Crise alimentaire : La situation sur le marché mondial
Afin de structurer notre travail visant à lutter contre les tentatives de l’Occident « collectif » d’imputer à la Russie la création des conditions pour une crise alimentaire globale nous pourrions utiliser les thèses suivantes.
1. Ce n’est pas depuis le début de notre Opération militaire spéciale pour la protection de la population du Donbass que l'inflation des prix de produits alimentaires se fait sentir, mais au moins au cours des deux dernières années. Selon les données des bourses, le taux annuel d’augmentation des prix du blé atteignait 25% en 2021. Vers février dernier ces prix dépassaient le niveau moyen pour 2017-2021 de 31-62%. Le prix du maïs au cours de ces deux ans s’est élevé de 162%, celui du colza de 175%. Entre fin février et mai dernier les cotations des produits agro-industriels ont été sujettes à de fortes fluctuations.
À titre de référence : selon les indices de certaines bourses de produits, au 31 mai dernier le prix du blé était de 375 dollars/tonne, celui du maïs de 295 dollars/tonne, celui de l’avoine de 422 dollars/tonne, celui du colza de 1027 dollars/tonne.
En même temps, avec la stabilisation de l’industrie agricole mondiale nous observons le recul progressif des cotations par rapport aux valeurs de crête. C’est un processus naturel de marché qui est typique pour le fonctionnement normal des bourses globales céréalières. Les volumes « sortants » des livraisons sont progressivement remplacés par d’autres producteurs.
À titre de référence : le prix du blé au 13 juillet dernier était de 342 dollars/tonne (au niveau des valeurs de février), celui du colza de 681 dollars/tonne (baisse de presque 40% par rapport à avril dernier), celui du maïs de près de 285 dollars/tonne (au niveau de mars dernier). Les prix de l’avoine, du riz, du lait et d’autres produits agricoles diminuent progressivement.
L’indice des prix alimentaires de la FAO diminue pour le troisième mois consécutif (de 2,3% en juin dernier). Une tendance analogue est visible dans l’indice des prix des céréales (« moins » 4,1%).
Selon les prévisions renouvelées publiées dans le rapport de la FAO en juillet sur les perspectives de la nouvelle récolte et de la situation alimentaire, la production des céréales pour l’année agricole 2022/2023 augmentera de 7 millions de tonnes (jusqu’à 2,792 milliards de tonnes). Ce volume de production est seulement de 0,6% inférieur au chiffre record de la saison en cours. Les réserves de céréales sont censées atteindre 854,2 millions de tonnes, ce qui est légèrement inférieur seulement au chiffre de cette année, mais considérablement supérieur – de 20 millions de tonnes – au volume de l’année dernière. Avec ceci, les réserves de blé resteront pratiquement au même niveau (environ 300 millions de tonnes). À propos, quand en 2018 le volume mondial de production des céréales a diminué de 1,8%, personne ne mentionnait aucune crise alimentaire ni aucune menace de famine globale.
Selon les données de la FAO, en même temps le nombre de personnes affamées dans le monde augmente toujours. En 2020-2021 leur nombre a augmenté de 150 millions de personnes. L’année dernière, 2,3 milliards de personnes avaient des problèmes d’accès aux aliments.
Les spécialistes de la FAO notent qu’à présent il y a suffisamment de produits alimentaires dans le monde (il est à noter que la famine et la malnutrition chez une quantité énorme de la population dans les pays les moins développés sont la conséquence de leur capacité insuffisante de paiement pour l’importation et de la mauvaise auto-suffisance alimentaire). Bien que pour certains produits, tels que le blé ou le maïs, le niveau de consommation actuelle dépasse réellement le volume de production (de 3 et de 8 millions de tonnes respectivement), mais les réserves actuelles sont suffisantes pour satisfaire les besoins globaux.
2. L’inflation alimentaire est provoquée avant tout par les « écarts » de l’économie globale, surtout du système de distribution de la production agricole. Il s’agit des erreurs et défaillances de la politique macroéconomique, énergétique et alimentaire des économies occidentales majeures qui, en 2020‑2021, ont brusquement « pompé » les systèmes financiers nationaux par l’argent bon marché afin de lutter contre les conséquences de la pandémie de coronavirus, déséquilibrant ainsi les marchés globaux, y compris alimentaires. Sur le fond des tentatives des États occidentaux de réaliser une transition énergétique forcées les investissements et l’octroi de crédits aux secteurs énergétiques traditionnels d’extraction et de transformation, ce qui a amené une croissance sans précédents des prix du carburant, des ressources énergétiques en général et, par conséquence, le prix record d’engrais minéraux (le prix du carbamide et du salpêtre ont augmenté de 3-4 fois, celui des autres types de
2-3 fois).
La pandémie de COVID-19 proprement dite a aussi apporté sa contribution – les chaînes d’approvisionnement ont été perturbées, le prix du fret a brusquement doublé, les taux des primes d'assurance ont considérablement augmenté. À cause des mesures restrictives, des interruptions dans le trafic des marchandises ont commencé, le volume des transports de marchandises a considérablement diminué, les frais de transport ont augmenté. Cette situation a été aggravée par les conditions météorologiques défavorables et les investissements insuffisants en général dans le secteur agricole. Dans le contexte de la hausse des prix du carburant et des engrais les fermiers réduisent la surface plantée. Bien sûr, ces processus négatifs ont influencé le marché alimentaire et avant tout les pays en voie de développement qui dépendent de la production agricole importée.
3. Les mesures unilatérales de pression économique de « l’Occident collectif » contre notre pays ont exacerbé les tendances négatives sur le marché alimentaire global, dans l’énergétique et l’industrie. Les restrictions et les difficultés ont concerné tous les opérateurs économiques, y compris les sociétés agricoles. Les terminaux portuaires par lesquels le transbordement des produits alimentaires et industriels nationaux était réalisé ont été bloqués. Les sociétés internationales financières et logistiques et les banques ont arrêté d’octroyer les crédits, les assurances et de gérer les ventes des aliments et des engrais provenant de la Russie. Dans un climat d’incertitude les producteurs agricoles doutent qu’il soit opportun d’investir dans l’élargissement de leur activité. L’impossibilité d’acquérir librement les engrais minéraux provenant de la Russie dans le contexte des restrictions en vigueur diminue les perspectives de la nouvelle récolte et menace la sécurité alimentaire de nombreux pays en voie de développement.
Les sanctions qui comprennent les menaces de saisies de masse des cargos et l’exclusion des institutions financières russes du système SWIFT, le refus d’assurer les navires et les marchandises, les restrictions de la part des sociétés internationales de transport ont considérablement exacerbé le problème de rupture des chaînes logistiques et financières avec la participation des opérateurs économiques russes. Les restrictions directes et indirectes ont également concerné les marchandises nécessaires pour la production agricole et les engrais – le matériel et les pièces de rechange pour la technique agricole, la semence, le matériel de plantation et d’incubation, etc. Dans certains cas, même en l’absence de sanctions directes, des mesures coercitives sont imposées de fait, en raison de l’interprétation extensive des régimes restrictifs par les régulateurs locaux et les contreparties de nos opérateurs économiques.
À titre de référence : il y a des cas de saisie des wagons avec des marchandises dont les marchés étaient signés avant l’introduction des sanctions à l’égard d’un des actionnaires de la société propriétaire des marchandises ; le processus d’obtention des permissions pour les exportations des engrais par les ports européens est considérablement retardé, malgré le fait que l’exportateur des marchandises n’était pas contrôlé par une personne « sous sanctions ».
4. Vu le rôle de la Russie dans le commerce des produits agro-industriels, de telles restrictions ne peuvent se poursuivre sans influer sur l’approvisionnement de nos partenaires en produits alimentaires. Les livraisons des aliments et des biens connexes en 2021 étaient réalisées vers 161 pays du monde, d’un volume total de 71 millions de tonnes pour un montant 31 milliards de dollars. L’exportation des céréales s’élevait à 43 millions de tonnes. Notre pays a cultivé 11% des volumes mondiaux du blé (75 millions de tonnes), avec ceci son exportation dans l’année agricole 2021-22 a atteint 30,7 millions de tonnes. Nous avons l’intention d’exporter 37 millions de tonnes de céréales cette année et jusqu’à 50 millions de tonnes l’année prochaine.
La Fédération de Russie est un des exportateurs les plus importants du monde des groupes essentiels des engrais – azotés, phosphatés, potassiques, complexes. Selon les données du Service fédéral des douanes de Russie, en 2021 nous avons exporté au total 37 millions de tonnes d’engrais (azotés – plus de 14 millions de tonnes, potassiques – près de 12 millions de tonnes, complexes – près de 11 millions de tonnes). La part de notre pays au marché mondial des engrais s’élève à 25%. Dans le contexte des mesures antirusses le coût des engrais en mars dernier a déjà augmenté de 30-35%, vers la fin de l’année la croissance peut atteindre encore 70%. Selon les évaluations du Programme alimentaire mondial des Nations Unies, la réduction ou l’arrêt des livraisons russes peut entraîner la croissance ultérieure des prix pour cette catégorie de marchandises et réduire les futures récoltes des produits agricoles.
En tant que partie responsable du marché alimentaire mondiale, la Fédération de Russie respecte scrupuleusement ses obligations selon les contrats internationaux en ce qui concerne l’exportation des produits agro-industriels, des engrais, des vecteurs énergétiques et d’autres produits critiques. Nous sommes bien conscients de l’importance des livraisons des produits socialement importants, y compris des aliments, pour le développement social et économique des États d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine et du Moyen-Orient, des indices de la sécurité alimentaire et de la réalisation des ODD.
Il est évident que la persécution sans précédents de la Russie par les sanctions est lourde de conséquences catastrophiques, y compris pour la sécurité alimentaire globale. Le maintien des restrictions existantes et les menaces d’en introduire de nouvelles ne font qu’aggraver la panique et l’instabilité sur les marchés alimentaires mondiaux, dans l’énergétique et l’industrie. Pour normaliser les exportations de nos aliments et engrais il faut assurer l’entrée libre des navires russes aux ports étrangers et le travail des sociétés étrangères de transport avec les fournisseurs nationaux, des mécanismes d’assurance efficaces, le virement libre des paiements.
5. On continue à imputer à la Russie le blocage de 20 millions de tonnes de céréales ukrainiennes, ce qui est censé provoquer la famine dans les pays les plus vulnérables, avant tout en Afrique et en Asie. En même temps, d’après les évaluations différentes, l’Ukraine est prête à exporter en réalité seulement 5 à 6 millions de tonnes de blé (ledit volume constitue 0,5% de la production mondiale de blé, estimée à 800 millions de tonnes) et 6 à 7 millions de tonnes de maïs, ce qui est clairement insuffisant pour remédier aux écarts sur certains marchés. Et même ces céréales-là, d’après les évaluations internationales, n’entrent pas entièrement dans la catégorie alimentaire.
Les pays en voie de développement, notamment en Afrique, souffrent avant tout des fluctuations des prix alimentaires et non du déficit physique des produits agro-industriels. Les cultures agricoles clés de la région, soit le maïs blanc, le manioc et le riz, ne sont pas fournies sur les marchés mondiaux par l’Ukraine. Il en est de même avec les aliments en Asie.
Les accusations à l’égard de notre pays, les tentatives de « démarrer » encore de nouvelles campagnes de propagande au sujet alimentaire sont une partie de la concurrence déloyale. Nous espérons que tous les participants responsables du marché mondial comprennent bien la vérité des attaques antirusses et vont continuer l’interaction constructive avec notre pays sur des fondements pragmatiques et mutuellement avantageux.
6. Nous saluons la participation des Nations Unies au règlement de la situation avec les procédures d’accompagnement financier, logistique et de transports des exportations russes concernées, bloquées par l’Occident. Le point problématique clé est le refus des compagnies de navigation majeures d’entrer dans les ports russes de la région de la mer Noire et d’Azov. Un obstacle sérieux est l’exclusion de la SA « Rosselkhozbank » du système international interbancaire de transmission d’information financière SWIFT dans le cadre du « sixième paquet » des sanctions de l’UE.
Dans le cadre des accords avec les Nations Unies la Russie a commencé à fournir des données sur la nomenclature des aliments, les volumes disponibles et les difficultés concrètes auxquelles nous faisons face en organisant les livraisons en question. Nous cherchons à obtenir l’extension des exceptions « humanitaires » sur ces produits. Nous comprenons que l’organisation d’un large « couloir vert » répons avant tout aux intérêts des pays en voie de développement les plus vulnérables qui souffrent déjà des conséquences de la crise de coronavirus.
En réponse nous observons de nombreux signaux de Washington, de Bruxelles, de Londres, retransmis par New York, sur les exceptions dans les régimes de sanctions pour les aliments et engrais russes. Mais il n’y a pas de progrès réels. Aujourd’hui des pas concrets sont nécessaires au niveau des autorités de l’UE et des États-Unis, qui témoignent qu’elles ne vont pas s’opposer directement ou indirectement aux livraisons russes. Les assurances publiques et même les explications écrites en forme de « lettres de confort » restent toujours sans effet. Le business veut des garanties officielles claires sur les exceptions pour ces catégories d’exportations. Il est important que les navires transportant ces produits entrent librement dans nos ports, les terminaux de transbordement étrangers ne refusent pas de travailler avec les marchandises russes, les paiements destinés aux opérateurs économiques russes passent librement.