ko2.jpg

Après avoir investi près de 100 millions de francs Cfa dans la réfection et l’équipement de l’ex-hôtel « La Kavi » rebaptisé « Malthus II » et enfin les hôtels « La Kokette », le repreneur, Alexis Koké, ne pourra pas jouir des fruits de son labeur, de son investissement. Cet établissement a été fermé par arrêté du préfet d’Agboville par la faute du sénateur Ekissi Behou qui a mis toute son intelligence à multiplier les entraves à la bonne marche de ce complexe. L’opérateur économique venu de Paris, a été simplement et abusivement grugé par l’élu de l’Agneby-Tiassa certainement avec la complicité de personnalités haut placées. Les faits qui suivent vont le démontrer.

Les malheurs d’Alexis Koké commencent un matin du 2 février 2019 alors qu’il se trouvait en France. Ce jour-là, il est informé par un ami de la mise en location de deux hôtels à Agboville. Il se dit intéressé et rentre dare-dare au pays puis Agboville pour rencontrer le responsable pour affaire. Après la visite des lieux, ils tombent d’accord sur 2 millions de loyers sur une durée de 10 ans pour le seul hôtel « La Kavi » devenu « Malthus II) mais à condition que le propriétaire prenne en charge la réhabilitation de la piscine, la boîte de nuit et l’étanchéité du 3è étage dont la dalle coule. L’autre, « Malthus I » ne l’intéressant pas. Ekissi Behou refuse mais finit par accepter de donner une participation de 10 millions de francs Cfa pour seulement la piscine dont le devis s’élevait à 16 millions.

« On lui propose d’apprêter le contrat pour qu’on aille chez un notaire, il a refusé arguant que cela reviendrait cher », informe l’opérateur. « Non mon enfant, vous me voyez en train de faire du faux ? Si c’était le cas, je n’allais pas vous donner 10 millions comme participation. Pour vous dire que je suis honnête, je vous remets la photocopie de ma carte nationale d’identité, faites le contrat, je viendrai signer », lui aurait promis le sénateur. « J’étais un peu réticent mais mon épouse était convaincue. On a décidé de commencer les travaux », poursuit Alexis Koké.

 

La roublardise, l’arme du sénateur pour gruger ses partenaires

 

Mais une fois le contrat rédigé et remis au sénateur, celui-ci, contre toute attente, refuse de signer et fait balader son partenaire. « On l’appelle, il ne décrochait plus. Quelques jours plus tard, je pars pour la France en mars. On m’appelle pour me dire que des gens empêchent la poursuite des travaux. On leur fait comprendre qu’il ne s’agit pas d’une construction mais d’une réhabilitation. Je rentre à Abidjan pour aller voir Ekissi et lui présenter la situation. Il me dit : « c’est réglé, vous pouvez continuer les travaux. Celui qui est allé là-bas interrompre les travaux, était chez moi ici. Le problème est réglé ».

En ce moment précis, Alexis Koké n’a pas encore pris toute la mesure des déboires que son partenaire de sénateur lui réservait. En effet, le 1er avril 2019, alors que l’hôtel rebaptisé « La Kokette » n’est pas encore ouvert, Ekissi Behou va réclamer le loyer du mois. « En plein chantier, alors que l’hôtel n’est pas encore ouvert, pas encore de clients. Il menace de tout arrêter alors que j’ai déjà engagé d’importants fonds dans l’affaire. Je lui propose de payer la moitié mais il a refusé », explique avec stupéfaction l’opérateur. Lorsque le repreneur repart à Abidjan le voir pour la signature du contrat, « il me dit que le dossier se trouve chez son notaire. Pourtant il nous a déconseillé d’aller chez un notaire estimant que cela reviendrait plus cher », déplore l’opérateur. A la vérité, c’est une ruse pour le sénateur de gruger ses partenaires en affaire. Il donne au départ l’assurance qu’il est honnête. Mais une fois que vous prenez confiance et que vous engagez d’importants moyens, il use de roublardise pour vous arracher l’affaire, comme un vrai escroc. Et après il passe derrière vous pour vous narguer. Dans le cas d’Alexis Koké, c’est d’abord la fille d’Ekissi Behou qui dévoile inconsciemment le pot aux roses de son père à un des employers de l’opérateur rencontrée au marché de la ville: « tout ce que ton patron est en train de faire, il le fait pour rien, on va lui arracher l’hôtel car mon papa n’a rien signé », nargue-t-elle. Ensuite c’est son comptable qui lui emboîte le pas, comme s’ils avaient été envoyés par leur père. Pensant certainement aux recettes que son patron va engranger sans bourse déliée, le fameux comptable va à son tour narguer les employés d’Alexis Koké à l’hôtel : « votre patron se fatigue pour rien, c’est nous qui allons prendre ça ». « C’est là que je commence à comprendre que c’est sérieux », fait savoir le partenaire du sénateur. Pendant ce temps, celui-ci continue de réclamer les chèques pour la facture d’électricité et du loyer, le 28 juin 2020. Fin juillet suivant, M. Koké fait savoir à son cocontractant que s’il n’a pas le contrat, il ne paie plus parce que les clients lui réclament des factures normalisées avant de payer « alors que sans contrat, je ne peux pas être déclaré aux impôts pour avoir des factures normalisées », explique-t-il. « Le sénateur rétorque qu’il n’a aucun contrat à me donner. Il est désavoué par son petit frère », raconte l’opérateur.

 

Quand le sénateur Ekissi Behou défie les institutions ivoiriennes

 

Le 16 août, un agent de la Société de gestion du patrimoine immobilier de l’Etat (Sogepie) débarque à l’hôtel. Il prétend être envoyé par son patron. « Je prends le contact de son patron et j’appelle Moumouni Camara. Il est chargé de gérer cet hôtel, un patrimoine de l’Etat. Il me demande comment je me suis retrouvé là. Je lui fais le point. Il me convoque pour le lundi suivant. A la Sogepie, Ekissi Behou me reproche de donner les détails de l’affaire. Il se plaint et dit qu’il est sénateur de la République et que personne ne peut le traiter d’escroc. Il soutient que je suis son gérant et menace d’aller fermer l’hôtel. Mais quand on lui demande de montrer mes bulletins de salaire, il est incapable de le prouver alors que j’ai montré toutes les factures de loyer que je lui ai payés », relate M. Koké. Sur ces entrefaites, M. Moumouni demande au locataire de ne plus verser de loyer au sénateur car il n’est ni propriétaire ni locataire et demande M. Ekissi de rembourser l’argent investi par Alexis Koké. Moumouni Camara promet de faire le point à sa hiérarchie. Mais le sénateur, sûr certainement de ses soutiens, ne s’exécutera jamais. Pis, avec son conseil, il vient proposer à son partenaire de rompre le contrat qu’il n’a jamais signé. « Je leur ai dit que je suis d’accord à condition qu’il me rembourse mon argent, mes dépenses. J’ai mis ma connaissance en jeu pour remettre l’hôtel en état. En ce moment, j’étais autour de 60 millions d’investissement. Je reste en plus un an avant de partir. Il revient pour proposer de rester 6 mois sans payer au lieu d’un an que j’ai demandé et que c’est au terme de ce délai, qu’on va faire l’état des lieux avant de voir ce qu’il doit me rembourser. J’ai décidé de laisser tomber les délais mais je lui ai demandé de me rembourser mes 60 millions pour que je quitte les lieux », fait savoir Alexis Koké. Mais après le point qu’on lui fait, il dit à mon huissier : « ce voyou-là je vais le tuer. Je suis sénateur, je suis Abbey, je suis sur mes terres, s’il s’amuse avec moi, je vais le tuer ». Le mercredi 28 août 2019, accompagné de 5 voyous, le sénateur fait irruption dans le complexe et traite son partenaire de voleur et d’escroc. Dans sa fureur, il fait sauter le compter d’électricité et ferme la bande de conduit d’eau. Il a fallu l’intervention de la police pour éviter un drame. L’opérateur se sentant en danger, porte plainte contre le sénateur.

« J’ai porté plainte contre lui pour escroquerie et menace de mort parce qu’il a menacé de me tuer par deux fois et que mes parents allaient venir ramasser mon corps, la première fois devant mon huissier et la seconde fois, devant le commissaire de police d’Agboville », déclare M. Koké.

Dans la recherche de solution à ce litige, Alexis Koké va écrire à plusieurs autorités dont le Premier qui va imputer le dossier au ministre du Tourisme et des loisirs. Mais après une visite des agents du ministère sur les lieux, silence radio. Comme si une main invisible leur intimait l’ordre de ne pas toucher à ce dossier. Le président du Sénat sera saisi mais a estimé que l’affaire soit réglée entre civils car cela ne concernait pas son institution.

Le ministre de la Promotion de la jeunesse et de l’emploi jeunes, Mamadou Touré et le directeur des Ivoiriens de l’extérieur, Issiaka Konaté, rencontrés dans le cadre de la même affaire, n’ont pu rien faire.

Pis, la Sogepie qui a ordonné de ne plus payer de loyer au sénateur, n’a plus donné de suite au dossier. Et pourtant, depuis 2008 qu’Ekissi Behou squatte ce complexe hôtelier, il n’a jamais officiellement versé un kopeck à l’Etat.

Le sénateur d’Agboville est-il si puissant que cela pour marcher sur le droit de tous ceux qui rentrent en affaire avec lui et défier les institutions de la République ? Contacté, le 28 novembre 2019 pour avoir sa version des faits, l’homme qui avait promis rappeler, n’a finalement pas réagi. Quand il s’est résolu enfin de le faire, c’est plutôt avec arrogance que l’élu s’est adressé à un confrère. « Monsieur, je suis sénateur, je n’ai rien à voir avec l’hôtel « La Kokette ». Ce n’est pas mon affaire. Koké n’est plus à Agboville, rencontrez-le pour régler vos problèmes. Adressez-vous au président de la République parce que moi, je ne suis pas informé de ce que  vous dites. Je n’ai absolument rien à vous dire. Si vous avez des informations avec quelqu’un d’autre, faites-les publier comme vous voulez, ça n’engage que vous ».

 

Le sénateur Ekissi Behou, un danger pour l’investissement en Côte d’Ivoire

 

Alexis Koké doit le regretter aujourd’hui amèrement. En quittant la France pour répondre à l’appel du président de la République qui a invité les Ivoiriens de la diaspora à revenir investir dans le pays et contribuer à son développement, le jeune opérateur ne savait pas qu’un certain sénateur allait l’entraîner dans un guêpier, source de ses malheurs. Et quand on constate le silence donné à ses nombreuses sollicitations pour régler le problème, on est contraint de conclure que certaines autorités jouent à empêcher volontairement les investissements en Côte d’Ivoire. En première ligne, le Préfet d’Agboville qui, au lieu de dire avec courage la vérité au sénateur, a préféré fermer le complexe abandonné et laissé en ruine par Ekissi Behou, depuis plusieurs années. En prenant une telle décision, ce sont environ 100 millions de francs perdus par l’opérateur et une quarantaine de jeunes Ivoiriens employés dans cet établissement qui sont ainsi jetés à la rue. « La Kokette » aujourd’hui entièrement rénové, est devenue un joyau qui fait la fierté des populations car elle a commencé à devenir une destination prisée dans la région de l’Agneby-Tiassa et donné fière allure à la ville d’Agboville. En deuxième ligne, c’est la société de gestion du patrimoine immobilier de l’Etat (Sogepie) dont le silence est plus que coupable. En effet, bien que reconnaissant que cet immeuble est une propriété de l’Etat qui ne fait pas l’objet de cession, elle a laissé le sénateur Ekissi Behou en jouir sans contrepartie. Pis, c’est plutôt l’Etat de Côte d’Ivoire qui, on ne sait par quelle alchimie, a versé près d’un milliard de francs Cfa précisément 923 649 944 f Cfa  de dédommagement au titre de ce patrimoine qui n’est même pas la propriété de ce sénateur. Simplement ahurissant. Les courriers adressés à cette structure, le 10 décembre 2019 pour comprendre cette situation, sont restés lettre morte. Aujourd’hui, les langues se demandent comment cela a pu se faire dans un pays qui a constamment besoin de ressources pour son développement. D’autre part, d’après les documents consultés, l’on s’est rendu compte que le sénateur ne paie pas ses impôts depuis 2008 qu’il a pris possession de l’établissement. A la compagnie ivoirienne d’électricité, le sénateur doit aussi environ 45 millions de francs Cfa de factures impayées. Voici le visage du sénateur d’Agboville, un élu qui est loin d’être un exemple pour sa propre population. Aujourd’hui, l’opérateur économique ne demande que le remboursement de son investissement pour quitter les lieux. Mais là encore, il ne trouve pas une oreille attentive à sa demande auprès des autorités compétentes. Quelle image renvoie-t-on aux éventuels investisseurs qui attendent de faire des affaires en Côte d’Ivoire ?

A.K.