Côte d’Ivoire / Le trafic d’espèces sauvages protégées en hausse malgré la répression : Une croissance de 5 à 7% observée chaque année
Le trafic d’espèces sauvages et le braconnage s’accélèrent. Pourtant, l’opinion publique semble plus sensibilisée sur l’enjeu de la protection des espèces, en raison d’une importante couverture médiatique. Mais le braconnage et le trafic n’en demeurent pas moins en progression à l’échelle internationale.
Selon l’Organisation internationale de police criminelle (Interpol), le trafic d’espèces sauvages protégées croît de 5 à 7 % par an. C’est la quatrième activité de criminalité transnationale organisée la plus fructueuse au monde après celles des stupéfiants, des contrefaçons et des êtres humains. C’est l’une des principales causes de la disparition des espèces. Selon les statistiques, le commerce illicite d’espèces sauvages est évalué à 20 milliards de dollars américains, soit 100 milliards Fcfa par an.
Un chiffre divulgué dans le rapport 2016 du Programme des nations unies pour l’environnement (Pnue) et Interpol. S’il est difficile d’avoir des tendances précises pour ce trafic, certains produits comme l’ivoire d’éléphant, les peaux de grands félins, les écailles de pangolins, concentrent l’attention et servent en quelque sorte d’indicateurs de son évolution. Il est également possible de suivre les tendances à partir des saisies de spécimens sauvages opérées dans les pays.
En Côte d’Ivoire par exemple, on assiste à des saisies record. Au total, 4.015 kg d’écailles de pangolins, 196 pointes d’ivoires bruts pesant 761,01 kg, 198 objets d’ivoires sculptés, huit pointes d’ivoires polies, un bébé chimpanzé vivant, deux peaux de lions et trois peaux de panthères ont été saisis en 7 ans, grâce à la collaboration entre l’Unité de lutte contre la criminalité transnationale organisée (Uct), la Direction de la police forestière et des eaux (Dpfe) du ministère des Eaux et forêts (Minef) et Eagle-Côte d’Ivoire.
De janvier 2023 à juin 2023, plusieurs produits d’animaux et des animaux vivants ont été saisis. Notamment 20 kg d’ivoires d’éléphants au mois de février, 150 perroquets de race gris du Gabon, Timneh et robustes en avril, lors de deux opérations conjointes entre l’Uct, la Dpfe du Minef et Eagle-Côte d’Ivoire. Un chimpanzé a également été saisi en mai, à Guiglo par le Minef avec le concours des Ong Akatia et Eagle Côte d’Ivoire.
D’autres animaux vivants ont également été saisis par le Minef. En l’occurrence, deux chimpanzés, un singe Patas, un singe Vervet et un singe Mone, détenus illégalement dans les villes d’Abidjan, Agboville, et Bouaké. La disparition de ces espèces sauvages est un marché lucratif. Plus un produit sera rare, plus il sera cher. Il est donc dans l’intérêt des trafiquants que les animaux sauvages disparaissent.
Le commerce illégal d’espèces sauvages est un crime organisé transnational majeur qui génère des milliards de fonds criminels chaque année. Et les trafiquants exploitent les faiblesses des secteurs financiers et non financiers pour déplacer, cacher et blanchir leurs produits. Ce qui permet de nouveaux crimes et porte atteinte à l’intégrité financière. Malgré ce fait, dans certains pays, le trafic de faune n’est pas reconnu comme une vraie menace. Alors que cela pousse les différents réseaux de trafic à prospérer.
A.C.