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Plusieurs responsables de diverses Petites et moyennes entreprises (Pme) dénoncent le flou entretenu autour du fonds d’appui de soutien et de garantie aux Pme d'un montant global de 200 milliards dont 100 pour les Pme et 100 milliards pour les entreprises du secteur informel.

 

Du secteur de la restauration à la distribution en passant par les transports, l’hôtellerie et le bois, plusieurs chefs de Petites et moyennes entreprises (Pme) ne savent plus à quel saint se vouer. La situation due au Covid-19 est intenable.  C’est le cas de Jean Claude Esmel, président directeur général de ‘’Gname Distribution’’ ; entreprise spécialisée dans la distribution des produits de la brasserie située dans la commune de Yopougon. « Les différentes mesures arrêtées par le gouvernement notamment les fermetures des maquis, bars et restaurant ont sérieusement impacté notre entreprise. Il y a des sérieuses conséquences sur notre société qui offrait près d’une vingtaine d’emplois directs et nombreux emplois indirects. Parce que respectueux des institutions, nous avons arrêté le travail et mis nos employés en congé forcé en attendant la fin de cette crise sanitaire internationale », a confié Jean Claude Esmel. Toutefois, il a salué l’appui financier de l’Etat qui pour lui va constituer une bouffée d’oxygène pour sa société. Comme lui, Coulibaly L. se dit également affecté par cette situation. Propriétaire des lavages auto ‘’La Main de Dieu’’, entreprise constituée des plusieurs lavages auto dans la commune de Yopougon et d’Attecoubé qui, selon lui engagent une trentaine de jeunes, il soutient souffrir de cette situation.

 

Aucun secteur épargné par le Covid 19

« Le ralentissement des activités dans le domaine des transports et le couvre-feu instauré par les autorités ont des impacts sur notre business. Certes, nous avons salué et encouragé les mesures prises par le Conseil national de sécurité (Cns) parce que participant à freiner la propagation du virus, force est de reconnaitre que cela a des répercussions sur notre chiffre d’affaires. Plusieurs de mes lavages auto ont dû fermer et les jeunes qui gagnaient leur pain ont été invités à rester à la maison. Puisque, c’est généralement à partir de 21 heures ou 22 heures que les taxis ou autres véhicules de transport en commun viennent pour être lavés. Une habitude qui a été bouleversée avec le couvre-feu », a-t-il déclaré. Aussi espère-t-il être pris en compte dans l’enveloppe de 300 millions F Cfa annoncé par le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly aux Pme. « Je suis allé m’inscrire comme nous l’a demandé les responsables. J’attends la suite. Parce que je dois permettre à mes employés de se confiner avec les moyens qu’il faut », a fait remarquer Coulibaly L. C’est également le souhait d’Ousmane Dembélé, directeur d’une usine de transformation de bois à Dabou. « Le Covid a paralysé notre activité. Et pourtant nous venons à peine d’obtenir l’agreement du ministère des Eaux et forêts nous autorisant à exploiter le bois. Malheureusement, cette pandémie mondiale est venue mettre tout à l’arrêt », regrette-t-il.

 

Tous les yeux fixés vers le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly

Comme tous les responsables des Pme victimes de cette situation inattendue, Ousmane Dembélé dit avoir les yeux fixés sur le gouvernement. « L’aide aux Pme annoncée par le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly doit profiter effectivement aux ayants droits. Nous osons croire que nous allons aussi bénéficier de ce soutien pour préparer la reprise de nos activités », espère-t-il. Aussi a-t-il estimé que les mesures annoncées par le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly et qui touchent à la mise en place d’un fonds de soutien au secteur privé pour un montant de 250 milliards FCfa, prenant en compte le renforcement du soutien aux Pme pour au moins 100 milliards FCfa et la mise en place de fonds de garantie, afin d’avoir un effet de levier sur l’accès au crédit soit effectivement une réalité. « Le chef du gouvernement a promis qu’il sera créé également un fonds spécifique d’appui aux entreprises du secteur informel touchées par la crise pour un montant de 100 milliards FCfa. Et cette mesure, a-t-il ajouté, sera pérennisée après la crise avec une fiscalité simple et des modalités novatrices de financement. Nous ne pouvons qu’espérer de la mise rapide sur pied de ce fonds qui va beaucoup nous soulager », a préconisé M. Ousmane. Une solution également saluée par le président des Organisations professionnelles des fournisseurs de l’Etat de Côte d’Ivoire (Fopfe-Ci), Bertin Oria.

 

Le plan de soutien économique très attendu

Mieux, se félicitant des mesures de suspension des contrôles fiscaux pour une période de trois mois et le report de trois mois du paiement des taxes forfaitaires pour les petits commerçants et artisans (notamment les maquis, les restaurants, les boites de nuit, les bars, les cinémas et les lieux de spectacles), le président Bertin Oria a encouragé l’Etat qui a décidé de différer pour une période de trois mois, le paiement des impôts, taxes et versements assimilés dus à l’État ainsi que des charges sociales du fait des difficultés de trésorerie des entreprises à le faire effectivement. « Cela sera une vraie bouffée financière pour toutes ces Pme qui en ont vraiment besoin. Il faut reconnaître que nous attendons beaucoup du plan de soutien économique, social et humanitaire du gouvernement en réponse à la crise sanitaire due à la pandémie à Coronavirus », a insisté le président de la Fopfe-Ci. Président de la Chambre de commerce et d’industrie de la région du Goh, M. Koua présent dans le secteur de l’hôtellerie dit attendre de constater que le paiement de l’impôt sur les revenus de capitaux (Irc) aux entreprises du tourisme et de l’hôtellerie qui éprouvent des difficultés soit effectivement différé pour une période de trois mois.

 

Des critères d’éligibilité concrets et souples exigés

 

La promesse a été faite le 31 mars 2020. Ce jour-là, le Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, a annoncé qu’après des consultations, il a élaboré un plan de soutien économique, social et humanitaire évalué à 1700 milliards F Cfa. Ce plan, a-t-il dit, permettra d’atténuer l’impact de la pandémie sur les populations et les acteurs économiques des secteurs formels et informels. Il contribuera également, a-t-il fait savoir, à préparer une reprise rapide des activités à la fin de la pandémie. Deux semaines après l’annonce du chef du gouvernement, que de problèmes !  Le lundi 6 avril 2020, la Confédération des Petites et moyennes entreprises (Pme) du bâtiment et des travaux publics (Btp) a écrit au ministre de l’Economie et des finances, Adama Coulibaly, par ailleurs président du comité de concertation secteur public-secteur privé. Selon Soro Doté, président de la Confédération des Pme du Btp, dès l’annonce d’Amadou Gon Coulibaly, des plateformes circonstancielles ont été mises en place. « Ce sont des plateformes nouvellement créées qui parlent au nom des Pme. Pourtant la confédération des Pme du Btp qui est bien organisée n’est pas consultée. De quelle Pme parle-t-on ? », s’est-il interrogé, en colère. C’est pourquoi, M. Soro a vivement interpellé Adama Coulibaly. Dans le milieu de l’industrie touristique, des inquiétudes demeurent. La Fédération nationale de l'industrie touristique de Côte d'Ivoire, en abrégé Fenitourci fustige des critères flous entretenus par l’Agence de la promotion des Pme en charge de la gestion du fonds d’aide de 100 milliards F Cfa. Diomandé Mamadou, président de la Fenitourci, se dit surpris de la décision de l’Agence Côte d’Ivoire Pme de mettre en ligne les critères sans tenir compte de l’avis de la plate-forme regroupant 25 fédérations de Pme, mise en place en accord avec le ministère de la promotion des Pme, le 3 avril 2020. En revanche, les professionnels de l’industrie touristique très touchés par la crise sanitaire du Covid-19 exigent la mise en place d’un comité de suivi pour définir ensemble avec le gouvernement les critères plus simples afin de permettre à toutes les Pme de bénéficier de ce fonds d’appui de soutien et de garantie aux Pme d'un montant global de 200 milliards dont 100 pour les Pme et 100 milliards pour les entreprises du secteur informel.

 

Des inquiétudes dans le milieu rural

 

Des inquiétudes demeurent également dans le milieu rural. Selon le président d’une coopérative qui a requis l’anonymat, à ce jour, il n’y a eu aucun contact entre les principaux acteurs de la filière café-cacao et les envoyés de l’Etat. « Nous nous demandons avec qui le ministère de l’Economie mène les négociations pour le compte des producteurs. Alors que la filière café-cacao seule comprend 6000 coopératives, comment l’appui va-t-il se faire ? », s’est-il demandé, songeur. Puis de prévenir les autorités contre des actes qui peuvent entrainer une véritable crise dans le monde agricole. Le Premier ministre avait annoncé un soutien aux principales filières de l’économie nationale, entre autres, l’anacarde, le coton, l’hévéa, le palmier à huile, le cacao, le café, pour un montant de 250 milliards de F Cfa. 

 

Les précisions du ministre de la Promotion des Pme, Félix Anoblé

 

Le ministre de la Promotion des Pme, Félix Anoblé, est revenu le jeudi 9 avril 2020, sur les quinze mesures prises en faveur ou tenant compte des Pme, contenues dans le Plan de soutien économique, social, et humanitaire du gouvernement en réponse à la crise sanitaire du coronavirus. « De façon générale, les mesures en faveur des Pme sont reparties en quatre catégories. A savoir les mesures fiscales au nombre de neuf ; le paiement de la dette intérieure en priorisant les factures des Pme à hauteur de 100 milliards; la mise en place de divers Fonds de soutien et de garantie aux Pme d'un montant global de 200 milliards dont 100 pour les Pme et 100 milliards pour les entreprises du secteur informel; et les mesures en faveur des Pme du secteur agricole », a-t-il indiqué. Il s’est appesanti particulièrement sur la mise en œuvre des mesures relatives aux différents fonds. Le ministre a précisé que sur les 100 milliards destinés aux Pme formellement constituées, 40 milliards seront logés dans le Fonds de garantie des crédits aux Pme qui a été mis en place depuis le 8 janvier 2020 et dont l'opérationnalisation se poursuit. Quand 60 milliards sont destinés au Fonds de soutien aux Pme dont les textes fondateurs sont en cours d'élaboration. « Les 100 autres milliards serviront à la mise en place d'un Fonds spécifique d'appui aux entreprises du secteur informel touchées par la crise », a souligné Félix Anoblé, qui assure que cette mesure sera pérennisée après la crise avec une fiscalité simple et des modalités novatrices de financement. « Elle nous permet de formaliser tous les entreprenants qui ne se sont pas encore fait enrôler pour acquérir le statut de l'entreprenant », explique le ministre de la Promotion des Pme. Sur la question des critères d'éligibilité et aux mécanismes de gestion très attendus par les opérateurs économiques, il a soutenu que les équipes sont en train, en collaboration avec les ministères impliqués et les acteurs du secteur privé, de mener la réflexion afin que très rapidement ces Fonds soient opérationnels pour le bonheur des Pme suffisamment sinistrées. Le ministre a par ailleurs saisi cette tribune pour traduire le soutien du gouvernement aux Pme qui représentent 98% des entreprises formellement constituées et qui sont malheureusement les plus touchées par les mesures prises dans le cadre de la lutte contre la pandémie du coronavirus.

 A.A.