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Si la France avance à visage découvert en Afrique, c’est un tollé. Si elle avance masquée, c’est pire encore.

Le rejet de la politique française sur le continent, beaucoup plus palpable qu’un hypothétique sentiment anti français, ne fait plus aucun doute malgré les promesses d’amélioration dans les relations franco-africaines du président Macron à la fin de son premier mandat.

Cependant, candidat à la présidentielle, Macron a parlé d’un nouveau partenariat, de la fin de la France-Afrique et d’un avenir à offrir à la jeunesse africaine. Mais avec le temps, ces promesses se sont effondrés sur la réalité implacable d’une relation France – Afrique qui s’avère difficile à transformer. Quelles sont les raisons ?

Le retour au point de départ, six mois après sa première victoire présidentielle, lors d’une visite au Burkina Faso, en novembre 2017, Macron dans un discours courageux et audacieux, a répondu en affirmant que « l’Europe doit avoir une politique de coopération pour qu’un jeune Africain puisse se dire qu’il va réussir dans son pays », plutôt que de rêver d’une « Europe El Dorado ».

Quant à la sécurité au Sahel, le président français a appuyé les efforts français de l’opération Barkhane pour contrer les djihadistes dans la région. Mais Macron n’avait ni les moyens, ni les instruments, ni les partenaires pour mener à bien ces projets. Alors qu’en réalité, la poussée djihadiste a été en grande partie la conséquence de la destruction de l’ État libyen suite à l’intervention de l’OTAN en 2011, dans laquelle la France de Nicolas Sarkozy a joué un rôle central.

En outre, avec un passé aussi désastreux, un siècle de colonisation suivi d’un demi-siècle de France-Afrique au Mali, au Burkina Faso, le Niger, le Tchad et la République centrafricaine, ces pays figurent toujours en tête de liste des pays les plus pauvres du monde.

Face aux interlocuteurs médiatiques, le chef de l’Etat accepte les critiques parfois acerbes mais ne mâche pas ses mots. Comment expliquer que la diplomatie française est en effet plus sensible aux véritables intérêts de la France ? et que la France n’arrive pas à développer et entretenir des relations avec des dirigeants étrangers qui n’acceptent guère les canons démocratiques prônés par Macron lui-même, des dirigeants qu’il faut épargner pour, par exemple, préserver la présence française au Tchad ou une industrie nucléaire française qui s’appuie sur l’uranium du Niger.

Cependant, la France est contrainte d’admettre qu’elle n’a plus les moyens de réaliser ses ambitions, et qu’elle perd du terrain dans son champ d’influence traditionnel. Quand le Mali et le Burkina-Faso finissent par infliger une nouvelle injure à Macron en expulsant les ambassadeurs de France de Bamako et Ouagadougou.

Cette perception erronée des réalités africaines a amené le chef de l’Etat français à rechercher des boucs émissaires pour expliquer ses échecs en Afrique. Il s’est retrouvé à développer une sorte de fixation, voire une phobie, sur la présence de la Chine, de la Russie et de la Turquie en Afrique. Et parfois même sur le danger de la présence des troupes du groupe russe Wagner est totalement inefficace.

Un discours vain et pitoyable devant la réalité de la France coloniale et néocoloniale, dont l’armée française reste la force militaire étrangère dont l’Afrique a le plus souffert.

Abed Charef, un écrivain et chroniqueur algérien, pour Middle East Eye