Déguerpissement sauvage à Abidjan : Les actes manqués de Cissé Bacongo qui lui ont fait perdre des plumes
Gesco a donné, après la CAN 2023, le "coup du marteau" à Cissé Ibrahim dit Bacongo. Qui vient d'être court-circuité.
Si, en tant que maire, le démantèlement, en 2022, du quartier Houphouët-Boigny 1&2 de Koumassi, ne lui a valu qu'un procès et des recasements de population à Yaou (axe Grand-Bassam-Bonoua), la destruction sauvage du quartier loti de Yopougon est l'acte manqué, la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Elle a fait perdre des plumes au "maire des maires" d'Abidjan.
Ayant rapidement pris, en effet, la pleine mesure de l'émoi général avec la grève de la Fesci, le mardi 27 février 2024, pour paralyser des écoles et universités à Abidjan, le gouvernement, au Conseil des ministres du 28 février, a choisi son camp, la population. Il s'est désolidarisé de la méthode brutale et inhumaine du ministre-gouverneur du district autonome d'Abidjan pour le faire tomber de son piédestal.
Et pour remettre les choses à l'endroit, l'Exécutif a donc mis en place une coordination pour piloter les opérations. Elle est assurée par Robert Beugré Mambé, ancien ministre-gouverneur et actuel Premier ministre, ministre des Sports et du Cadre de vie. Il est décidement l'homme qu'il faut à la place qu'il faut.
De plus, pour privilégier l'humanisme et le respect de la dignité, le gouvernement a changé de logiciel. Il n'est plus question ni de démolition ni de déguerpissement, mais d'assainissement d'une trentaine de zones en situation de hauts risques, au lieu de 176 sites dans les 13 communes du district d'Abidjan.
Dans la tempête après les échanges musclés avec Adama Bictogo, président de l'Assemblée nationale et maire de Yopougon, et la mise en garde ferme du prêtre Norbert Abékan, fils du village d'Anono (Riviéra), Bacongo avait commencé à reculer. "La liste des 176 zones à risques comporte des zones qui ne sont plus à risques, notamment Anono," a-t-il retropédalé.
Mais il était trop tard; le mal ayant déjà été fait. Et seulement deux mois après sa nomination, le 27 décembre 2023, au poste de ministre-gouverneur, Bacongo perd une bataille non seulement de l'opinion mais politique et de leadership. Il a oublié, à ses dépens, que "lorsqu'on t'envoie, il faut savoir t'envoyer."
Une contribution de F. M. Bally