cote-divoire-revision-de-la-liste-electorale-avec-la-nouvelle-carte-didentite-arnaque-detat.jpg

L'inscription des nouveaux majeurs sur la liste électorale est un parcours du combattant. Car devenir électeur dans le cadre de la révision de la liste électorale (Rle, du 19 octobre au 10 novembre 2024) est un véritable examen de passage.

Le réquérant, muni de sa nouvelle carte nationale d'identité (CNI), doit obligatoirement fournir son extrait d'acte de naissance, donner les lieux et dates de naissance de ses parents (père et mère).

La Côte d'Ivoire fait ainsi face à une vaste supercherie et une arnaque d'État. A ce jeu malsain, Coulibaly-Kuibiert Ibrahime, président de la CEI et magistrat hors hiérarchie (vidéo ci-dessous), est pris en flagrant délit de violation du Code électoral devant la faillite du système.

En effet, l'alinéa 2 de l'article 5 dudit Code dispose: « L'Office national de l'état civil et de l'identification est tenu de mettre à la disposition de la CEI les prénom(s), nom, date et lieu de naissance des personnes ayant présenté la nouvelle CNI au moment de leur enrôlement ».

Mais le plus grave des dysfonctionnements est ailleurs. Quand, le 6 juin 2019, Sidiki Diakité, ministre de l'Intérieur et de la Sécurité, s'est trouvé devant les députés de la Commission des affaires générales et institutionnelles, il était euphorique. Il prétendait que la nouvelle CNI, révolutionnaire, pouvait servir de carte d'électeur, de carte bancaire, de permis de conduire, etc.

Le résultat de cette opération de charme est un fiasco retentissant. Le contrat de douze ans a été remporté par Semlex, une ténébreuse société belge. Celle-ci a échoué, en 2015 en RDC, dans le "passeport gate" et a fait l'objet d'une enquête de la justice de son pays dans le cadre d'une affaire de blanchiment et de corruption présumés.

Et c'est cette entreprise qui a remporté, en Côte d'Ivoire, l'appel d'offres. Le coût global de l'investissement du système de production revient à 460 milliards de nos francs, financé à 70% par l'opérateur. Et là les problèmes commencent.

« Le système dimensionné pour produire au moins 36 millions de cartes pendant la durée du contrat, dont douze millions pendant les deux premières années », a été un leurre, en raison d'une solution technologique douteuse.

Et le marché se révèle de dupes. Premier couac, les CNI, produites en juin 2009 et arrivées à expiration en 2019, ont été prorogées en décembre 2021, puis mars 2022.

Autres désagréments, aucun delai de retrait des cartes, si elles n'ont pas disparu, n'est respecté, aucun système de lecture de la nouvelle CNI n'est disponible nulle part, dans l'administration et les services privés.

Et alors, pour ouvrir un compte bancaire, se faire enrôler avec cette "maudite" carte, il faut se munir de son extrait de naissance ou de la CNI de 2009 pour les informations complémentaires portant sur les nom et prénom(s) des géniteurs.

C'est donc la croix et la bannière. La loi n°2019-566 du 26 juin 2019 prise par ordonnance, donc sans aucun débat parlementaire, est devenue un piège qui s'est fermé sur l'État. Pieds et poings liés.

Une contribution de F. M. Bally