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Les populations des villages d'Avagou, de Sassako-bégnini, d'Abréby et de N'djem, situés dans la commune de Jacqueville, sont très remontés contre un projet d'aménagement foncier dénommé "Adoukro Tranche 2". Par arrêté No118/AT/DGAT du 9 mars 2007, le ministre de l'Administration du territoire, sous le régime du président Laurent Gbagbo, a érigé le campement d’Adoukro, en village, sans enquête publique.

Aussitôt, est né le litige puisque la décision d'érection a été prise à l'insu du village de Sassako-bégnini dont est issu le campement en question. Dans la foulée, l’époux d’une ressortissante de Sassako-Begnini, un certain Oda Édouard, formule une demande de lotissement en vue de la création d'un urbain, sous le couvert de sa société SGIR. Il ressort que, malgré le résultat de l'enquête publique qui a relevé 75 oppositions des propriétaires terriens et propriétaires de plantations de coco, palmiers à huile et manioc, le ministère de la Construction, alors dirigé par le ministre Mamadou Sanogo, a tout de même approuvé ce lotissement d'Adoukro par arrêtés No 14-1273/MCLAU /DGUF /DU/SD du 21 novembre 2014, No14-1274/MCLAU /DGUF /DU/SDAF du 21 novembre 2014. Sauf que l'analyse de ces documents administratifs, laisse apparaître une grave irrégularité. 

En effet, alors que le campement d'Adoukro s’est vu accorder une superficie de 709 ha par l’administration territoriale, les arrêtés d'approbation du lotissement de ce nouveau village, parlent d'une superficie de 2422 ha. En clair, ces arrêtés d'approbation de lotissement, annexent une partie du patrimoine foncier des villages voisins que sont N'djem (qui abrite le pont de Jacqueville), Abréby (le 1er village fondé par les Alladjans au 15è siècle), Sassako-bégnini (dont est issu le campement Adoukro devenu village), et Avagou (le 3ème village le plus ancien du peuple Alladjan). Problème, Adoukro, le campement devenu village par arrêté signé en 2007, donc dernier né, devient ainsi sur papier, le plus grand village de la zone.

A l'époque, l'actuel maire de la commune de Jacqueville, Joachin Beugré, avait, en vain, attiré l'attention du ministre Mamadou Sanogo sur le caractère conflictuel du projet. En avril 2020, il a, à nouveau, saisi le ministre de la Construction, du logement et de l’urbanisme, Bruno Koné, à travers un courrier dans lequel il demande, "face à cette situation explosive sur le terrain d'annuler les arrêtés d'approbation du lotissement d'Adoukro ou, tout au moins, de les modifier afin que les villages de N'djem, d'Abréby, de Sassako-bégnini et d'Avagou, ne soient pas spoliés de leurs terres". Mais cet énième cri de cœur restera, une fois de plus, sans réponse.

Ayant perçu le peu d'intérêt de l'administration pour leurs préoccupations, les populations des 4 villages impactés par le lotissement d'Adoukro, ont décidé de prendre leur destin en mains. C'est pourquoi, les chefs des villages, les chefs de terre et les propriétaires terriens des 4 villages, soucieux de la paix si nécessaire dans le département de Jacqueville, mais en même temps, conscients de leurs responsabilités dans la protection du patrimoine de leurs communautés respectives, en appellent au président de la République, Alassane Ouattara, pour le règlement de ce litige qui n'a que trop duré. « Nous souhaitons que ce lotissement d'Adoukro soit purement et simplement annulé et que nos terres nous soient restituées », demande, au nom des 4 villages impactés, Marcellin N'drin dit chef Amine, président du collectif des propriétaires terriens de Sassako-bégnini.

A.K.