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Le cardinal Kutwa n’est plus l’archevêque d’Abidjan, il a fait ses adieux le samedi 3 août 2024 à la cathédrale saint Paul, après un cérémonial ponctué de discours.

A l’occasion de la cérémonie de possession canonique et d’imposition du pallium au nouvel archevêque d’Abidjan, Ignace Bessi Dogbo, le samedi 3 août 2024, à la cathédrale Saint Paul du Plateau, à Abidjan, l’archevêque de l’archidiocèse d’Abidjan, sortant, le cardinal Jean Pierre Kutwa, a adressé un message d’adieu empreint de sagesse et de sens, insistant sur l’utilité de « savoir partir et faire la place à autrui pour ne pas agacer ».

Dans son mot d’au revoir, le prélat a lancé : « Monsieur le Premier ministre, représentant le président de la République, excellence, autorités distinguées, chers prêtres, religieuses et religieux, chers frères dans le Christ, il faut savoir partir (…). Si les bourgeons ne partaient pas, si la saison des pluies boudait la saison sèche, il n’y aurait ni feuillages, ni fruits.  Jésus même a cru bon de dire qu’il vous est utile que je m’en aille, car lorsque l’on a épuisé son utilité, la joyeuse acceptation de son inutilité est un service grandiose. Les éternels permanents finissent par agacer et l’amour se transforme en haine. Il faut donc savoir partir à l’image des saisons qui se succèdent, partir pour faire place à un autre plus jeune, plus vigoureux, qui ne demande qu’à être mis au service de tous. Partir afin que l’on puisse lui aussi offrir son utilité », a-t-il déclaré.  

Depuis ce dimanche 3 août 2024, il y a une volée de bois vert contre le cardinal Jean-Pierre Kutwa.  ‘’Son discours d’au revoir fait couler beaucoup d’encre et de salive.  Le septuagénaire homme de Dieu, n’a pas été sans équivoque. Il a laissé la porte ouverte à la critique de son discours qui dans le contexte politique actuel donne à interprétation.

Une fidèle de l’Eglise catholique qui a bien voulu garder l’anonymat a réagi : « Je ne comprends pas pourquoi le discours du Cardinal fait débat ici depuis hier. Il a passé 18 ans au pouvoir, il s'adresse au peuple de Dieu en justifiant son départ à la tête de l'archidiocèse.  On parle de timing. Le timing est bon pour le prélat qui s'en va. Son successeur a été investi. C'était son discours d'au revoir ».

Du côté du pouvoir, l’on pense le contraire : « Le guide religieux parle au moment où le débat sur la candidature de Ouattara en 2025 est posé et fait polémique dans le pays et même dans le parti. C'est pourquoi, ce discours doit être assumé et argumenté. La fuite en avant selon laquelle il parle de lui-même est inacceptable. Rien que son geste pour montrer la voie de la sortie parle plus que son logos ».

Car pour notre interlocuteur militant, il s’agit de suivre les cris de joie dans la cathédrale comme s'il s'agissait d'un meeting politique pour comprendre le message. Parler de lui avec ce geste de la main ? Pardon ça vous dérange, c'est vrai mais les faits sont les faits. On n'a pas besoin de faire des études de théologie ou de sortir des sciences politiques pour savoir ».  

Le mieux serait d’accepter que le prélat puisse être innocent de ce dont on l'accuse. Croyons qu’il a été conforme aux lois de la probité et bien intentionnée jusqu'à preuve du contraire.

En août 2020, le cardinal avait, au cours d’une conférence de presse, indiqué qu’il « n’était pas nécessaire » que le chef de l’Etat ivoirien se présentasse à un troisième mandat. Ce qui avait soulevé le courroux de ses partisans.

Y.C.