Bouaké / L’activité des prostituées en baisse, conséquence du climat sociopolitique tendu
Au rang des perdants de la crise postélectorale dans la ville de Bouaké, se trouvent les « vendeuses de sexes » communément appelées « Kpoklés ». Une situation qui est venue fragilisée cette activité la plus vielle du monde. Il est désormais difficile pour cette catégorie de personnes de s’arracher un client en une nuit.
Au « carrefour Fromager » au quartier Nimbo de Bouaké, capitale du Gbêkè, un endroit de prédilection de cette activité, un groupe d’une douzaine de personnes constituées de jeunes filles et femmes installées de part et d’autre de la chaussée, attendent impatiemment des potentiels clients, ce vendredi 13 novembre.
Il est peu plus de 21 heures, ce jour, jadis animé de bonnes affaires chaque week-end dans ce secteur, semble peu ordinaire. La présence des étrangers dans la ville pour divers événements ne répond en rien aux besoins. Des bars et snacks installés sur la voie menant au quartier Air-France, distillent des décibels donnant ainsi l’occasion à ces détentrices de « comptoirs de sexe » d’esquisser des pas de danse. Au passage d’un homme, ces dames à moitié nues accourent et proposent chacune « son produit » en y ajoutant quelques détails sur sa qualité. Dans ce comptoir de commerce du sexe, cigarettes et boissons accompagnent les noctambules dans des multiples coins d’ambiance festive.
Dans la foulée, chacune consciente du contexte actuel se met à l’œuvre pour s’arracher un client. F. B, un habitué du coin confiera que « le domaine d’activité des prostituées recrute au quotidien. Avant, il faillait être un habitué de ce milieu pour se rendre compte de telles pratiques. Mais aujourd’hui, plus nombreuses, elles s’exposent en bordure de route à la recherche du client ». Cette « suralimentation du comptoir » influence le prix. Actuellement, selon, S.K, un abonné, « il est plus facile de s’offrir une partie de jambe en l'air à 500F. Pourtant, il fallait débourser au moins 1000F. Le week-end, ce prix était multiplié par trois ». « Les étudiantes sont venues gâter la marché. Il n’est plus aisé d’avoir les clients. Ils sont toujours présents mais nous sommes de plus en plus nombreuses. Avant, certains clients nous invitaient dans la ville de Bouaké le temps de leur séjour mais depuis le début de la crise sanitaire du Covid-19 et à cela est venue s’ajouter la crise postélectorale, cette opportunité ne s’ouvre plus à nous. Au contraire, celles de l'université Alassane Ouattara sont venues nous retrouver au fromager et sur d'autres sites », confie, A.J, l’une des vendeuses de sexe aux aguets.
Pour les acheteurs de sexe, c’est une occasion à saisir. « Il y a toujours des gens qui gagnent derrière chaque malheur. Comment ne pas profiter de la présence de ces étudiantes pour se mettre en joie », confie cet autre habitué de ces lieux, M.P. A quelques mètres du lieu dit « au manguier » connu sous le nouveau nom « campus 3 », le site des étudiantes prostituées, non loin de la direction des Impôts, ce même vendredi à 22 heures 19 minutes, dans l’un des bars installés à cet endroit, la bière coule à flot, dans une ambiance surchauffée. Le porc pimenté agrémente la partie. Légèrement habillées, de quoi faire plaisir aux « financeurs », elles se font plaisir avec le minimum.
« On descend la bière d’abord même s’il n’y aura pas d’argent après. C’est rare d’avoir des occasions de cette nature aujourd’hui », lance l’une d’elles. « Le malheur des uns faisant le bonheur des autres », les habitués de ces coins capitalisent au maximum ces moments.
O. K.