Côte d’Ivoire / Soubré : Les commerçants nient les faits et accusent les politiciens
L’affaire ‘’ commerçants contre le maire’’ de Soubré livre ses secrets. Rentré de toute urgence d’une mission au lendemain des scènes de pillages et d’incendies de la mairie et du domicile du maire Traoré Lassina, le Préfet de région Ali Ali Kouadio a convoqué une réunion de crise en présence d’une délégation partie d’Abidjan, représentant le ministre de l’Intérieur. Cette réunion à laquelle ont pris part les cadres, commerçants et leaders d’opinion de la ville, s’est tenue le mercredi à partir de 21h. L’occasion a été très bonne pour les commerçants de donner leur version des faits devants les autorités administratives selon une source très proche de la préfecture de région. « Nous ne nous reconnaissons pas dans les manifestations qui ont conduit aux pillages et incendies de la mairie et du domicile du maire. Nous invitons l’Etat à bien ouvrir les yeux sur ce qui se passe car les politiciens ont récupéré notre malheur pour atteindre leur objectif », a déclaré Jean-Jacques Koffi, Secrétaire de la Fédération Nationale des Acteurs du Commerce de Côte d’Ivoire (Fenacci) section de Soubré. Il était minuit quand nous appelions l’auteur de cette déclaration qui la confirme en nous invitant sur les lieux pour mieux comprendre le sens politique des événements qui secouent Soubré en ce moment. Ci-dessous, ses propos :
« Nous sommes au téléphone et vous ne pouvez pas comprendre beaucoup de choses. Je vous invite sur le terrain pour comprendre véritablement le sens politique du malheur qui nous frappe. Si vous aviez été là au début, vous auriez su ce que nous étions en train de préparer et nous savions sur qui compter comme porte-parole pour atteindre notre objectif. Vous-mêmes, vous avez été à Soubré et vous savez que les commerçants de Soubré et moi-même qui suis leur premier responsable ne sommes pas violents. Nous ne pouvons donc pas organiser une manifestation allant jusqu’à piller et incendier la mairie et le domicile du maire. Je l’ai dit devant le Préfet et le Représentant du ministre et je répète, nous ne nous reconnaissons pas dans les manifestations qui ont conduit aux pillages et incendies de la mairie et du domicile du maire. Nous invitons l’Etat à bien ouvrir les yeux sur ce qui se passe car les politiciens ont récupéré notre malheur pour atteindre leurs objectifs. Celui qui veut déformer mes propos, qu’il le fasse mais je parle au nom des commerçants qui m’écoutent et qui me respectent très bien. L’incendie du marché est un malheur qui a frappé tous le monde. Moi-même qui vous parle, j’ai tout perdu. Comment faire pour nous relever était notre priorité car en réalité, c’est notre existence qui été menacée par le feu. Donc très tôt, nous nous sommes retrouvés et nous avons décidé de rencontrer les autorités afin de leur demander de permettre de nous réinstaller sous des stands sur la partie brûlée pour essayer de relancer nos affaires en attendant que la mairie ou l’Etat ne reconstruise notre marché. Puisque chacun reconnait sa place. Au moment où nous nous apprêtions à entamer cette démarche, nous recevons des envoyés du maire pour nous dire que le maire veut nous rencontrer le mercredi à 10h pour nous proposer un nouveau site sur lequel on devrait s’installer pour attendre la reconstruction du marché et que si cette proposition ne nous arrangeais pas, on devrait lui faire la notre qui allait être appliquée. Pour le problème du prix du nouveau site, c’est vous qui me l’apprenez. Sinon à ma connaissance, ni moi, ni aucun commerçant n’a eu une rencontre avec le maire pour parler de deux millions comme prix à payer pour la réinstallation sur le nouveau site. L’incendie s’est produite le lundi matin, les rencontres du maire et ses conseillers ainsi le corps préfectoral sont ont eu lieu la matinée du mardi suivant et les marches ont commencé juste en début d’après-midi. A quel moment cette rencontre a-t-elle eu lieu ? Est-ce que nous sommes bêtes pour aller casser une mairie quand on sait que si on demande au Président de la République de faire un choix entre une mairie incendiée et un marché incendié, sa priorité sera la reconstruction de la mairie ? Pendant ce temps, que devenons-nous ? Nous aurons ainsi résolu notre problème ? Que les gens arrêtent de nous accuser ! Nous sommes assez responsables pour agir de la sorte. Nous avons appris comme tout le monde qu’il y a une marche des commerçants. On était étonné. Ce qui s’est passé a été préparé pendant longtemps et les auteurs cherchaient la bonne occasion pour l’appliquer. Je ne jouerai jamais leur jeu car la politique ne peut pas me manipuler. J’assume ce que je dis. Je suis commerçant et je le demeure. Nous demandons donc à l’Etat de mener les enquêtes pour faire appliquer la loi dans toute sa rigueur. Nous avons demandé à l’Etat d’ouvrir les yeux à la réunion. Nous allons donc bien prendre connaissance du procès verbal de cette réunion avant de le signer et exiger une copie. Tout ceci pour le respect des commerçants que je dirige, à qui je dis encore ‘’yako’’ et je demande le calme tout en nous faisant confiance ».
Propos recueillis par E.K.