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40 minutes d’entretien téléphonique nous ont permis de comprendre réellement ce qui a provoqué à nouveau la colère des militaires de Bouaké. Requérant l’anonymat, notre interlocuteur, un policier du CCDO a relaté a réussi à sauver sa peau.

« Amoudé règne en maître absolu sur la ville de Bouaké et tout le monde est impuissant devant lui parce qu’il est en contact direct avec une haute personnalité de l’Etat. Au CCDO, on l’appelle LT et même notre Préfet de police l’appelle officier mais nous ne savons pas de quel corps il est puisqu’il est toujours en civil et se promène toujours avec un cortège de 5 à 6 véhicules contenant au moins 10 personnes, toutes en civil dont seulement quelques militaires. Amoudé n’est pas le commandant du CCDO de Bouaké. Seulement, il joue un rôle de renseignements généraux et intervient très souvent dans les cas de vols des coupeurs de route. Mais compte tenue de ses accointances avec Hamed Bakayoko, il fait la loi plus que le commandant officiel qui est un capitaine de la gendarmerie et qui se nomme capitaine Assié Bilé Jean-Claude. Le chef des opérations du CCDO de Bouaké est le capitaine Nanmori. Amoudé a un véhicule de commandement du CCDO. Il a un bureau au CCDO et il a exigé qu’à chaque fois qu’il doit rentrer au bureau, à 100m, le portail du centre soit ouvert pour laisser uniquement son cortège entrer. Quand dans les commissariats, les gens sont arrêtés pour des fautes et que ces derniers sont ses connaissances, il débarque sans permission et avec force, il les libère. Il fait des opérations sur le terrain avec son équipe. Il prend des gens et les conduit au CCDO au lieu de les envoyer à la police ou à la gendarmerie. Moyennant de l’argent, il les libère par la suite et personne ne peut parler parce qu’il est les oreilles d’un ministre. Et il est protégé par le Préfet de police qui intime l’ordre lors des rassemblements de le respecter au même titre que tous les autres officiers. Il a plusieurs indemnités que mêmes les vrais officiers qui commandent les unités à Bouaké n’ont pas et il se gonfle dans la ville en changeant de véhicule comme il veut, se moquant des autres. Voici quelques-uns de ses agissements qui ont mis en colère ses frères d’armes d’hier. Même, aucun élément du CCDO de Bouaké n’est content de lui. Ils ont donc demandé à ne plus le voir à Bouaké ».

Comment Amoudé et son équipe ont pu échapper à la mort dans cet affrontement ?

Notre interlocuteur poursuit en répondant : « Les militaires avaient voulu mener leur opération dans la journée afin de le prendre au bureau. Mais de peur de faire des victimes au sein de la population, ils ont préféré la soirée pour le surprendre son équipe et lui au bureau. Ainsi, à 19 heures, quand une première équipe est arrivée, elle a demandé aux éléments du CCDO en tenues de quitter les lieux pour éviter d’être victimes. Ce qui fut fait rapidement sauf un seul, qui est d’ailleurs gendarme qui se nomme MDL Yéo qui n’a pas pu sortir avant l’ouverture du feu. C’est avec des kalaches que ces militaires ont commencé à tirer. Ils ont été surpris qu’Amoudé et son équipe ripostent avec des lances roquets. Ils ont donc décidé de replier pour se renforcer et s’armer pour pouvoir les avoir. Un repli qui dure une trentaine de minutes. Et c’est pendant ce temps qu’Amoudé et son équipe ont profité pour se sauver par l’arrière du centre passant par les rails dans un gros trou laissant ses chaussures et porte-monnaie dans la cour ainsi que 4 véhicules de son cortège ».

Un élément blessé légèrement

« Au retour des militaires, ils ont commencé à tirer à l’armes lourdes sur les bâtiments du CCDO. Ils ont été informés par les éléments du CCDO sortis, de ce qu’un de leur frère se trouve dans les bâtiments. Ils sont donc entrés et l’ont trouvé caché sous un lit des dortoirs du centre. Ils l’ont fait sortir, arraché ses téléphones et l’ont conduit au camp. C’est ainsi que certains éléments ont pu le taper avec leur fusil. Voici comment il a eu une légère blessure. Après cela, les militaires se sont rendus compte qu’Amoudé s’est sauvé avec son groupe de civils. Suivant leur trace, ils ont ramassé des kalaches dans le gros trou sur les rails derrière le bâtiment ».

Les dégâts

Selon notre interlocuteur, « aucun véhicule du CCDO n’a été touché, même celui de commandement d’Amoudé. Seulement, 4 véhicules personnels du cortège d’Amoudé à l’intérieur desquels, des armes lourdes telles que l’A52 et le T80 ont été trouvées et été incendiées. Un devant le bâtiment du CCDO et 3 à l’intérieur de la cour. Les locaux ont aussi été incendiés et les mouvements ont continué jusqu’aux domiciles du lieutenant Amoudé et ses hommes où tout a été saccagé. C’est l’arrivée des deux MI24 qui a précipité le cesser des tirs. Depuis lors, nul ne sait où sont Amoudé et ses hommes. Une chose est sûre, ses collègues d’hier ne veulent plus de lui à Bouaké. Mêmes ceux qu’il commande, c'est-à-dire les éléments du CCDO ».

E.K. correspondance particulière