IBK.jpg

Ibrahim Boubacar Kéita relève la tête et tente de rattraper le cours de l'histoire au sortir de sa rencontre avec la délégation de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) conduite par l’ancien président nigérian Jonathan Goodluck. Dans sa déclaration IBK, désormais gagné par la sagesse semble privilégier l’intérêt supérieur de son peuple. Ci-dessous, ses propos empreints de sagesse qui sonnent comme un désaveu pour les leaders de la CEDEAO.

« Non à mon rétablissement à la tête de l'Etat malien, car ce serait une nouvelle violation de la constitution de mon pays. Cette rupture devrait entraîner une nouvelle élection à laquelle je ne participerai évidemment pas.

Je suis sensible à l’attention que mes pairs n’ont cessé de porter à mon pays depuis quelques temps. Sans entrer dans les détails du coup de force militaire, j’ai toujours dit qu’on n’est jamais un bon président, car la voix des peuples porte plus loin que nos capacités d’action. Ma décision est donc prise en toute conscience et liberté. Que nul ne fasse violence sur le peuple malien afin de satisfaire des ambitions autres que les actes clairement posés par mes soins. Je ne retournerai pas aux affaires, même pas pour une seconde. Toutefois, je vous suis reconnaissant. Je vous remercie ».

 

La junte propose une transition de trois ans avec une direction militaire

 

Au terme d'un week-end de discussions, CEDEAO et putschistes au pouvoir à Bamako sont d'accord pour tourner la page IBK. Mais les discussions doivent se poursuivre sur la transition de trois ans telle que proposée ce 24 août par les putschistes.

La junte, au pouvoir Mali depuis qu'elle a renversé le président Ibrahim Boubacar Keita le 18 août, souhaite qu'un organe de transition dirigé par un militaire soit mis en place pour une période de trois ans, selon des sources internes à la junte et à la CEDEAO. Des informations qui surviennent à l'issue de 48h de pourparlers avec entre l'organisation ouest-africaine, venue en délégation à Bamako, et les officiers du Conseil national pour le salut du peuple.

« La junte a affirmé qu'elle souhaite faire une transition de trois ans pour revoir les fondements de l'État malien. Cette transition sera dirigée par un organe présidé par un militaire, qui sera en même temps chef de l'État » indique une source au sein de la délégation ouest-africaine à Bamako. Un responsable de la junte confirme « les trois ans de transition avec un président militaire et un gouvernement en majorité composé de militaires ».

 

Poursuite des discussions

 

Autre annonce majeure, les militaires du CNSP acceptent que le président déchu Ibrahim Boubacar Keïta retourne à son domicile, ont indiqué dimanche soir des sources de la CEDEAO et de la junte. « Et s'il souhaite voyager pour des soins, il n'y a pas de problème », a également indiqué la source de la CEDEAO.

Quant à l'ancien Premier ministre Boubou Cissé, arrêté en même temps que le président Keïta et détenu dans le camp militaire de Kati, dans la banlieue de la capitale, « nous avons obtenu de la junte qu'elle accepte qu'il soit dans une résidence sécurisée à Bamako », a ajouté ce responsable ouest-africain.

Toutefois, les discussions vont se poursuivre ce lundi, la CEDEAO voulant que la junte revoie sa copie. D'après nos informations, lors de ces négociations, le médiateur en chef de la CEDEAO Goodluck Jonathan a lancé : « Regardez, nous avons essayé ça un moment au Nigeria, ça n'a pas marché ». Après la réunion celui-ci a déclaré : « Nous avons obtenu des compromis sur un certain nombre de points, mais sur tous les points de discussion. Nous ne voulons pas donner des informations partielles à la presse. On s’en tient à cela pour le moment. Notre préoccupation lors de ces négociations reste la même : trouver une issue heureuse qui puisse satisfaire tous les Maliens ». L'entourage du médiateur ne le cache pas, il faut une transition beaucoup plus courte. Ce mercredi 26 août, les chefs d'État de la CEDEAO vont se réunir par visioconférence pour décider de la suite, avec deux options au choix : alléger les sanctions que l'organisation a imposées juste après le coup d'État ou bien les durcir s'ils estiment que la junte ne donne pas assez de gages de bonne volonté.

A.K. avec Rfi