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Alors qu’on croyait l’épisode connaître son épilogue, parce que le chef de l’Etat ivoirien a promis s’en occuper personnellement, voilà que rebondit l’affaire des écoutes téléphoniques. Les autorités militaires judiciaires du voisin du nord, viennent d’émettre un mandat d’arrêt contre le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire.

 

En effet, Guillaume Soro est accusé par la justice militaire burkinabé d’avoir trempé dans la tentative de coup d’Etat du général Gilbert Tiendéré de septembre dernier.

 

« Ce mandat d’arrêt signifie qu’il est recherché par la justice burkinabè pour être entendu sur un certain nombre de faits qui lui sont reprochés », confie notamment une source sécuritaire proche de l’enquête.

 

En effet, selon plusieurs écoutes téléphoniques supposées, le PAN ivoirien aurait essayé, en collaboration avec Djibrill Bassolé, l’ancien ministre des Affaires étrangères de Blaise Compaoré, de soutenir les putschistes de l’ex-RSP lors de leur tentative de coup d’État à Ougadougou.

 

Le 23 décembre, Sita Sangaré, le directeur de la justice militaire en charge de l’enquête sur le putsch manqué du général Gilbert Diendéré et de l’ex-régiment de sécurité présidentielle (RSP), avait révélé que des « écoutes téléphoniques » avaient été versées au dossier, sans toutefois préciser leur contenu ni les interlocuteurs impliqués.

 

Alors que le ministre de la sécurité de la Transition émettait des doutes légitimes sur l’authenticité de ces écoutes, l’ancien Premier ministre prenait le contre-pied parfait de son collègue pour soutenir que les écoutes étaient « authentiques ».

 

Devant l’ampleur que prenait cette affaire, le président ivoirien, à son retour du sommet Chine Afrique en Afrique du Sud, avait annoncé qu’il prenait la question en main.

 

Ce qui a obligé Guillaume Soro à se garder de toute autre réaction, si ce n’est que pour expliquer ce qui s’est réellement passé, à ses collègues parlementaires ou encore à ses parents de la région du Tchologo.

 

L’affaire était donc censée se régler entre Etats, c’est-à-dire au niveau diplomatique entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso. Surtout que les deux chefs d’Etat se sont rencontrés par deux fois ( à l’investiture de Roch Marc Kaboré et au sommet de l’UEMOA au Bénin) et sont également censés avoir discuté de la question.

 

Ainsi, ce mandat d’arrêt contre le président de l’Assemblée nationale ivoirienne peut s’analyser comme un acte de défiance vis-à-vis de la Côte d’Ivoire et des autorités politiques ivoiriennes. Question : Le Burkina veut-il tester la capacité de réaction diplomatique de son voisin du sud ?

 

En tout état de cause, on émet des mandats d’arrêt contre des personnalités qu’on estime pouvoir arrêter sans conséquences dommageables pour le pays hôte. Surtout qu’entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, il n’y a que des relations d’amitié et de fraternité. C’est ce rapport de bon voisinage que les autorités judiciaires burkinabè veulent détruire en s’entêtant pour lancer un mandat d’arrêt contre Guillaume Soro.

 

D’autre part, il revient selon des sources proches du parlement ivoirien que le principal concerné n’a reçu aucune notification de ce mandat. Encore moins les autorités ivoiriennes. C’est un acte qui n’existe pas, en conséquence.

A.K.