le-senegal-au-bord-du-chaos-silence-de-la-cedeao.jpg

La situation politique est explosive au Sénégal avant la présidentielle de 2024 et probablement l'entrée en lice du président sortant. Les partisans de l'opposant, en procès, Ousmane Sonko ont occupé, le jeudi 16 mars 2023, les rues pour affronter les forces de l'ordre.

Macky Sall qui s'opposait au 3è mandat d'Abdoulaye Wade, est gagné, lui aussi, par l'appétit du pouvoir. Il lorgne encore le fauteuil présidentiel. Et manœuvre, en se servant de la justice, pour obtenir l'élimination politique de son plus sérieux adversaire.

Face à une météo politique qui se dégrade dangereusement, la CEDEAO et son président en exercice (depuis 2022), le Bissau-Guinéen Umaru Sissoco Embalò, observent un silence assourdissant.

L'argument spécieux utilisé est une fuite en avant pour s'en laver les mains. L'organisation revendique la souveraineté des Etats et prétend, alors qu'elle sanctionne la rupture de l'ordre constitutionnel normal dans les pays membres, ne pas se mêler et ne pas dicter leur politique intérieure.

Adversaire politique du président Alpha Condé, Embaló était, pourtant, hier vent debout contre le troisième mandat des présidents de Guinée et de Côte d'Ivoire. Et il s'est ainsi accommodé, par exemple, du putsch militaire du lieutenant-colonel Mamady Doumbouya à Conakry.

Mais beaucoup d'eau a coulé sous les ponts. Il est désormais très proche du chef de l'Etat ivoirien et demeure dans le giron de son mentor Sall. Donc, son nouveau combat est non seulement la désolidarisation d'avec les pouvoirs militaires de la sous-région (Burkina Faso, Guinée et Mali), mais la création d'une force anti-coup d'Etat.

Il veut faire la passe. Et peu importe si le maintien au pouvoir de ses parrains est un coup d'Etat constitutionnel, c'est-à-dire en violation des dispositions du Protocole d'accord additionnel de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance.

F. M. Bally