangs, de renforcer le mouvement syndical pour améliorer les conditions de travail et même contribuer au développement de la Côte d'Ivoire. Je pense que l'histoire nous condamnera si on n'aide pas le syndicat à faire face à ces maux grandissants dans notre profession. Telle que les agences immobilières qui nous font la concurrence. Je terminerai par  cette forte doléance au gouvernement de ce que cette année 2024, soit pour nous agents d'affaires judiciaires, l'année de l'effectivité du décret d'application de notre profession.

Entretien réalisé par Bleu Vincent à San-Pedro