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Notre rédaction étant assaillie par diverses réactions sur le Vatican qui vient d'accepter la bénédiction des couples homosexuels. Nous nous sommes tournés vers celui qui se fait appeler "le répondeur automatique" de l'Eglise catholique romaine, le père Basile Diané, curé de la Paroisse Saint Antoine de Padoue de Moossou et journaliste écrivain. Il a spontanément accepté de nous éclairer par cette déclaration.

Les Ivoiriens n'aiment pas lire donc on ne va pas se fatiguer dans de longs discours théologiques. Il faut dédramatiser la situation. L'église ne veut pas tout simplement par cette ouverture exceptionnelle faire de restrictions sur la bénédiction à accorder à ses enfants et à ce que Dieu a créé. C'est pour cela que l'église se déplace en prison pour prier pour les prisonniers, les condamnés même à la mort, On leur donne la communion après un cheminement de conversion.

L'église bénit les animaux, bénit les champs, les hôtels, les bars-restaurants, les morgues etc. parce que partout l'église veut consacrer la vie, la joie, l'amour, la prospérité et la solidarité. Quand je suis dans les rues, quand je suis reconnu, on me demande des bénédictions. Dois-je trier si ce sont des "kpocle" (prostituées), des ‘’lele’’ (lesbiennes), des PD (homosexuels) ou que sais-je encore? Moi prêtre catholique, je prie pour de nombreux musulmans sans distinction. Ma mission au nom du Seigneur, c'est de bénir pour demander à Dieu sa grâce et ses faveurs, lui qui ne juge pas selon les apparences, qui ne vient pas pour juger et condamner mais pour sauver.

C'est pour cela que pour ceux qui ont bien voulu lire la déclaration, l'église nous demande de bénir les homosexuels dans le cadre de notre service d'accueil normal. Ce n'est pas pour dire que nous sommes d'accord, que vous soyez homosexuels, mariez-vous en homosexuels. Comme nous le faisons pour des prisonniers, nous les bénissons en l'état, laissant la grâce de Dieu faire son effet. Il y en a qui ont été homosexuels mais qui ne le sont plus. Il faut faire confiance en la grâce et à la miséricorde de Dieu. L'église ne reconnaît qu'un seul mariage entre personnes de sexes opposés.

Donc la bénédiction dont il s'agit ici, est une bénédiction normale qu'on donne à toute personne, à toute créature de Dieu. Souvent, il y a des féticheuses ou des personnes déclarées sorcières par la société qui viennent à l'église ou qui demandent des bénédictions. Moi je n'ai pas la force morale et spirituelle pour rejeter quelqu'un. Je les accueille, je parle avec tous les condamnés d'office et les parias. Je prie pour eux. C'est pour cela qu'au début de mes fonctions, j'ai lancé un appel qui a choqué quelques-uns mais c'était sincère. Inviter tous les rastas, les homosexuels, les lesbiennes et autres à venir à mon Église paroissiale.

Comme le dit le pape François, qui suis-je pour juger? Car si on doit se lancer dans affaire de juger son camarade, toutes les églises seront vides. Car nombreux sont ceux qui sont des "rats" d'église mais qui ont assez de maîtresses ou d'enfants dehors, qui brisent des cœurs et qui font souffrir tant de personnes. Combien de nos chrétiens ne sont-ils pas des abonnés aux fétiches, aux maraboutages ou aux cercles ésotériques? De façon intrinsèque, d'un point de vue social, quelqu'un qui sort avec son ami garçon, ils font du mal à qui par rapport à tous ces hommes mariés qui découchent, frappent leurs femmes, les rendent dépressives, délaissent leurs propres enfants, les rendent errants et drogués ou toutes ces femmes mariées qui gèrent de nombreux autres mariés dehors et qui humilient leurs époux légaux? Et pourtant tous ceux-là communient comme des anges.

Les exemples sont multiples de tous ces dérapages sociaux. N'entrons pas trop vite dans nos jugements hâtifs, sélectifs et nos condamnations expéditives. Soyons tous modérés dans nos jugements et sortons de nos émotions. L'église nous enseigne et nous forme. Laissons-nous former.

Correspondance particulière