Côte d’Ivoire / Libération des prisonniers : Joie et autres attentes
Dans nos colonnes, s'il y a un religieux qui n'a jamais cessé d'appeler à la libération de nombreux prisonniers aux cas équivoques dans ce pays, c'est bel et bien, le père Basile Diané, curé de la paroisse Saint Antoine de Padoue, par ailleurs journaliste, écrivain et militants des droits humains.
A l'annonce de la libération de celui qu’il appelle affectueusement son "fils spirituel" Soul to Soul, nous avons recueilli par téléphone ses impressions à chaud.
« Je ne peux que bénir le seigneur qui a touché le cœur du chef de l'Etat qui a enfin accepté d'ouvrir son cœur à la grâce de Dieu. Je lui dis Merci. MERCI A DIEU ET MERCI AU CHEF DE L'ETAT. Au cœur de ce temps fort de carême que nous vivons dans l'église, nos prières ont porté pour que le chef de l'Etat pose cet acte fort enfin pour ajouter une autre couche à la joie de ce peuple après le sacre miraculeux des Eléphants. Franchement quand j'ai vu la joie inextinguible du peuple de Dieu en Côte d’Ivoire à la CAN, je me suis dit que ce peuple a aussi droit au bonheur, ce peuple doit être heureux et tout doit être mis en œuvre pour qu'il y ait un retour à la communion des cœurs et des esprits dans ce pays. Dans vos mêmes colonnes ici, j'ai appelé à maintes reprises au retour du président Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé. Ils sont revenus, on ne vit pas bien ensemble ? Il nous faut définitivement fermer la page de nos haines, de nos rancœurs et de nos dissensions. C'est pour cela que je souhaite que le chef de l'Etat prenne les mesures nécessaires pour le retour de Soro Guillaume dans son pays et aussi de ses compagnons d'exil. Le cadeau que Dieu (le Dieu d'Abraham, d'Isaac, de Jacob et de Jésus-Christ et non nos fétiches et actes de sorcellerie) nous a fait avec cette CAN miraculeuse, reflet de la Gloire de ce Dieu de l'humilité et de l'impossible, ne peut pas s'accommoder avec nos actes de règlements de compte, de méfiance, de méchanceté et de cynisme. Je vais donc plus loin pour demander au chef de l'Etat de bien vouloir rendre cette joie globale, générale et véritable. Il s'agit de libérer nos prisons de tous ceux qui n'ont rien à y faire et qui y sont depuis de nombreuses années sans aucun jugement et qui sont de grands oubliés du système judiciaire. Pour avoir accompagné de nombreux prisonniers dans leur martyr, je plaide pour une mobilisation de tous pour libérer ceux qui ont largement dépassé leur temps de détention préventive. C'est une honte pour notre pays. De nombreux cas en prison relèvent de l'incroyable et de l'inimaginable. Que la grâce soit donc plus large et inclusive. Nos propres frères et sœurs, je ne cesse de lancer l'appel sont en souffrance de façon injuste bien souvent dans les prisons. Il faudrait les en extraire.
Pour que cette joie de la CAN se prolonge et marque encore les cœurs, je souhaite que le chef de l'Etat fasse arrêter les mesures de déguerpissement qui plongent la population dans le dénuement total, l'hécatombe et l'apocalypse. Je m'en ouvre humblement encore au chef de l'Etat puisque beaucoup de nos grands responsables religieux toutes tendances confondues sont généralement aphones, et ont d'autres préoccupations. Nos sénateurs et députés sont généralement aveugles, insensibles et complices de ce drame que vivent nos propres frères. Souvent, je me demande comment nous prêchons pour que sénateurs et députés ne puissent pas être un peu courageux pour parler et défendre la population démunie et désarmée face à toutes cette puissance occulte du mal et de la méchanceté. Ce qui se passe sous nos yeux (les casses et déguerpissements sauvages) est intolérable, inadmissible et insupportable. Je n'arrive personnellement pas à supporter, dans les images qui me parviennent, les cris de cœur des populations qu'on nous présente. Que la première dame qui est en carême comme moi et tous les catholiques, je vois de loin souvent ses bonnes actions, que son cœur de mère parle à son "époux " de président. Ce pays a trop souffert et on doit éviter que les Ivoiriens qui, à peine ont eu un peu de joie à la CAN, retombent dans le désarroi et l'épouvante.
Ce pays mérite mieux que de voir ses propres enfants s'auto flageller et se martyriser. Pour l'heure, merci au chef de l'Etat, félicitations à mon "fils" Soul (quel résistant !chapeau !) et on attend la suite ».
Correspondance particulière