Côte d’Ivoire / La vérité sur les affrontements d’Odienné : voici ceux qui ont tabassé le jeune Doumbia Daouda
La vérité est en train d’être révélée, cinq jours après les échauffourées entre les employés de l’entreprise chinoise CNCTPC. Société de construction, en charge du bitumage de l’axe Odienné-Gbéléban long de 75,5km. Le projet est essentiellement financé par la Chine. Depuis le démarrage des travaux d’exécution, il est à la phase de terrassement avec des employés chinois (54) et locaux (245). Seulement depuis le week-end dernier, les travaux sont arrêtés suite à une bagarre entre les employés, avec une influence certaine sur le délai d’exécution des travaux. Les parties interrogées révèlent qu’il s’agit d’un malentendu sur la question paiement des heures supplémentaires. M. Chang que nous avons rencontré, hier au siège de l’entreprise à Abidjan, (il est rentré précipitamment avec un blessé pour ses soins) impute la responsabilité de cette bagarre aux employés locaux avec à leur tête Fofana Sekou, délégué du personne. « Ces derniers jours, les employés locaux avec à leur tête Fofana Sekou se plaignent beaucoup concernant les heures de travail et des salaires. La direction des travaux, selon la loi locale, a déjà augmenté le salaire à la demande du syndicat/ Mais pour les heures supplémentaire, M. Sekou demande 1000 f par heure. Ce qui n’a pas de référence dans la loi et donc est irraisonnable. Il nous est difficile de l’accepter », explique le responsable chinois. Alors que les employés locaux décident d’entrer en grève, l’entreprise fait appel à des travailleurs venus de Seydougou et de Gbéléban pour travailler le samedi et le dimanche. C’est ainsi que l’ayant appris, les employés locaux se rendent sur le chantier pour vérification. Une fois sur place, la situation dégénère. Les nouveaux appelés venus des localités environnantes sont violemment pris à partie par ceux qui avaient décidé d’observer un arrêt de travail. La bagarre est inévitable. « Une dizaine d’employés locaux avec à leur tête Fofana Sekou avec cinq motos surgissent, arrêtent les travaux et tabassent les travailleurs. Plusieurs blessés. Le conducteur d’engin loué à Abidjan a été menacé et n’ose plus rester à Odienné, il est donc retourné à Abidjan », indique M. Chang. Il nous montre une image sur laquelle on voit Fofana Sekou lever la main sur un travailleur de la CNCTPC. Doumbia Daouda, le visage tuméfié, celui dont l’image circulait sur les réseaux sociaux raconte. « Le samedi soir (ndlr : 1er avril) après le travail, j’attendais un véhicule pour me rendre à Odienné. Et comme aucun véhicule n’arrivait, j’ai décidé d’y aller à pied. C’est en ce moment que les hommes de Fofana Sekou sont arrivés, ils m’ont barré la route et ont commencé à me tabasser avec du bois, des machettes et m’ont roué de coups. Un des chauffeurs de l’entreprise du nom de Dao, a reçu un coup de machette au bras mais il a réussi à s’échapper ». M. Chang explique également qu’un de ses compatriotes topographe, un technicien supérieur du nom de Ganxin a été lui aussi tabassé. Actuellement, il traîne une blessure au genou. Toujours selon Chang, lorsque l’entreprise a décidé de faire travailler uniquement les employés chinois le lendemain 2 avril, les mêmes employés sont venus arracher les clés des machines empêchant ainsi les travaux de se poursuivre. Joint par téléphone, le principal mis en cause, Fofana Sekou soutient revendiquer leurs droits. Et lorsqu’ils sont allés voir si effectivement des gens travaillaient sur le chantier, ce sont les Chinois qui les ont chargés à l’aide de machettes. « Ils nous ont poursuivis avec des machettes. Ce sont les gendarmes qui les ont arrêtés », accuse-t-il. Selon l’inspecteur du travail d’Odienné, joint également par téléphone, les Chinois ayant constaté que les heures supplémentaires leur revenaient chères, ils ont décidé de revenir aux heures normales, c’est-à-dire travailler du lundi au vendredi avec 8 heures par jour. Tout en demandant aux employés de ne pas venir travailler samedi et dimanche. Il a fait savoir que le Préfet n’avait pas apprécié le comportement des employés locaux qui se sont rendus justice quand ils ont constaté que des gens travaillaient sur le chantier, plutôt que de s’en référer aux autorités. Selon lui, suite à une réunion d’urgence tenue mardi dernier à la préfecture d’Odienné en présence du Préfet et des deux parties au conflit (employeur chinois et travailleurs locaux), un comité a été mis en place afin de réfléchir sur la question de la durée de travail et des heures supplémentaires. Le comité doit se réunir, ce jeudi 6 avril en vue d’un protocole d’accord conforme à la législation ivoirienne du travail. Il est composé du sous-préfet central d’Odienné, l’inspecteur du travail, du BNETD, de l’AGEROUTE, du directeur régional des Infrastructures économiques, du directeur régional du Transport, du délégué du personnel, de la gendarmerie, de la police et du président de la Jeunesse communale d’Odienné.
A.K.