Affaire ‘’prêtre vole terrain d'une retraitée’’ : Attention à l'équilibre de l'information et à la présomption d'innocence
J'ai été ameuté par de nombreux amis qui me demandaient ma version des faits face à une simple action de justice. Ce n'est pas parce qu'on est pretre (j'ai déduit par les insinuations qu'il s'agit d’un prêtre catholique) qu'on ne peut pas saisir la justice face à ce qui peut être la défense d'un héritage familial, d'un bien propre ou d'un don particulier. Cela existe, un prêtre peut avoir le don d'un bienfaiteur d'un terrain et un prêtre peut construire une maison avec l'aide des amis et bienfaiteurs. Ce n'est pas nouveau. Il n'y a rien d'étrange ni d'exceptionnel. Dans de nombreux villages ébriés et attiés, il y a eu beaucoup de partage de terrain de famille et des prêtres en ont bénéficié. Il n'y a rien de scandaleux et de choquant qu'un prêtre soit propriétaire d'un terrain. Rien ne dit et ne prouve que c'est avec l'argent de quêtes comme certains influenceurs (qui se croient être les nouveaux justiciers pour salir impunément d'honnêtes citoyens parce qu'ils ont été soudoyes) l'ont fait croire avec véhémence. En plus, il n'y a aucune loi ecclésiastique qui interdit un prêtre ou à un religieux catholique de bâtir une maison. Il y a des communautés qui sont à l'intérieur du pays et qui ont des maisons communautaires à Abidjan pour être autonomes pour faire leurs courses une fois sur Abidjan. Il y a plusieurs manières ou plusieurs formes pour un prêtre d'avoir une maison. J'insiste pour que ceux qui ont l'habitude de voler et qui pensent que tout le monde mange de leur pain se ravisent. Rien ne dit qu'il a volé l'argent de la quête. Cette forme d'insinuation est grave et tend à jeter l'opprobre sur toute une corporation. Pis, il y a des médias même qui ont mis en illustration la photo du "pauvre" cardinal qui n'est ni de près ni de loin concerné par cette affaire dans les mains de la justice. Dans ce cas de figure, il aurait été bienséant d'approcher le cardinal qui est l'une des autorités les plus faciles à rencontrer que d'attendre une décision de justice parce qu'elle nous est défavorable pour jeter le discrédit sur un prêtre qu'on dit catholique dont on se garde de dire le nom (au moins ça !) et toute une église respectée et respectable. Au-delà même du fond, la forme de gestion de ce dossier est malsaine. On n'entend même pas le prêtre, on ne l'écoute même pas pour recueillir son avis pour équilibrer l'information, encore moins toutes les parties impliquées dans la vente de ce terrain litigieux, encore plus, on ne consulte même pas les points juridiques qui ont servi à la justice pour casser la première décision favorable à l'autre partie et c'est le branle-bas sur les réseaux sociaux et dans la presse. Et tout y passe. On jette l'opprobre sur l'Eglise catholique. Les chrétiens ont une foi fragile et il n'est pas bienséant d'utiliser les réseaux sociaux sans intelligence pour semer doute et confusion dans les esprits.
Quand j'étais curé, il y un an à la paroisse de Moossou, les paroissiens se souviennent d'un monsieur qui, parce que j'étais proche d'un paroissien avec qui il était en conflit sur un terrain de famille, va aussi balancer sur les réseaux sociaux que je suis en train de le spolier de son terrain. J'ai voulu laver mon honneur, j'ai porté plainte et la police a procédé à son arrestation. Il avouera ne point me connaître mais qu'il voulait mettre la pression sur son frère de qui j'étais proche pour régler leur conflit foncier. Je n'étais ni de près ni de très loin même concerné par cette affaire de terrain. J'ai retiré ma plainte quand il a demandé pardon pour son erreur mais voilà comment inutilement et facilement on peut salir quelqu'un. Et c'est pour cela que je dis toujours à tous mes confrères journalistes de ne pas céder aux buzz mais de toujours procéder au recoupement et à l'équilibre des informations. Les réseaux sociaux ne doivent pas être un lieu pour se rendre justice et tordre le cou au droit et à la raison.
A toutes fins utiles, il est bien de rappeler que la diffamation est un délit puni en justice ainsi que l'exploitation malicieuse d'une photo privée. Il faudrait arrêter de se servir des réseaux sociaux pour pousser et livrer injustement à la vindicte populaire, d'honnêtes citoyens qu'ils soient prêtres ou pas.
Père Basile Diané
Prêtre catholique, journaliste écrivain humanitaire