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Un réseau de trafiquants de perroquets entre Dakar et Abidjan a été démantelé les 11 et 12 avril 2023, lors d’une opération conjointe entre les deux capitales. 5 personnes appartenant à ce réseau ont été interpellées avec 126 perroquets saisis dans les deux pays.

Tout débute le 11 avril 2023, à Abidjan-Marcory, quand les éléments de l’Unité de lutte contre la criminalité transnationale organisée (Uct), de la Direction de la police forestière et de l’eau du ministère des Eaux et forêts (Dpfe-minef) et Eagle-Côte d’Ivoire, une ong spécialisée dans la lutte contre le trafic des espèces protégées appréhendent un présumé trafiquant d’animaux au moment où il s’apprêtait à vendre 92 perroquets. 

L’interpellation faite, les éléments de l’Uct mettent le grappin dans l’après-midi du mardi sur une deuxième personne domiciliée à Gonzagueville (Port-Bouët), supposée être le propriétaire des perroquets saisis. Les perquisitions effectuées chez ce dernier permettent de saisir 23 autres perroquets, portant le tout à 115 perroquets saisis dont 110 gris du Gabon, 2 timneh et 3 robustes.

L’enquête révèle que les oiseaux saisis ont été transportés illégalement du Cameroun en Côte d’Ivoire en transitant par le Nigéria. Les enquêtes permettent également de localiser un autre stock de perroquets, à Dakar au Sénégal, appartenant au présumé trafiquant arrêté plus tôt à Marcory. La coordination entre l’Uct, la police forestière des bureaux d’Interpol d’Abidjan et de Dakar, avec l’appui technique de Eagle Sénégal, permet la saisie de 11 autres perroquets Timneh et l’interpellation de trois présumés trafiquants, co-auteurs de ce trafic de perroquets, le 12 avril 2023 à Dakar.

 

Ce sont au total, 126 perroquets dont 110 gris du Gabon intégralement protégés, 14 timneh et 3 robustes, qui ont été saisis dans les deux pays. Arrêtés, pour « flagrant délit de détention, de circulation et de commercialisation illégale de produits fauniques », les deux présumés trafiquants de perroquets interpellés en Côte d’Ivoire ont été placés dans la foulée en garde à vue à l’Uct, à Abidjan-Cocody. Ils ont été ensuite déférés le lundi 17 avril 2023 au pôle économique d’Abidjan. Ces arrestations sont le fruit de la collaboration entre l’Uct, la Dpfe-minef, Interpol Abidjan et Dakar, Eagle-Côte d’Ivoire et Eagle-Sénégal.

Le dossier placé en instruction

Le dossier a été placé en instruction au vu du caractère transnational de l’affaire et des enquêtes à poursuivre dans de nombreux pays. Faut-il le rappeler, le perroquet gris du Gabon est un perroquet de taille moyenne, au plumage à prédominance grise, avec les plumes de la queue de couleur rouge. Très appréciés comme animaux de compagnie pour leur capacité à parler, les propriétaires de ces oiseaux ignorent souvent la capture cruelle de ces oiseaux. C’est-à-dire qu’ils sont souvent attrapés grâce à de la colle posée sur des branches, et l’arrachement à leur groupe. Un véritable traumatisme pour ces oiseaux intelligents, sensibles et sociaux. Sa large aire de répartition (de l'Angola en Côte d’Ivoire, en passant par le Kenya et la Tanzanie) explique sa relative abondance. Mais le commerce presque industriel de cette espèce a conduit à une chute dramatique des populations. Notamment au Ghana qui a perdu 90 à 99% de ses perroquets gris du Gabon d’après des études de populations faites par le Pr Annorbah pour l’« International Journal of Avian Science » publiées en 2015. La majorité des exportations de perroquets gris provient aujourd’hui d’Afrique centrale, puisqu’elle transite par le Sahel, avant d’être acheminée vers les capitales de l’Afrique de l’ouest (Abidjan, Dakar, Lagos) pour leur commercialisation hors du continent. Ou soit la demande internationale est encore extrêmement forte. Heureusement, le 20 janvier 2017, Psittacus erithacus (Gris du Gabon) a été définitivement supprimé de l’annexe II et inscrit à l’annexe I de la Convention de la cites (Convention sur le commerce international des espèces sauvages de faune et de flore) interdisant tout importation ou exportation de cette espèce à des buts commerciaux.  

A.C.