Niger / La cinglante réponse de la junte aux émissaires de la Cedeao
La délégation de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), dépêchée jeudi à Niamey, a eu un bref séjour. Les émissaires du président en exercice de la Cedeao n’ont pu rencontrer ni le général Tchiani ni le président déchu Mohamed Bazoum.
Echec donc d’un retour à l’ordre constitutionnel par le dialogue. En effet, à peine entamées, les négociations de la mission de la Cedeao n’ont pas prospéré. Les rendez-vous avec le chef de la junte, le général Tchiani et le président Bazoum ont été annulés. C’est à l’aéroport de Niamey que les émissaires d’Abuja ont été stoppés net. L’ancien chef d’État du Nigeria Abdulsalami Abubakar et le sultan de Sokoto qui composent entre autres cette mission de la Cedeao ont rencontré en lieu place du Général Tchiani une délégation de la junte conduite par le responsable des opérations spéciales.
Les émissaires de la Cedeao ont donc été reçus dans une petite enceinte de l'aéroport. C'est là que le porte-parole des nouvelles autorités nigériennes leur a signifié les 3 messages principaux suivants du président de la transition :
1-L'ex président Bazoum ne sera pas libéré;
2-Qu'ils ont bien noté l'ultimatum de la Cedeao et qu'ils sont prêts à défendre leur pays;
3-Que tout pays de la région se joignant à cette intervention militaire illégitime et illégale de la Cedeao, sera considéré comme pays ennemi et devrait s'attendre à des représailles militaires du Niger et de ses alliés sur son sol.
Sur ce, la rencontre a pris fin et les émissaires de la Cedeao ont été priés de monter dans leur avion et de retourner à Lagos.
Les émissaires sont ainsi repartis dans leur fief, penauds, la queue entre les jambes. C'est à la suite de cela que le président de la Cedeao a annoncé, hier qu'il privilégie une solution à l'amiable.
C'est demain dimanche la fin de l'ultimatum guerrier. Tout le monde attend impatiemment la suite du dramatique feuilleton Cedeao-Niger.
Les putschistes ont durci le ton jeudi. La junte a dénoncé des accords militaires conclus avec la France. Elle a, dans la foulée, retiré les ambassadeurs du Niger auprès de la France, du Nigéria, du Togo et des Etats-Unis. Les hommes forts du moment ont annoncé qu’ils riposteront à « toute agression » de la Cédéao.
Le “SOS” de Bazoum
Pendant ce temps, le président nigérien déchu appelle à l’aide. Il a fait parvenir un texte au Washington Post, tabloïd américain selon Rfi. Dans cette tribune, Mohamed Bazoum réfute tous les arguments des militaires pour le déposer. Il y défend son bilan économique et revendique ses succès. Il dit enfin être pris «en otage» et appelle donc à sa libération.
A.K.