Serge Alain Maguy, ancien joueur de l’Africa, de l’Asec et des Eléphants : « Simplice Zinsou a abusé de moi, tout mon salaire allait directement sur son compte »
Serge Alain Maguy n’est pas du content. L’ancien milieu de terrain gaucher de l’Arica sports, de l’Asec mimosas, des Eléphants de Côte d’Ivoire et de l’Athlético de Madrid (Liga espagnole) fait des révélations dans cette interview exclusive concernant ses rapports avec Simplice Zinsou, le président des Aiglons à l’époque de son transfert dans le club espagnol.
Que devient Serge Alain Maguy ?
Aujourd’hui Serge Maguy est toujours dans le milieu du sport. Je suis actuellement éducateur sportif à Lille en France. J’encadre les jeunes de 12 à 15 ans. Je mets tout mon savoir-faire au service des jeunes Français. Je m’épanouis dans ce métier. Pour moi c’est une continuité de ma passion, qui est le football.
Comment est venue en vous cette passion pour le football ?
Depuis mon enfance, j’étais un féru du ballon rond. Dans ma jeunesse, je jouais les tournois de quartiers. J’étais à Abobo derrière rail. C’est de là que la passion du football m’est venue. J’ai joué tous les comités d’Abidjan. De 1984 à 1986, j’étais encore gamin et je jouais un peu partout.
Avez-vous un parent qui jouait au football ?
Oui. Mon grand frère Georges Maguy jouait déjà au football. C’est lui qui m’a motivé à jouer au football. Nous étions d’une famille modeste et il fallait se battre pour gagner sa vie.
Comment s’est fait le recrutement dans votre premier club ?
C’est dans les tournois de quartiers dénommés comité que j’ai été détecté. Mon club était le Stella. J’ai été copté dans la catégorie minime du Stella club. Je me souviens encore de mon entraîneur, Monsieur Sanou. C’est ainsi que je me suis retrouvé un peu plus tard dans l’équipe de l’As Eeci (Ndlr : Energie électrique de Côte d’Ivoire).
Expliquez-nous un peu votre transfert de l’Africa sports à l’Atlético de Madrid qui a fait à l’époque beaucoup de bruits en Côte d’Ivoire ?
Après ma prestation à la coupe d’Afrique des nations de football (Can) en 1992, j’ai été copté par les recruteurs de l’Athlético de Madrid. Ils ont été impressionnés par mon jeu. C’est ainsi qu’ils ont contacté Simplice Zinsou, le président de l’Africa Sport à l’époque. Après leur accord, je suis allé faire un test et cela a marché et je suis resté.
Quel a été le rôle de Simplice Zinsou dans ce transfert
Le frère de Simplice Zinsou était ambassadeur en Espagne. C’est lui qui était en contact direct avec le club qui m’a recruté. C’est par l’intermédiaire de cet ambassadeur que j’ai été recruté à l’Athlético de Madrid.
Combien d’années avez-vous fait à Madrid ?
J’ai fait deux ans et demi. A la troisième année j’ai rejoint l’Asec Mimosas.
Un retour à l’Asec ? Pour quelles raisons ?
De l’Athlético à l’Asec, il y a beaucoup de choses qui se sont passées. Un footballeur quand il joue, il doit jouir de son art. Etant à l’Athletico, je ne percevais aucun salaire bien que je jouais. Je ne vivais que des primes parce que tout mon argent passait sur le compte de Simplice Zinsou, président de l’Africa Sport à l’époque. Des 420 millions Cfa annoncés à Abidjan, je jure sur la tête de mes enfants, je n’ai jamais touché un centime. C’est ce qui a été la pomme de discorde entre Zinsou et moi. Etant informé de cette situation, j’ai appelé le président Simplice Zinsou pour lui demander de me faire des réalisations à Abidjan, il me dit que si je ne veux pas jouer de retourner à Abidjan. A la suite de l’appel, M. Zinsou adresse un courrier à l’Athlético Madrid pour dire aux dirigeants madrilène que l’Africa a besoin de moi puisque j’appartenais toujours à l’Africa. J’étais encore naïf. J’étais très content de retrouver l’Europe, c’est pourquoi, j’ai signé un contrat de neuf ans sans prendre connaissance. Dans la foulée le même jour, j’ai joint au téléphone Me Roger Ouégnin (Pca de l’Asec). Je lui ai dit que je veux rejoindre son club, l’Asec Mimosas. Et je suis rentré en contact avec Ouattara Hégaud, qui était l’intermédiaire entre Roger Ouegnin et moi. Le président Zinsou a abusé de moi. C’est ainsi que j’ai pris mon billet, j’ai regagné Abidjan. La même année, j’ai déposé mes valises à l’Asec mimoas.
Avez-vous un regret ?
Pas de regret en tant que tel. Aujourd’hui, je gagne ma vie. J’ai fait une belle carrière de footballeur. J’ai été champion d’Afrique, j’ai pris des trophées avec l’Africa Sports. Certains pensent que c’est à cause de ma blessure que je ne pouvais pas encore jouer. J’ai évolué en Suisse pendant huit ans. Mais je n’oublierai pas ce que Zinsou m’a fait. Il n’a pas été gentil avec moi.
Dans lequel des clubs vous êtes-vous senti plus à l’aise ?
Je me suis senti très à l’aise dans l’équipe de l’Energie électrique de Côte d’Ivoire (Eeci) qui a pour rôle de veille sur les infrastructures électriques en Côte d’Ivoire. Puisque c’est ce club qui m’a révélé au grand jour. Et après, je me suis retrouvé au Stella et à l’Africa en 1990. Certains pensent que j’ai fait plus de 10 ans à l’Africa pourtant j’ai fait seulement que 4 ans.
Qui vous a inspiré au football ?
Paix à son âme. Il se nomme Miezan Pascal, ex-joueur de l’Africa Sport. Il habitait à Treichville et moi je quittais toujours le Plateau pour aller regarder ses matchs. C’est un model pour moi. Je me souviens toujours de son style de jeu sur les stades.
Quel est votre regard sur le niveau du football ivoirien ?
Je pense que le football ivoirien a beaucoup baissé. Les jeunes sont pressés d’aller en Europe pourtant ils ne font pas leur preuve dans le championnat local. C’est triste. Il faut que les dirigeants revoient cette situation. Ils doivent aussi intéresser les jeunes qui jouent dans les clubs en leur payant de manière conséquente. Le football, c’est un métier. Il faut que celui qui le pratique soit heureux. A notre époque, on avait des dirigeants passionnés du football. Que la fédération aussi accompagne le championnat.
Que retenez-vous de votre passage à l’Asec mimosas ?
J’ai eu un très bon parcours à l’Asec. Mais il y a un joueur qui m’a impressionné. Il se nomme Abdoulaye Traoré dit Ben Badi. C’est mon idole. Il a un talent pas comme les autres.
Certains racontent que la Can 92 a été remportée par les Eléphants grâce aux fétiches. Quels commentaires faites-vous ?
Je ne peux pas faire de commentaires. Je me suis toujours dit que les fétiches ne jouent pas au football. C’est dans la tête que tout se passe. Je ne te cache rien. Effectivement, il y avait des gens spécialement réservés pour préparer des matches. Pour ma part, c’est le talent de chaque joueur qui a permis que nous remportions la coupe à Dakar face au Ghana en 1992.
Interview réalisée par A.Z.