Côte-d’Ivoire / Comment mettre fin aux monopoles CIE, Sodeci, SIR, RTI: la recette de Koulibaly
LIDER le répète depuis sa création : Les monopoles appauvrissent les consommateurs. En clôture du séminaire-bilan de l’an 5 de la gouvernance Ouattara intitulé «La copie (Ouattara) face à l’original (LIDER)», le président de Liberté et Démocratie pour la République, le Prof. Mamadou Koulibaly, a exposé la méthodologie avec laquelle il mettrait fin aux différents monopoles qui cadenassent le marché ivoirien, emprisonnant les consommateurs, empêchant la création d’emploi, faisant exploser le coût de la vie. Cependant il ne suffit pas, pour le gouvernement, de s’inspirer des concepts et du programme de LIDER. Il serait souhaitable qu’il ait aussi la volonté de les mettre en œuvre sans les travestir. Mais Ouattara osera-t-il ou faudra-il que les populations de Côte d’Ivoire attendent l’arrivée de LIDER au pouvoir pour sortir enfin de la pauvreté ? Écoutons Mamadou Koulibaly.
Le mensonge d’Etat à propos de l’électricité*
«Le président de la République dit qu’il va envisager dans quelle mesure il pourrait étudier la possibilité de rompre éventuellement si possible au cas où le monopole de la Cie… Rompre les monopoles : ça c’est un discours de LIDER depuis longtemps !! Seulement, quand on a dit ça, on ne prend pas l’avion pour voyager. On donne des instructions précises : «Vous avez un contrat qui coure jusqu’en 2020, j’ai décidé de rompre le monopole. Soit ce sera en 2020, soit ce sera immédiatement. Quelles sont les conséquences ?»
A LIDER on dit que pour finir avec les monopoles, on ne fait même pas de palabres avec la Cie ou la Sodeci. De la même façon que vous avez des producteurs de Awa, de Olgane ou de Céleste, ce qui signifie qu’on n’est pas obligé de produire l’eau dans un monopole, de la même façon, on peut avoir un distributeur différent dans chaque région. A Odienné, un distributeur ; à Bouna, un autre distributeur, et puis on n’est pas tous dans la même Sodeci.
Pour l’électricité, vous avez vu la démonstration que LIDER vous a faite. Nous disons : il faut laisser tomber la taxe de 48% de droits de douane sur les panneaux et les équipements solaires ! On garde juste 2 à 3% pour la taxe statistique, et les familles, les ménages, les particuliers, les villages, les cours communes pourront les acheter à moindre frais et les utiliser. Et pendant que nous utilisons le solaire, le courant produit par Azito, Ciprel, Aggreko et autres va être mis à la disposition des industriels et des entreprises.
Nous travaillons dans ces industries. Ce sont elles qui nous fournissent de l’emploi et qui nous paient, et si elles sont mal approvisionnées, avec pas assez de courant ou du courant de mauvaise qualité comme l’a décrié le DG de Randgold récemment, notre travail peut être mis en danger. On fait un arbitrage et on dit : les ménages, vous vous allez vous approvisionner au solaire. On casse le prix du solaire. La journée, pendant que le soleil brille et que l’on est au travail, la maison fonctionne avec le solaire. Le soir, on utilise un peu le solaire et quand les entreprises ferment, on fait un mix de solaire et courant normal. Si on ne le fait pas, on sera toujours dans le noir, toujours en train de dire «la dette du secteur doit être comblée».
Comment résorber la dette infrastructurelle du secteur de l’électricité*
Le directeur de l’énergie a donné les chiffres. La dette du secteur était de 63 milliards en 2014. A cela va s’ajouter la dette de 2015 et de 2016. Et on sera toujours en train d’augmenter les prix parce qu’il faut payer la dette. Le courant, ce n’est pas comme les mangues, quand vous récoltez, vous mangez un peu et vous déposez le reste. L’électricité, quand c’est produit, ça s’en va et il faut consommer. Par exemple, lorsque Azito produit 1.000 MW, l’Etat achète 1.000 MW. A la CIE de vendre. Or, il y a des pertes. Entre Azito et le consommateur, on perd au moins 30 à 40%. Ces pertes-là sont déjà payées. Et c’est l’argent des 700 qu’on va vendre qui va servir à payer les 1.000. Ça veut dire que ça va être dur !
On ne peut pas aller au nucléaire parce que les grands pays disent que c’est trop compliqué pour nous. Soit ! Mais le soleil là, c’est au-dessus de nos têtes, ça nous brûle, ça nous fait transpirer, c’est gratuit et en pagaille. Le charbon, pourquoi pas ? On dit que c’est polluant, c’est vrai, mais ça donne du courant moins cher que le courant du gaz et du fuel. Alors si on peut aller au charbon, pourquoi pas. Les pays d’Afrique du Sud là-bas ont du charbon, ont construit des usines. La technique a beaucoup évolué. C’est toujours polluant mais ce n’est plus le charbon de l’époque de Germinal de Emile Zola. Le charbon, de plus en plus, est propre. Mais pourquoi s’arrêter aux cas de l’eau et du courant ? Ouvrons aussi le marché du pétrole.
La fin du monopole dans le secteur du pétrole*
Ailleurs dans les grandes villes du monde, le pétrole raffiné n’a pas le même prix dans toutes les stations-services. Les prix ne sont pas homologués par le gouvernement. Le prix que vous fixez dépend de là où vous vous approvisionnez. Si les gens ont la liberté de se fournir en Russie, en Arabie Saoudite, au Qatar ou ailleurs, la station en face peut fixer un prix, celle un kilomètre plus loin un autre prix. Comme cela, il y a de la compétition, de la concurrence et le consommateur en profite. Pourquoi maintenir ce monopole de la Sir et toujours nous rappeler que le secteur est déficitaire ? Mais allons plus loin dans la libéralisation. Allons jusqu’aux médias d’Etat.
Le destin des médias d’Etat*