Côte d’Ivoire : Dr Bangali N'goran révèle les contradictions de Coulibaly Kuibiert, président de la CEI
« Sur la question de la nécessité d'organiser une nouvelle Révision de la liste électorale (RLE) avant la présidentielle de 2025, j'aimerais prendre le président de la Commission électorale indépendante (CEI) au mot, pas à l'intention cachée, que je me refuse à lui prêter. Le 19 octobre 2024, à Guiglo lors de la cérémonie de lancement de la RLE 2024, Monsieur Coulibaly-Kuibiert et la CEI ont estimé à 4,5 millions le nombre d'Ivoiriens en âge de voter mais qui n'étaient pas encore inscrits sur la liste électorale
(Source https://www. facebook.com/share/p/1EPv7VrYw1/ ) . Ils ont obtenu ce chiffre en croisant le nombre d'Ivoiriens en âge de voter, recensé par le dernier RGPH, avec le nombre d'inscrits figurant sur le fichier électoral en leur possession. Or malgré le prolongement du délai de la dernière RLE d'octobre à novembre 2024, sur cette estimation de 4,5 millions, seulement 943.157 nouveaux requérants ont pu effectivement s'inscrire. Ce qui suppose, qu'en tenant compte des chiffres qu'il a lui-même communiqués, il existe encore 3,5 millions d'Ivoiriens en âge de voter qui, pour diverses raisons, n'ont pas encore pu s'inscrire.
Il est donc surprenant que le président de la CEI qui affirme à chaque sortie son engagement ferme à organiser des élections libres, transparentes et ouvertes, évoque l'éventualité de faire la RLE 2025 après les élections présidentielles. Option qui reviendrait à priver de leur droit, donc à exclure potentiellement du scrutin présidentiel, par simple décision administrative, plus de 3,5 millions d'Ivoiriens en âge de voter. Sans compter les nouveaux majeurs de 2025, et les inscrits qui ont changé dernièrement soit de domicile suite à un déménagement, soit de patronyme après un mariage. Pourquoi envisager une telle option malgré le fait que l'Etat ait mis à la disposition de M. Coulibaly-Kuibiert le financement de 27 milliards sollicité et que la CEI possède une forte expérience d'organisation de RLE avant chaque scrutin présidentiel comme elle l'a déjà fait en juin 2015 et juin 2020 ?
La Côte d'Ivoire est à ce jour le seul pays du top 4 de la CEDEAO encore au stade d'être incapable d'organiser des élections apaisées et sans crispations. De mon avis, ce n'est pas seulement une question d'institutions qui seraient meilleures au Nigéria, au Ghana et au Sénégal. L'explication est aussi à chercher dans les choix objectifs et judicieux qu'opèrent ceux qui exercent une portion de pouvoir décisif dans ce pays. Pour briser le cycle d'élections stressantes et bâtir notre propre modèle de stabilité, il nous faudra bien tirer des leçons et changer de méthodes...»