Les démocraties bananières...
La démocratie bananière pour les Républiques BANANIÈRES, dixit Alpha Bondy. On serait alors tenté de se demander, c'est quoi une République bananière ?
Un ancien président français disait que la démocratie était un luxe pour l'Afrique. Avait-il tort?
Après la chute du mur de Berlin, le 9 novembre 1989, un vent de changement se mit à souffler sur l'Europe de l'Est. Plusieurs pays entreprennent alors des réformes démocratiques.
La démocratie qui est le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple et qui contraste bien avec le communisme chinois ou russe. Mais l'idéologie communiste n'a jamais empêché le développement de la Russie ou de la Chine. Même si le national socialisme est présenté comme une menace permanente. Et le communisme comme la terreur ou la peste rouge.
Après donc la chute du mur de Berlin, un nouveau vent de "liberté" se mit à souffler sur les pays de l'Europe de l'Est, anciennement membres de l'ex-URSS.
Des satellites de la fédération Russe qui s'est désintégrée.
Dans un discours mémorable de François Mitterrand à la Baule, le 19 juin 1990, le président français va enjoindre aux chefs d'Etat Africains de s'ouvrir à ce nouveau vent DÉMOCRATIQUE. Sous peine de ne plus recevoir d'aide au développement. Dans la foulée, il établit une corrélation entre démocratie, (multipartisme) et développement. Comme quoi, sans démocratie, pas de développement.
Les partis uniques doivent alors disparaître pour que vive le multipartisme tant souhaité par les opposants clandestins, qui y voyaient une rare opportunité inespérée et même une panacée. C'était l'âge d'or des médiats français sur le continent, notamment RFI.
Contraints et abattus, la queue entre les jambes et la mort dans l'âme, les présidents africains n'eurent d'autres choix que de s'exécuter. Mais tant qu'à faire, il fallait vraiment y aller. Alors une pléthore de partis, (dont certains sont rigolos et anecdotiques), se sont mis à foisonner dans les pays africains. Sans culture politique, sans instructions adéquates, voici nos nations désormais démocratiques. Avec des populations avec un fort taux d'analphabétisme.
Mais, cette nouvelle donne a servi de lit pour la DÉSTABILISATION PERMANENTE de nos jeunes Etats et favorisé une économie de prédation. De démocratie, on en a adopté que le nom et la forme. Les élections sont truquées et opaques, via l'achat de conscience et de voix, le clientélisme, la corruption, le TRIBALISME,
L’instrumentalisation de la justice. Oui, dans nos démocraties tropicales, la justice est toujours aux ordres du pouvoir. Jamais indépendante. Toujours inféodée au pouvoir. Elle se confond au pouvoir et constitue son bras séculier pour brimer et opprimer, voire criminaliser l'opposition.
Et cette dernière elle aussi, emprunte parfois des raccourcis pour prendre le pouvoir d'Etat tels que la rébellion, les coups d'Etat ou autres soulèvements en arguant d'un déficit de démocratie. Mais bien souvent, une fois au pouvoir, elle fait la même chose, sinon pire que le pouvoir combattu.
Dans cette atmosphère, les économies sont fragilisées et des multinationales y lancent des OPA. Complètement déstructurées après les fameux ajustements structurels et des privatisations sauvages qui ont fini par mettre à genoux ces jeunes nations et hypothéquer leur avenir. Avec des coupes budgétaires suicidaires dans des secteurs clés et de souveraineté comme la santé, l'éducation, la sécurité, sacrifiant ainsi leurs jeunesses.
Devant tout ce tableau sombre, la seule préoccupation des institutions internationales comme l'ONU, le FMI ou la Banque mondiale et les pays occidentaux, reste l'organisation d'élections. Oui, pour eux, il suffit d'organiser des élections onéreuses et ruineuses qui ne confèrent ni légitimité ni stabilité et le tour est joué. Vous êtes frappés alors du label "démocratie", le sésame parfait. Mais ces élections toujours contestées, font plus de tort car le processus n'est pas crédible, fiable et transparent. C'est un processus crisogène.
Ainsi chaque scrutin fait peser de grands risques sur nos Etats fragiles, aux institutions bancales. Mais qu'importe? Il y a eu élection? Peu importe dans quelle condition. Il y a un vainqueur. Peu importe s'il a fraudé, tué et emprisonné pour y arriver. Shut, circulez!!! Il n'y a rien à voir. La démocratie se porte bien.
Bienvenue dans la démocratie bananière pour les Républiques BANANIÈRES. Ici la manifestation pacifique n'est pas un droit mais un crime. Pas de droit institutionnel pour les opposants. L'expression n'est jamais libre. Le président-monarque est dieu. Il a droit de vie ou de mort sur ses sujets. On ne doit jamais le contrarier. Il faut chanter à gorge déployée ses louanges. Il est parfait et est le plus intelligent et aussi le plus beau. Malheur à qui pense le contraire et ose le murmurer. La bastille ou la guillotine ? C'est au choix!
Une contribution du Pasteur Julien Kouassi