Guinée / Alpha Condé renversé
En Guinée, des officiers des forces spéciales ont affirmé, ce dimanche 5 septembre, avoir capturé le chef de l'État Alpha Condé et avoir dissout les institutions mais une grande confusion régnait à Conakry sur qui était maître de la situation.
Le ministère de la Défense a ainsi assuré avoir repoussé l'attaque des forces spéciales contre la présidence, malgré la diffusion d'une vidéo montrant le président Condé entre les mains des putschistes.
« Nous avons décidé, après avoir pris le président qui est actuellement avec nous, de dissoudre la Constitution en vigueur, de dissoudre les institutions. Nous avons décidé aussi de dissoudre le gouvernement et la fermeture des frontières terrestres et aériennes », a déclaré le chef des forces spéciales, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, au côté de putschistes en uniforme et en armes, dans une vidéo adressée à un correspondant de l'Afp.
Dans une interview exclusive accordée à France 24, Mamady Doumbouya a également affirmé que ses hommes détenaient Alpha Condé. « Le président est avec nous. Il est dans un lieu sûr. Il a déjà vu un médecin », a-t-il déclaré. Dénonçant la « gabegie », le lieutenant-colonel Doumbouya, drapé dans un drapeau guinéen, a ensuite réitéré cette déclaration à la télévision nationale peu après 14 h GMT, interrompant les programmes habituels.
Les putschistes ont également diffusé une vidéo, non authentifiée, du président Condé entre leurs mains. Ils lui demandent s'il a été maltraité et Alpha Condé, en jeans et chemise froissée dans un canapé, refuse de leur répondre.
Ce coup d’État a été mené par les éléments du Groupement des forces spéciales (GPS), une unité d’élite de l’armée aussi bien entrainée qu’équipée.
À sa tête, le colonel Mamady Doumbouya, un Malinké originaire de la région de Kankan. Ancien légionnaire de l’armée française, il a été rappelé en Guinée pour prendre la tête de ce corps créé en 2018. Ces derniers mois, sa volonté d’autonomiser le GPS par rapport au ministère de la Défense avait suscité la méfiance du pouvoir de Conakry. En mai, des rumeurs infondées faisant part de sa possible arrestation avaient même circulé dans la capitale guinéenne.
Mamady Doumbouya et les éléments du GPS font en ce moment face aux soldats de la garde présidentielle. Ce n’est pas la première fois qu’Alpha Condé est confronté à une tentative de putsch – en 2011 notamment, son domicile avait été la cible d’un assaut – mais, cette fois-ci, la qualité des putschistes rend la situation “sérieuse”, selon des sources sur place.
A.K.