Le Père Basile Diané aux donateurs des 95 véhicules aux chefs : « Pardonnez, ayez pitié des Ivoiriens ! »
L'actualité en Côte d’Ivoire est marquée par le don de 95 véhicules aux chefs akye et tchaman. Cela n'a pas échappé au Père Basile Diané, journaliste écrivain engagé dans une œuvre humanitaire et qui, au cours d'une célébration communautaire dans sa chapelle privée a tenu à prier pour que la côte d'Ivoire tourne la page à de telles pratiques équivoques et révoltantes.
« Au moment où une partie de la population est en souffrance pour cause de déguerpissement sauvage, au moment où nos étudiants dorment et étudient dans de telles conditions de précarité, au moment de nombreux enfants orphelins et de nombreuses veuves se battent pour avoir un minimum vital, venir poser un tel acte révèle à mon sens du mépris pour la souffrance de tant de couches sociales. Un tel don groupé est inopportun et une injure à notre conscience collective. J'ai trop mal que dans ce pays, une grande majorité d'intellectuels se tait pour cautionner de telles forfaitures. J'ai fait un simple calcul et j'ai le tournis. Avec tout cet argent, on peut reprofiler de nombreuses routes, mettre des cités universitaires en état, donner des subventions aux communes pour prendre en charge la scolarité des orphelins et mettre en place un système d'autonomisation des veuves. Il y a tant à faire pour le bien communautaire que de créer un îlot de bonheur solitaire ».
On peut légitimement comprendre la "sainte colère" de ce prélat qui, on s'en souvient, a préféré faire "don" de la voiture de plus de 50 millions à lui offerte à l’occasion de ses 25 ans de sacerdoce pour faire construire des œuvres sociales au profit des veuves et des orphelins.
Il voudrait lancer un appel aux récipiendaires. « Je demande à ceux qui ont reçu ses voitures de les transformer en œuvre communautaire. Elles peuvent servir d'ambulance ou sorte de transport d'urgence pour les populations démunies. Je suis un prêtre et je voudrais demander aux chefs de ne pas se maudire et se condamner avec un tel don injuste. Les populations sont en souffrance et les voir passer seuls dans ces bolides, serait signe de mépris face à leur indigence et leurs souffrances. Il faut éviter de "condamner" et de lier sa vie et celle de ses enfants sur des générations par l'utilisation de ces biens qui nient et banalisent la vie d'une population martyre », lance l’homme de Dieu.
Et le père journaliste écrivain, promoteur de l'ong ‘’Boukami’’ au service des pauvres et des orphelins de conclure. « Notre pays n'a pas besoin d'un tel spectacle hideux et honteux. Sur quelles bases ou sur quels critères on se permet cette si scandaleuse gabegie? On est tombé sur la tête dans ce pays. Je n'arrive pas à regarder les images de mes chefs. La Côte d'Ivoire n'a pas besoin de spectacle, de folklore et de telles pratiques asservissantes et ostentatoires. Elle a plus que jamais besoin d'une véritable politique sociale et humanitaire. Le peuple est en souffrance. Je ne sais pas si on est dans le même pays mais je demande à nos dirigeants d'ouvrir les yeux et de bien se renseigner. Il y a la misère au pays. A défaut d'y apporter une solution durable, il faut éviter d'insulter l'intelligence collective et de narguer les démunis. S'il y a tant d'argent au pays, créez des emplois, partagez sainement la richesse. Plus jamais une telle cérémonie ! De grâce, respectez-nous!
Que Dieu ait pitié de nous!